Témoignage. Tentative de suicide d'un employé dans un abattoir : "c’est pas normal qu’on devienne comme ça à cause du travail"

Un salarié de l’abattoir de Blancafort dans le Cher a fait une tentative de suicide en mai dernier. Sa femme témoigne, pour France 3 Centre-Val de Loire : "les conditions de travail et la pression de la direction l’ont poussé à bout"

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Les salariés de l’abattoir de Blancafort étaient en grève ce lundi 4 juillet pour dénoncer leurs conditions de travail et le management dans leur entreprise. En 2020, l’usine avait déjà connu une vague de suicides : en six mois, trois salariés avaient mis fin à leurs jours.

Des salariés "poussés à bout"

En mai dernier , un employé a de nouveau fait une tentative de suicide : il s'est tailladé les veines dans un bureau de l'entreprise, devant ses collègues. Transporté à l'hôpital, il en est ressorti le jour-même, mais est toujours en arrêt de travail à ce jourSon épouse a accepté de raconter ce qui s’est passé ce jour-là : "Mon mari a été appelé au bureau du personnel pour parler d’une formation. Comme il était à bout parce que y’en a une qui lui a dit qu’il était incapable de faire son boulot, il a cru que la direction voulait à nouveau lui parler de son travail. Il a tout mélangé. Il a essayé de se suicider dans le bureau. Depuis il ne va pas bien du tout... lui qui était gai"

«Les employés sont poussés à bout, ils font beaucoup d’heures. Ils n’ont aucune reconnaissance. La direction se fout d’eux. Ce qu’elle veut, c’est que le travail soit fait même si les salariés finissent à 15 ou 16 heures alors qu’ils ont commencé à 6 h du matin et cela, sans pause ni repas. La direction s’en fiche, elle ne voit pas la fatigue des ouvriers et je crois qu’elle ne le verra jamais. »

"Il faut que la direction fasse quelque chose pour les gens peinent moins. Les salariés ne sont pas assez nombreux et la direction leur rétorque : « Vous n’avez qu’à vous en prendre à ceux qui ne viennent pas travailler», assure-t-elle, au micro de France 3 Centre-Val de Loire, tout en souhaitant conserver son anonymat.

"Il ne peut plus s'approcher de l'usine"

« Mon mari est tellement mal qu’il ne peut plus s’approcher de l’usine. C’est une catastrophe. Pourtant, ces derniers temps, il allait un peu mieux. Mais jeudi dernier, ils lui ont téléphoné et depuis, il a rechuté, il ne va pas bien à nouveau. Pour moi, c’est pas normal qu’on devienne comme ça à cause du travail »

La direction de l'abattoir se défend

Le directeur de l'abattoir de Blancafort , Samuel Jamardo, observe le mécontentement des salariés : "Les salariés sont dehors, ils font grève. Il y a du mécontentement. Je vais aller à leur rencontre pour essayer de comprendre. Mais pour moi, il y avait d'autres moyens de montrer leur mécontentement. Je suis à leur écoute au quotidien. Mon bureau est toujours ouvert."

Le dirigeant en poste depuis février 2021 poursuit : "On essaie au quotidien de faire des efforts pour améliorer les conditions de travail. Nous avons réalisé des investissements. L'an dernier, nous avons refait le quai d'abattage. Nous allons avoir une nouvelle machine pour laver les bacs, cela va améliorer significativement les conditions de travail et améliorer aussi la productivité du site."

La direction de l'abattoir reconnait qu'il arrive "qu'une ou deux heures supplémentaires soient effectués" ponctuellement : "Le but d'un abattoir est de tuer les animaux. Nous ne pouvons les laisser vivants. Nous ne maltraitons pas les salariés"

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