Avec près de 70% de participation, les élections législatives 2024 ont été les plus suivies depuis un demi-siècle. Mais lequel des trois "blocs" dans la course profitera le plus de cette mobilisation record ?
On n'avait pas vu ça depuis la victoire de la gauche en 1993 et, avant elle, celle de la droite chiraquienne en 1986, sous la présidence de François Mitterand. Près de sept Français sur dix se sont rendus aux urnes (ou ont voté par le biais d'une procuration) ce 30 juin 2024, à l'occasion des élections législatives anticipées.
Depuis 1993, le taux de participation était même en chute libre. Cette année-là voit la victoire du Parti socialiste, porté par une participation de 69,1%. Presque autant que ce 30 juin, où la participation est estimée à 69,7% à l'échelle nationale.
Une participation record en fin de journée
Régionalement, à 17h c'est le Cher qui avait la plus forte participation, avec 60,69% d'inscrits ayant voté. Il était suivi de près par le Loir-et-Cher (60,48%) et l'Indre-et-Loire (60,04%).
🗳️ #Legislatives2024📷 | À 17h, dans le Cher, le taux de participation pour les élections législatives est de 60,29%. En 2022, au même moment, il était de 41.20%. #AllonsVoter pic.twitter.com/UOszeMCCoq
— Préfet du Cher (@Prefet18) June 30, 2024
Le Loir-et-Cher arrive second avec 60,48%. L’Indre-et-Loire, très à la traîne à midi, a bien rattrapé son retard avec 60,04% de participation à 17h. Un taux historiquement haut pour des élections législatives !
Alors, de quoi cette participation est-elle le nom ? Historiquement, la montée de l'abstention a accompagné celle de l'extrême droite. En 2022, lorsque le RN a obtenu pour la première fois 88 députés à l'Assemblée nationale, la participation au premier tour n'était que de 47,5%.
Pourtant, une forte mobilisation n'était pas synonyme d'une défaite de l'extrême droite, comme l'ont prouvé les premiers résultats, plaçant en tête le RN avec 34%, suivi du Nouveau Front populaire crédité de 28% des votes.
De fait, "il n'y a pas de règle", analyse Pierre Allorant, politologue et historien du droit à l'université d'Orléans. "Ce sont des législatives un peu uniques au 21e siècle, parce que ce sont de 'vraies' législatives, les électeurs se sont mobilisés en se disant que là, c'était décisif."
La jeunesse mobilisée
Impossible de dire, en amont des résultats détaillés par circonscription, à qui la participation aura le plus profité. On peut en revanche deviner que ce sont les jeunes, les plus abstentionnistes généralement, qui se sont, cette fois, mobilisés.
Mais on sait que le Rassemblement national a un électorat jeune, plutôt non qualifié, la gauche, en particulier LFI, a aussi un électorat jeune mais plus qualifié. Ça peut donc profiter aux deux.
Pierre Allorant, politologue
Cependant, cette mobilisation exceptionnelle des jeunes aura sans doute coûté aux partis dont l'électorat est, historiquement, plus âgé. "LR, Reconquête, le macronisme aussi" ont donc pu pâtir de cette forte participation. De fait, la coalition présidentielle arrive troisième avec 20% des voix et LR n'est même pas sur le podium, avec seulement 10%.