Le Loir-et-Cher a longtemps été un des trois départements producteurs de cornichons avec la Sarthe et l'Yonne. Pendant que la filière française se relance doucement depuis deux ans, le groupe Reitzel conditionne des cornichons indiens dans l'usine de Bourré (41).
L'Inde est le pays d'origine du cornichon. Il a été découvert il y a 2000 ans au pied de l'Himalaya. Depuis, l'Inde est le premier producteur de cornichons. Son climat exceptionnel permet trois récoltes par an. Alors qu'en France, il n'y en a qu'une pendant l'été.
Emmanuel Bois est intarissable sur l'histoire du cornichon. Le directeur général du groupe Reitzel dirige deux usines de conditionnement en France. Une à Connerré dans la Sarthe qui met en bocaux les cornichons frais qui viennent d'Europe de l'Est et ceux qui sont produits en France. La seconde est à Bourré dans le Loir-et-Cher. Les 85 salariés y conditionnent des cornichons récoltés en Inde et qui arrivent en fûts par bateaux. 30 millions de bocaux sortent des chaînes de l'usine chaque année.
80% des cornichons consommés en France sont produits en Inde
"Nous avons 100 agronomes qui travaillent en Inde. Ce sont nos graines qui sont plantées par des familles là-bas. Ensuite nous suivons tout le processus de récolte. Et nous les envoyons en France par bateaux. L'avantage de l'Inde c'est qu'il fait toujours entre 15° et 35°, température idéale pour ce produit. Ce climat permet trois récoltes par an. Cela nous permet d'avoir des stocks toute l'année,"explique Emmanuel Bois. Et d'ajouter : " Ils sont conditionnés en France car nous tenions à garder du made in France : les bocaux, les étiquetages et la main d'oeuvre ."80% du prix du cornichon est déterminé par le coût de main d'oeuvre. Résultat : le cornichon indien coûte six fois moins cher que le cornichon français à produire.
La relance du cornichon français lancée dans le Loir-et-Cher en 2016
En 2016, la société suisse Reitzel, spécialisée dans les produits au vinaigre, a souhaité relancé la production du cornichon en France. " Nous ne voulons pas remplacer le cornichon indien. Ce serait impossible d'en produire autant. Mais nous voulons rééquilibrer les choses et redonner sa place à une production qui se faisait beaucoup en France jusque dans les années 90. Nous sommes à 1% de parts de marché. Nous souhaiterions atteindre 5 % d'ici trois ans".Emmanuel Bois est confiant. En 2016, le groupe est parti avec deux agriculteurs dans le Loir-et-Cher, aujourd'hui ils sont 11 avec des producteurs dans le Sarthe et en Indre-et-Loire.
"C'est un produit que nous faisions il y a trente ans. On sait le faire. Le groupe nous assure un revenu même en cas de mauvaise récolte. Alors on s'est lancé. Cela permet de diversifier notre production et de relancer un produit en local, " explique Fabien Biette, agriculteur à Soings-en-Sologne.
Il cultive des poireaux et des fraises. Cette année il s'est lancé avec un hectare de cornichons. " Le plus difficile c'est de trouver de la main d'oeuvre. Il faut 20 personnes pour un hectare. La récolte se fait de début juillet à fin août quand il fait très chaud. En plus il faut travailler vite car les cornichons grossissent très rapidement et les consommateurs les aiment petits."
Fabien Biette a produit 13 tonnes de cornichons de cette année. " L'avantage aussi c'est que le groupe nous achète tout. Les petits et les gros. Il n'y a adonc pas de pertes".
Le cornichon français représente 1% des ventes de cornichons en France. Soit 500 000 bocaux cette année. Il est vendu 30% plus cher que le cornichon indien. "Cela représente un euro de plus par bocal. C'est le prix du local", explique le PDG de Reitzel qui espère que les cornichons made in France soient bio à terme. Une chose est sûre une partie sera conditionnée l'année prochaine à Bourré dans le Loir-et-Cher.