INFOGRAPHIE. Abstention, primes aux sortants, vague verte : les enseignements des municipales en Centre-Val de Loire

Le premier tour des élections municipales 2020 s'est déroulé le 15 mars dans un contexte chaotique, en pleine crise du coronavirus et au milieu d'injonctions contradictoires entre l'appel aux urnes et la nécessité de se confiner.

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Qui a gagné les élections municipales 2020 ? Avec la gestion de la crise sanitaire et le report incertain du second tour, le vote du 15 mars a revêtu un caractère sans précédent dans notre histoire politique. Plusieurs jours plus tard, les données éditées par les préfectures permettent de tirer quelques tendances de cette situation morcelée, encore largement floue.
 

Une abstention record presque partout

La première donnée qui frappe, c'est l'abstention. Traditionnellement le vote le plus populaire auprès des Français, l'élection municipale n'aura finalement mobilisé que 44,66% des électeurs en France, contre 63,55% en 2014. Naturellement, la région Centre-Val de Loire n'est pas épargnée, même si certains départements sont moins touchés que d'autres. Ainsi, le Cher a moins dégringolé en terme de participation (-13 points) que le Loir-et-Cher (-21 points).

Les communes non plus ne sont pas égales en matière de participation. Dans les principales villes de la région, qui votent traditionnellement un peu moins, l'abstention a battu de véritables records, comme à Bourges, où à peine un électeur sur trois s'est déplacé. Parmi les plus grandes villes de la région, aucune ne dépasse les 50% de participation, ce qui fragilise la légitimité des maires élus ou réélus. Si on prend l'exemple d'Issoudun, deuxième ville de l'Indre où André Laignel (PS) a été réélu à 74,6%, le maire sortant aura finalement réuni 1000 voix de moins qu'en 2014, où il était porté à la mairie à 67% par 3507 électeurs.
 
A l'inverse, les communes rurales ont davantage participé que les centres urbains, même si elles sont également touchées par l'abstention. C'est le cas notamment de Courtenay, dans le Loiret (48,39%) ou de Saint-Aignan dans le Loir-et-Cher (56,12%). Mais, chaos oblige, il y a aussi énormément de contre-exemples. A Loches, dans l'Indre-et-Loire (6277 habitants), le taux de participation a été quasiment divisé par deux, passant de 67,94% à 37,75%. Dans une large mesure, cette abstention profite aux maires sortants, qui réalisent souvent des scores largement supérieurs à celui de 2014. Déjà en position de force, ils ont pu, davantage que les autres candidats, mobiliser les convaincus pour aller voter.
 

Des résultats inédits, mais des majorité fragiles

De fait, cette mobilisation des militants (ou cette démobilisation des incertains) a pour première conséquence un fort maintien des maires sortants. En France, sur environ 35 000 communes, seules 5 000 connaîtront un second tour. Dans la région Centre-Val de Loire, sur 121 communes de plus de 3500 habitants, 76% ont déjà élu leur maire, dont deux tiers sont des maires sortants.
 

Et avec quels scores ! Outre le cas extrême d'André Laignel, certains des maires sortants ont été élus avec des majorités écrasantes, qui laissent supposer qu'ils connaîtront peu d'opposition au conseil municipal et communautaire. Ce sera le cas notamment de Gil Avérous (LR) à Châteauroux (70,06%), Frédéric Augis (LR) à Joué-lès-Tours (58,92%) ou Marc Gricourt (PS) à Blois (55,99%).

D'autres maires s'en sortent avec une majorité beaucoup plus fragile, à l'instar de Jean-Pierre Gorges à Chartres (50,32%) ou de Nicolas Sansu (PCF) à Vierzon (50,18%). Comme l'a fait valoir la candidate écologiste Chantal Vinet, à Chartres, on est passé à une trentaine de voix d'un second tour. Tellement près, en fait, qu'elle a annoncé vouloir déposer un recours le soir même de l'élection.

Dernier cas de figure : il reste encore une certaine proportion de communes en ballotage avec trois ou quatre candidats qualifiés, comme à Tours et Orléans. A Pithiviers, les cinq listes candidates se sont qualifiées au second tour ! Pour Pierre Allorant, spécialiste en histoire du droit et politologue à l'université d'Orléans, l'abstention et le report du second tour rendent ce scrutin "extrêmement fragile". "On ne peut pas du tout prévoir le résultat", surtout dans la mesure où le second tour n'aura pas lieu avant longtemps.
 
 

Une claque pour LREM

Même s'il est difficile de tirer une tendance claire de ce premier tour, la déception semble consommée du côté des candidats LREM. Alors que, quelques mois plus tôt, les maires sortants et candidats rivalisaient pour l'investiture ou le soutien du parti présidentiel, cette étiquette aura fini par coûter bien plus cher que prévu. A Orléans, le maire sortant Olivier Carré, qui avait quitté le parti LR pour briguer l'investiture LREM, se voit distancer de 11 points par le LR Serge Grouard (35,62%) et avec seulement une courte avance sur l'écologiste Jean-Philippe Grand et Baptiste Chapuis (Union de la gauche), également qualifiés au second tour.

Pas de prime au sortant non plus pour Pascal Blanc. Le maire radical de Bourges soutenu par LREM se retrouve deuxième ex aequo (24,24%) avec son ancien directeur de campagne, Philippe Mousny (DVD), loin derrière le candidat de gauche Yann Galut (32,42%). Désormais, pour garder sa place, Pascal Blanc envisage d'entrer dans une alliance avec une autre liste. A Chinon, la députée LREM Fabienne Colboc ne passe même pas l'obstacle du premier tour, n'ayant réuni que 9,50% des votes exprimés. L'autre grand perdant, c'est le RN, qui a peiné à placer la moindre liste, et encore moins à accéder au second tour.
 

Si l'on sait qui a perdu, il est plus compliqué de distinguer un véritable vainqueur à l'échelle de la région. Dans l'ensemble, l'essentiel des maires reconduits appartiennent à la droite : un maire réélu sur deux  (51%) appartient à une liste LR ou DVD, tandis que 27% figurent sur une liste DVG, union de la gauche, PS ou PCF. Mais dans les  deux grandes villes en ballotage, ce sont les verts et la gauche sui tirent leur épingle du jeu : à Tours, l'écologiste Emmanuel Denis est arrivé premier avec 35,45% des voix, triplant son score de 2014 et laissant loin derrière le maire sortant Christophe Bouchet (25,62%) et son rival LREM Benoist Pierre (12,67%).

Il faudra désormais attendre près de trois mois avant le second tour de l'élection municipale, ouvrant le champ à un nouveau jeu d'alliance et de manoeuvres politiques en coulisses. Dans les quelques 5000 villes de France encore en ballotage, le temps risque de paraître bien long.
 
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