Le procès de neuf jeunes hommes originaires d'Orléans, soupçonnés d'avoir fait partie d'une filière jihadiste vers la Syrie et, pour la plupart, d'y avoir séjourné, entre 2012 et 2014 selon les profils, a débuté mercredi à Paris.
Seuls huit de ces neuf Français âgés de 22 à 33 ans étaient présents dans le box du tribunal correctionnel. Le neuvième, Mohamed M. a refusé d'être extrait de sa cellule, tout en prévenant le tribunal, dans une lettre, qu'il passerait "peut-être faire un petit coucou dans la semaine, mais je ne vous promets rien".
Président : "au final, la #FiliereOrleans aura fourni une vingtaine de djihadistes. Une dizaine sont toujours sur zone et je n'ai pas d'informations sur ce qu'il en est actuellement."
— Charlotte Piret (@ChPiret) 22 novembre 2017
Jugés pour association de malfaiteurs à visée terroriste, les prévenus appartenaient à un groupe composé au total d'une vingtaine de jeunes d'Orléans et de sa banlieue partis en Syrie en 2012, pour quelques précurseurs, et 2013 et 2014, pour le gros des troupes.
Le président rappelle qu'au départ, ce sont des écoutes téléphoniques dans une autre procédure qui permet aux enquêteurs de découvrir la #FiliereOrleans
— Charlotte Piret (@ChPiret) 22 novembre 2017
Les "revenants" avaient été interpellés après leur retour en France, à partir de fin 2014. Sept des neuf prévenus sont jugés pour avoir suivi en Syrie des entraînements militaires, monté des gardes armées ou, pour certains, combattu, dans les rangs de l'"Armée de Mahomet", un groupe armé proche du Front Al-Nosra, allié à Al-Qaïda.
Deux autres sont soupçonnés d'avoir apporté un soutien matériel, logistique ou joué un rôle de recruteur. Ces jeunes avaient en commun de fréquenter la mosquée des Carmes, à Orléans, a souligné le président du tribunal, et surtout des réunions en marge de cet établissement autour d'un prédicateur, Mohamed Fakouli, depuis expulsé vers le Maroc. Leurs profils sont variés: l'un des prévenus travaillait à la Caisse primaire d'assurance maladie du Loiret, l'autre était agent de manutention, un troisième plombier en formation, un quatrième surveillant de nuit. Les autres étaient sans profession.
Trois d'entre eux ont déjà été condamnés pour des délits de droit commun. L'un des prévenus, Mohamed Benouargla, a effectué plusieurs séjours en Syrie, dès 2012, puis en 2013 et 2014. Chez lui avaient été retrouvées des carabines et des munitions, enterrées dans une jardinière. Parmi ces Orléanais, des femmes sont également parties puis rentrées de Syrie, mais aucune n'est poursuivie.
"J'étais parti un peu par suivisme", a déclaré mercredi soir l'un des prévenus, Moussa Ba, 23 ans. Deux de ses proches avaient quitté Orléans avant lui: "J'ai commencé à m'interroger sur leur départ". "Je lisais des textes, j'ai ressenti le besoin de partir en Syrie pour défendre des gens opprimés... ça peut vous paraître puéril", a-t-il expliqué à ses juges. Parti en février 2014, il était rentré à l'automne, sans avoir combattu et lassé de la situation sur place, selon ses dires. "J'ai vu que les gens que j'avais suivis n'étaient pas si proches, car ils n'ont pas accepté ma décision de rentrer", a-t-il constaté.
Dix hommes de ce groupe sont toujours sur place ou présumés morts. Ils font l'objet d'un mandat d'arrêt et sont poursuivis, dans une procédure disjointe, pour des faits criminels. L'"Armée de Mahomet" est le groupe qu'avaient aussi rejoint plusieurs jeunes partis de Lunel (Hérault). Le procès est prévu jusqu'au jeudi 30 novembre.