Dans les cinq circonscriptions d'Indre-et-Loire, l'extrême droite a percé, sauf à Tours. Mais à Loches, Chinon ou encore Amboise, les députés sortants du parti présidentiel sont en difficulté.
Le Rassemblement national est arrivé en tête dans presque tout le département d'Indre-et-Loire lors de ces élections législatives 2024, à l'exception de Tours où la gauche se maintient, et du Lochois où la droite surnage.
Pour la première fois depuis les années 90, la participation a décollé au-delà des 60% en Indre-et-Loire. En 2017, l'abstention avait atteint 48,61% dans le département, et 49,08% en 2022.
Trois semaines après la dissolution de l'Assemblée nationale voulue par Emmanuel Macron, les électeurs étaient de nouveau conviés aux urnes ce dimanche 30 juin, pour choisir leurs députés.
Parmi les députés sortants, quatre font partie de la majorité présidentielle et seul Tours avait porté à l'Assemblée nationale un député écologiste, à l'époque membre de la NUPES et désormais du Nouveau front populaire.
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La 1ère circonscription : Charles Fournier caracole en tête
Un territoire électoral à 100% urbain, la 1ère circonscription a largement voté pour Charles Fournier, le député sortant (EELV). Avec 45,21% des votes exprimés, il passe à quelques milliers de voix d'une réréélectionès le premier tour. Il devance le macroniste Benoist Pierre crédité de 24,33% des voix. La candidate RN, Lisa Garbay (18,82%), n'aura pas droit à un second tour.
"Je fais nettement mieux que la dernière fois, mais je ne fais pas les 50", concède-t-il au micro de France 3, alors que le dépouillement n'est pas encore tout à fait fini. Tours, "terre de résistance" n'aura donc pas placé le RN en première place, comme presque partout ailleurs dans le département.
Avec un RN et un parti Renaissance plus en forme que prévu, et beaucoup de triangulaires, "tout va dépendre du choix républicain de beaucoup d'électrices et d'électeurs, qui vont avoir rendez-vous avec l'histoire". Ce rendez-vous s'adresse aussi aux élus en ballottage, dont ceux arrivés en troisième place, comme Christelle Gobert (NFP) dans la 2e circonscription et Fabienne Colboc (Ensemble) dans la 4e, appelées à se désister. "La position de la gauche a été claire", explique le député sortant. "Je pense qu'il faut tout faire pour empêcher le RN d'arriver aux responsabilités."
Il faut battre le RN. La vitrine a changé, mais pas le contenu : la réalité sera pire que ce qu'ils proposent.
Charles Fournier, député sortant (EELV) de Tours
Pour rappel, ce territoire avait porté à l'Assemblée nationale Charles Fournier en juin 2022 avec une marge confortable (39,6% au premier tour, 53,51% au second). Un retour en force de la gauche dans cette circonscription perdue en 2017 à la faveur de la montée du macronisme.
Auréolé de la "vague verte" des municipales et de la victoire nette de la gauche lors des élections régionales, le conseiller régional Charles Fournier avait séduit en 2022 un électorat qui avait déjà propulsé Emmanuel Denis à la tête du conseil municipal.
Acquise à la droite et au centre de 1958 à 2007 (avec 10 mandats consécutifs de Jean Royer entre 1962 et 1997), la première circonscription était tenue par le socialiste Jean-Patrick Gilles jusqu'à l'élection de Philippe Chalumeau, macroniste de la première heure, en 2017.
Dans la 2e circonscription, Renaissance et RN au coude-à-coude
Au nord-est de Tours, la deuxième circonscription regroupe les cantons d'Amboise, Bléré, Château-Renault, Montlouis-sur-Loire ou encore Vouvray. Pour ces élections législatives 2024, c'est une triangulaire qui s'annonce, sauf désistement dans cette circonscription. Corine Fougeron arrive en effet en tête pour le RN, avec 35,08%, suivie par le député sortant Daniel Labaronne (Renaissance) avec 32,58% et la candidate insoumise du Nouveau front populaire Christelle Gobert avec 23,33%.
Occupé par la droite UMP / LR depuis 2002, le siège de cette circonscription est tombé dans l'escarcelle de la Macronie en 2017, avec l'élection de Daniel Labaronne, arrivé largement en avance au premier tour (32,28%) et vainqueur du second (54,71%) lors des législatives 2022.
En 2024, il s'opposait notamment à Christelle Gobert, militante insoumise de Montlouis-sur-Loire et candidate aux dernières élections européennes, et l'ancienne hôtesse de l'air Corine Fougeron pour le RN.
Horizons talonné par l'extrême-droite dans la 3e circonscription
La 3e circonscription, qui regroupe Chambray-lès-Tours, Loches ou encore Montbazon, a l'habitude d'alterner, depuis la fin des années 80, entre le PS et le centre-droit (UDF et UMP). En 2024, c'est Henri Alfandari, député sortant de la majorité sous l'étiquette Horizons, qui arrive en tête avec 32,87%, devant le candidat investi par le RN et l'aile ciottiste de LR, Jules Robin (32,21%).
L'insoumise Sandra Barbier se qualifie pour une triangulaire avec 25,56%, mais pourrait se désister en faveur d'Henri Alfandari, en vertu du barrage républicain contre l'extrême-droite.
En 2022, Henri Alfandari avait ététélu sous la bannière du parti Horizons et à la faveur du départ inopiné de Sophie Auconie, remplacée par sa suppléante Sophie Métadier en mars 2021. Initialement maire de Genillé et toujours conseiller départemental d'Indre-et-Loire, Henri Alfandari est aussi connu pour avoir déposé, en 2024, une proposition de loi organique rétablissant le cumul des mandats.
Dans la 4e circonscription : la députée sortante en ballottage défavorable
Au sud-ouest de la Touraine, la 4e circonscription d'Indre-et-Loire regroupe quelques communes de la banlieue de Tours ainsi que des cantons plus ruraux, comme Chinon ou Sainte-Maure-de-Touraine.
Comme dans les deux précédentes, c'est l'extrême droite qui arrive en tête, en la personne de Jean-Françous Bellanger, qui devance Laurent Baumel, candidat PS du Nouveau front populaire. Fabienne Colboc, députée sortante Renaissance, arrive troisième et se qualifie à une triangulaire sauf désistement.
Historiquement équilibrée entre le centre-gauche et le centre-droit, cette circonscription est passée de mains en mains depuis sa création (dans ses limites actuelles) en 1986, entre le PS, l'UDF (désormais le MoDem), l'UMP de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, et enfin LREM en 2017.
Réélue d'un cheveu face à Laurent Baumel avec seulement 400 voix de différence au second tour en 2022, Fabienne Colboc a défendu pour la troisième fois son mandat lors de cette élection législative.
La députée sortante devancée dans la 5e circonscription
Tournons-nous enfin vers le nord-ouest du département avec la 5e circonscription. Fermement ancrée à droite de 1993 à 2017 au gré des changements de noms du parti conservateur (RPR, UMP puis LR), cette circonscription est dominée par Saint-Cyr-sur-Loire, aux mains de Philippe Briand.
Ici aussi, le RN arrive en tête avec François Ducamp (35,3%), presque dix points devant la députée sortante du MoDem Sabine Thillaye (26,8%). Marina Coccia, candidate du Nouveau front populaire présentée par le Parti communiste, se qualifie à une éventuelle triangulaire avec 24,1%.
Malgré un premier mandat mouvementé qui l'a vue exclue de LREM en 2020, Sabine Thillaye a été réélue largement en 2022 sous l'étiquette MoDem face à la candidate RN Ambre Louisin.