Absent dans plusieurs grandes villes comme Orléans, Bourges et Chartres, le Rassemblement national n’a pas non plus trouvé de candidat dans la plupart des petites communes.
En mai 2019, le Rassemblement national triomphait en France comme en Centre-Val de Loire. Placée en tête du scrutin européen par les électeurs, la liste menée par Jordan Bardella devançait LREM dans 5 des 6 départements de la région, l’Indre-et-Loire constituant la seule exception. Dans le Loiret, la liste RN avait obtenu 25% des voix, soit un total de 56 495 suffrages.
Dix mois plus tard, il est déjà certain que le parti de Marine Le Pen obtiendra un résultat beaucoup plus modeste, faute d’avoir su trouver des candidats. Le changement de nom - du Front National au Rassemblement national - n’a pas permis de changer l’image de marque d’un mouvement, devenu de plus en plus en fort dès qu’il s’agit d’agglomérer les votes protestataires mais dont la dédiabolisation n’a pas encore opéré à l’échelon communal. Les militants ont peur de devenir des candidats dès qu’il s’agit de défendre en personne cette étiquette.
Lors des européennes, le RN était arrivé nettement en tête dans des agglomérations importantes comme Montargis, Gien et Pithiviers. Pour les municipales, il n’a trouvé aucun candidat prêt à partir à la conquête de ces communes. De même que dans les nombreuses petites communes de l’Est et du nord du Loiret où il réalise depuis longtemps des gros scores. A Orléans, contrairement à l’élection de 2014, il n’aura pas de candidat en raison de la défection, pour raison de santé selon le RN, de son candidat Ludovic Marchetti qui n’a pas pu être remplacé.
Le seul candidat du Loiret sera Valentin Manent, qui se présente dans une petite commune du Malesherbois, Escrennes, 730 habitants. Egalement nommé délégué départemental depuis la démission de Ludovic Marchetti, M. Manent regrette la situation : « A Bellegarde, nous avions un candidat motivé mais il manquait trois femmes pour composer la liste.
A Montargis, personne n’a voulu se présenter. Pourtant l’Est du département est la zone où nous comptons le plus d’adhérents (sur un total de 500 environ). Je déplore cette situation. C’est honteux. Il y a un manque d’implication des militants.
Pour moi, ce n’est pas un problème d’étiquette politique difficile à assumer. Les gens n’ont plus envie de s’investir, car ils pensent que les élus locaux n’ont plus le pouvoir. »
La situation n’est pas meilleure pour le RN dans la majorité des autres départements de la région. Dans l’Indre, il n’aura qu’un candidat, à Châteauroux. En Indre-et-Loire, il n’aura qu’un candidat également, à Tours. En Loir-et-Cher, il ne sera présent qu’à Blois, Mer et Romorantin-Lanthenay. Candidat à Blois sur la liste menée par Mathilde Paris, Michel Chassier, par ailleurs délégué régional constate le recul de son parti. « A Vendôme, nous avions un candidat en 2014 qui n’a pas voulu repartir. Nous avions près de vingt listes il y a 6 ans. Nous en aurons moins cette année. Nous avions des espoirs à Vierzon par exemple mais notre candidat n’a pas réussi à composer une liste. »
C’est en Eure-Loir que le RN a trouvé le plus de candidats
Serait-ce parce que la structure socio-démographique du département le rapproche des villes de grande banlieue parisienne (comme l’Est du Loiret) où le parti réalise habituellement de bons scores ? Il sera absent à Chartres mais présent dans des communes comme Lucé, Mainvilliers, Dreux ou Vernouillet. Huit communes d’Eure-et-Loir auront des candidats RN mais à cette heure aucun ne s’y présente en position de force.Paradoxalement, c’est dans le Cher que le Rassemblement national a le plus de chances de diriger une commune. Il ne sera présent dans aucune grande ville mais son délégué départemental, Jean-René Coueille se présente à titre individuel dans la petite commune La Chapelotte, 150 habitants. La défection d’un autre candidat déclaré peut ainsi permettre à M. Coueille de devenir le seul maire Rassemblement national de la région Centre-Val de Loire.