Ce vendredi 7 juin les assistantes sociales de l'Académie Orléans-Tours se mobilisent de nouveau, plus de deux mois après le dernier rassemblement. Elles réclament une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail.
Elles se disent oubliées et se sentent écartées. Les assistantes sociales sont en colère et continuent de le faire savoir.
Oubliées par le gouvernement
Ce qui a provoqué ce sentiment et fait monter le mécontentement, les propos de Gabriel Attal fin janvier dernier. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre avait annoncé une revalorisation pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale. Résultat, en mai les infirmières scolaires ont reçu une prime de 800 euros et ont vu leur salaire revalorisé de 200 euros net par mois.
Dans ce discours aucune mention des assistantes de service social, et pourtant : "Nous sommes sur des métiers avec des niveaux de diplômes équivalents, et aujourd’hui il y a toujours des écarts de salaires entre les deux professions" explique Lise Bazier, assistante de service social dans le Loiret et membre du syndicat SNUASFP FSU (Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux de la Fonction Publique). Une situation d’autant plus mal comprise qu’au sein des établissements scolaires les assistantes sociales et infirmières travaillent souvent en binôme, voire en trio avec les psychologues.
"Des missions incomprises"
Un oubli qui ne passe pas donc, et qui s’explique pour la déléguée syndicale par "une incompréhension des missions de la profession". Pourtant ces missions sont majeures. Elles consistent à prévenir et accompagner autour de sujets liés à la protection de l’enfance : conflit entre parents et enfants, conflit en milieu scolaire, harcèlement, santé mentale, lutte contre le décrochage scolaire etc. Des sujets divers et variés qui peuvent avoir une influence sur le développement d’un élève, et qui constituent le quotidien des assistants de service social. D’ailleurs, depuis le Covid, les signalements au procureur de la République sont de plus en plus nombreux.
Des augmentations de salaire
La profession a tout de même pu obtenir quelques avancées lors de la mobilisation du 22 mars dernier : "normalement, nous devons avoir une augmentation indemnitaire par le Ministère", explique Lise Bazier.
"On ne veut pas être des retraités précaires"
Lise Bazier, assistante de service social dans le Loiret et membre du syndicat SNUASFP FSU
Une augmentation accordée uniquement aux assistantes de service social scolaire et du personnel que la profession souhaite voir étendre aux assistantes sociales du Crous… dans l’attente d’obtenir plus. Car l’objectif de la mobilisation est de basculer "d’un traitement indemnitaire à un traitement indiciaire qui correspond à notre catégorie A et à nos responsabilités. On ne veut pas être des retraités précaires." insiste la déléguée syndicale. "Aujourd’hui, les primes représentent 30 % à 35 % de notre salaire." De l’argent donc non pris en compte lors du calcul de la retraite et non versé en cas d’arrêt maladie.
Plus d’un tiers des assistantes sociales et conseillères techniques de service social dd l’éducation nationale et du supérieur à Paris aujourd’hui, une journée historique !#InvisiblesMaisInvincibles pic.twitter.com/8vgw9tyL9k
— SNUASFP FSU (@snuasfpfsu) March 22, 2024
La profession réclame également des recrutements. La France compte aujourd’hui 3 000 assistants de service social pour des millions d’élèves. Une centaine est présente dans notre académie d’Orléans-Tours. Conséquence, tous les établissements du second degré ne sont pas couverts et certains n’ont pas d’assistants sociaux. Un manque de personnel qui a un vrai impact sur les conditions de travail selon Lise Bazier : "les assistants multiplient les déplacements entre 2 à 3 établissements. C’est compliqué d’avoir des suivis d’actions collectives et on agit davantage sur des urgences alors qu’on a normalement une mission de prévention."
Toutes ces revendications seront exposées demain au secrétaire général d’Académie. Un rendez-vous est prévu à 10h30 avec les manifestants qui ont l’espoir de se faire entendre, mais aussi cette fois, d'être bien visibles.