Caroline Chesneau, agent de sécurité au tribunal de Blois : "la retraite à 64 ans ? Rien que d'y penser, je suis épuisée !"

Caroline Chesneau en a gros sur le cœur. A 56 ans, elle est responsable de l'équipe de sécurité du tribunal de Blois. Un métier qu'elle adore mais qui demande beaucoup d'énergie et de vigilance. Si la réforme des retraites est adoptée, cette femme combattive devra travailler jusqu'à 64 ans. Elle espère pouvoir aller au bout mais elle ne se voit pas encore tenir 8 ans de plus.

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"Ma plus grande fierté, c'est mon fils. Je l'ai élevé seule tout en travaillant à plein temps dans l'industrie pharmaceutique. J'ai fait beaucoup de sacrifices. Mais quand je le vois aujourd'hui qui travaille au Japon, je sais pourquoi." 

Battante : c'est l'adjectif qui vient en premier quand on rencontre Caroline Chesneau. Elle a d'abord travaillé 20 ans dans l'industrie pharmaceutique sur les lignes de production en bloc stérile. Puis elle a rejoint l'équipe de maintenance en 3x8 et en 2x8 pendant trois ans. "Les 3x8 c'était très difficile. Avec un enfant à élever seul et la fatigue, je n'ai pas pu continuer. Toutes mes primes d'horaires décalés partaient pour payer ma garde d'enfant." 

Après l'industrie pharmaceutique, la sécurité du tribunal de Blois

En 2014, elle quitte l'industrie pharmaceutique pour raisons médicales et se forme à la sécurité : "J'ai toujours aimé les métiers dits masculins. Je voulais être policier ou gendarme quand j'étais jeune. Mais à cette époque, il y avait peu de femmes sur le terrain. Elles étaient cantonnées aux tâches administratives. Alors quand j'ai pu, j'ai passé deux diplômes : un d'agent de sécurité filtrage et un autre en sécurité incendie." 

En octobre 2020, elle intègre l'équipe de sécurité du tribunal de Blois. En deux ans, elle accède au poste de chef. Elle gère une équipe de quatre personnes : les plannings, les absences, la communication avec le tribunal tout en assurant la sécurité à l'entrée. " C'est un métier qui demande beaucoup de vigilance et d'écoute. Le public qui vient ici est parfois perturbé."

S'imposer comme chef de poste a été très difficile 

Mais ce qui lui a le plus coûté, ça a été de s'imposer comme chef de poste. Elle constate beaucoup de misogynie dans les métiers de la sécurité. " Les collègues qui font des remarques et qui mettent en doute votre légitimité de chef parce que vous êtes une femme... ça a été mon quotidien pendant un an et demi", raconte Caroline, encore blessée. " Si encore il n'y en avait eu qu'un, mais ils étaient au moins quatre ou cinq. Je devais parlementer pendant des heures pour qu'ils m'écoutent alors que quand un coordinateur homme leur demandait la même chose, c'était fait aussitôt. Il a fallu que je m'impose et ça ça coûte beaucoup d'énergie."

Et de l'énergie, elle en a de moins en moins. Quand elle se projette sur un départ à la retraite à 64 ans, elle ne sait pas comment elle va tenir. "En tant que mère célibataire travaillant à plein temps, j'ai beaucoup puisé dans mes ressources. J'avais réussi malgré tout à avoir une carrière pas trop hâchée et  je vais quand même devoir travailler deux ans de plus. Je suis épuisée rien que d'y penser. "

Le 7 mars, Caroline Chesneau ne se mettra pas en grève. "J'ai déjà fait deux jours de grève, donc là ma conscience professionnelle me l'interdit. Je n'ai pas envie d'en faire pâtir mes nouveaux collègues. Car il faudrait les faire venir d'Orléans pour les remplacer". 

En revanche, elle a posé son jour du 8 mars. Un symbole pour elle qui rêve que rapidement les salaires entre hommes et femmes soient égaux, que le genre n'intervienne plus dans les relations professionnelles et que les femmes ne soient plus pénalisées parce qu'elles ont eu des enfants. 

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