Dans une lettre publiée dans le quotidien Le Monde, Frédéric Chevallier, procureur de la République à Blois, s’adresse à Jacqueline Sauvage jugée et condamnée pour le meurtre de son époux en 2015.

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Frédéric Chevallier était l’Avocat Général lors du 2ème procès aux Assises de Jacqueline Sauvage en 2015 à Blois. Il avait requis contre elle 10 ans d’emprisonnement. La cour d’assises avait suivi ses réquisitions et Jacqueline Sauvage avait été condamnée.
 


On se souvient qu’à l’époque, l’affaire « Jacqueline Sauvage » avait été très médiatisée, le verdict ayant même suscité l’indignation du grand public.
Une pétition avait même été lancée pour demander la grâce présidentielle, elle obtiendra 400 000 signatures. Les filles de Jacqueline Sauvage font alors une demande de grâce écrite à François Hollande. Il accorde une grâce partielle puis une grâce totale. Elle entraînera la libération de Jacqueline Sauvage.
La décision a été alors estimée "consternante" pour la présidente de l'USM (Union Syndicale des Magistrats). Il s'agissait, selon elle, « d'une atteinte totale aux décisions de justice".

Il y a deux vérités : une vérité judiciaire et une vérité politique. Je suis extrêmement déçu quand j'entends Jacqueline Sauvage dire sur un plateau de télévision qu'elle n'est coupable de rien, concluait alors Frédéric Chevallier. 2015


Ce lundi, un film « Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi » d’Yves Renier retraçant l’histoire de Jacqueline Sauvage a été diffusé à la télévision. 

Frédéric Chevallier s’est souvent exprimé dans les médias au sujet de l’affaire Jacqueline Sauvage. Il a souvent été sollicité par les journalistes. Le week-end dernier, juste avant la diffusion du téléfilm, il décide d'écrire à Jacqueline Sauvage :
 

 

Ma parole est vraie et objective, je souhaite mettre les évidences et les faits de ce dossier au centre du débat et mettre un terme à cette affaire. Je n’entends pas faire de polémique, je ne m’exprime pas en tant qu’Avocat Général mais en tant que témoin de la vérité.

nous dit Frédéric Chevallier par téléphone.

Il souhaitait dans un premier temps envoyer cette lettre au domicile de Jacqueline Sauvage. C’est, en fait, dans les colonnes du Monde que ses écrits sont publiés. En voici quelques extraits publiés le 1er octobre 2018 :

LIRE Toute l'affaire Sauvage, du faits divers au procès 


Deux procès, deux condamnations

Au terme d’une information judiciaire, d’une ordonnance de mise en accusation de la chambre de l’instruction, de plus de cinquante heures de débats judiciaires, de dizaines et de dizaines de témoignages, de deux procès criminels au cours desquels tout a été dit, débattu et confronté dans le respect des principes qui fondent le fonctionnement de notre justice.

Vos juges, vingt et un magistrats professionnels et jurés populaires, et ces derniers, soucieux de leur serment, « n’écoutant ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection », ont exprimé leur intime conviction de votre culpabilité. Ils ont déterminé la peine qu’ils ont estimée juste dans le secret de leur délibération.
 


Le mari de Jacqueline Sauvage condamné sans procès

En exécutant votre mari, vous nous avez privés d’un procès, vous nous avez privés d’un procès qui aurait peut-être permis d’inverser l’ordre des choses aujourd’hui établi. Vous l’avez condamné sans procès. Vous n’en aviez pas le droit.

Vous disposiez, à l’inverse de beaucoup d’autres, de possibilités pour donner à votre histoire et à l’échec de votre pari et de votre engagement une autre issue que celle délibérément empruntée. Ceux qui vous entouraient en avaient aussi les moyens. Mais ils choisi de ne rien dire, de ne rien faire, de ne rien tenter de faire. Y avait-il à dire, à faire ? Si oui, alors à eux aussi, des comptes auraient pu être demandés.

Il faut lutter contre les violences faites aux femmes

Lutter contre les violences intrafamiliales, contre les violences faites aux femmes ne peut passer par la violence criminelle dont vous vous êtes rendue coupable.

"La justice s’exerce pour éviter la vengeance des victimes et pour punir à leur place. Cette justice aujourd’hui fonctionne. Elle peut s’améliorer et par mon action, comme celle de mes collègues magistrats, nous nous y employons. Mais elle ne peut être niée comme vous l’avez fait.Dans ces conditions, ériger votre comportement comme la solution pour lutter contre les violences intolérables faites aux femmes, c’est se tromper de cas pour illustrer une cause supérieure. Vous êtes devenue, sans doute malgré vous, le symbole inadapté d’un fait majeur de société." Frédéric Chevallier. le Monde 1er octobre 2018.

 


 
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