Avec un score qui s'annonce historiquement bas pour la candidate socialiste, Anne Hidalgo, selon les sondages, le PS s'interroge déjà sur son avenir, à deux jours du 1er tour de la présidentielle. Pour le maire de Blois, Marc Gricourt, pour les législatives, il faudra rassembler la gauche autour d'un projet commun "social, écologiste et démocratique".
Que restera-t-il du Parti Socialiste à l’issue de cette séquence électorale ? Des figures du PS ont d’ores et déjà pris leur distance. Bertrand Delanoë, prédécesseur d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, votera Emmanuel Macron. François Rebsamen, le maire de Dijon, s’est rapproché d’En Marche, créant un nouveau mouvement, "Fédération progressiste". En Centre-Val de Loire, Marisol Touraine, ancienne ministre de la santé sous François Hollande, votera aussi pour le président sortant.
En interne, on commence déjà à réfléchir à l’après élection. Selon Le Monde, un dîner a rassemblé, mercredi 6 avril, plusieurs personnes autour de la candidate Anne Hildalgo – sans Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, pas convié à ce rendez-vous. Elles ont évoqué la possibilité de créer un nouveau parti.
Interrogé par France 3 Centre-Val de Loire, le maire PS de Blois Marc Gricourt, qui est aussi l’un des porte-paroles de la campagne Hidalgo, évoque lui aussi ce nouveau mouvement, qu’il veut comme un rassemblement de la gauche.
France 3 CVDL : Le Parti Socialiste, comme on le connaît, a-t-il encore de l’avenir ?
Marc Gricourt : Je ne sais pas. Dès dimanche soir, nous allons, au sein du PS, partager notre analyse des résultats. Et il nous appartiendra de réfléchir de ce que peuvent être les lendemains. Ce qui compte, c’est de continuer à porter haut et fort les idées, les valeurs et l’histoire du PS et de démontrer que nous sommes en capacité de répondre le mieux possible aux défis auxquels nous sommes confrontés : les aspects sociaux, les mutations économiques, les défis environnementaux et les défis démocratiques.
Le premier secrétaire Olivier Faure a évoqué l’hypothèse d’un congrès qui permettrait de refixer la ligne de notre parti. Tout se fera comme il s’est fait ces dernières années de manière assez remarquables avec Olivier Faure qui a su avec courage reprendre les rênes de ce parti après la défaite à l’élection présidentielle de 2017. Il nous a amené à maintenir nos positions voire les conforter dans certains territoires, il y a deux ans lors des municipales et l’an dernier lors des régionales alors qu’on nous disait disparu ou mort dans la plupart des cas. À l’évidence, nous ne sommes pas au niveau qui correspond à ce que nous pouvons représenter dans l’opinion. Il faudra continuer à travailler en tirant les leçons de ce scrutin présidentiel de 2022.
Seriez-vous prêt à recréer un parti, sous une autre étiquette ?
Pourquoi pas. Mais ce ne serait pas un enterrement. On a eu ce débat avant le dernier congrès. Conserve-t-on l’appellation "Parti socialiste" ? Je crois que l’on pourrait s’orienter vers un changement de nom. Ça ne fait pas tout, mais changer de nom, c’est repartir sur une renaissance. J’avais imaginé « mouvement social, écologique et démocratique », ce qui reprend les grandes orientations du PS ces dernières années.
Après, avec qui et pour quoi faire ? Si c’est pour repartir sur ce qu’était le PS ces dernières années avec des personnalités à sa tête qui sont aussi responsables de la situation dans laquelle nous sommes, comme François Hollande ou beaucoup d’autres… Il faut regarder l’avenir. Ce sont des débats qu’il faudra avoir. Chacun et chacune apprécieront par la suite s’ils se reconnaissent dans ce qui sera validé majoritairement dans les orientations. Pour l’instant, il est trop tôt pour vous dire si j’en serai ou pas.
Les éléphants du PS doivent être mis de côté ?
Si nous en sommes là aujourd’hui depuis 2017, c’est en grande partie à cause de l’insuffisance de volontarisme politique durant la mandature de François Hollande.
Beaucoup d’entre eux ont appelé à voter Emmanuel Macron…
Ils l’avaient fait en 2017. Ils sont cohérents. C’est leur liberté. Mais que ces personnalités ne se réclament plus de la gauche. De façon factuelle, je considère que les politiques menées par le président sortant sont de droite. On pouvait avoir un doute en 2017 mais aujourd’hui comment en avoir un quand on regarde les décisions de la majorité présidentielle depuis cinq ans ? Sur le plan fiscal, le plan social, avec l’accentuation des inégalités, la baisse du pouvoir d’achat, sans oublier la mise à mal de la décentralisation avec un mépris des collectivités et des élus.
Les législatives pour l’avenir du PS seront cruciales…
Les idées du parti socialiste irriguent encore la gauche, sociale, écologiste, démocratique. Ce qui a été aussi la plus grosse difficulté, c’est la division de la gauche. On ne peut pas reprocher au PS d’avoir initié le rassemblement des gauches dès 2020 en imaginant un partage au sein des formations politiques. Les Communistes, les Écologistes et Jean-Luc Mélenchon ont décliné dès le printemps 2021. Le PS a toujours cherché jusqu’à la dernière minute cette union.
Nous devons montrer, comme dans les années 70, un travail d’élaboration d’une plate-forme de gouvernement. Si nous voulons exister demain, si nous voulons être un contrepoids, si nous voulons être majoritaire aux législatives au mois de juin prochain, dans une situation qui risque d’être particulière avec un résultat du second tour de la présidentielle, nous avons cette responsabilité d’essayer dans la plupart des circonscriptions de nous mettre d’accord entre formations de gauche pour proposer des candidatures uniques pour avoir des chances d’une représentation plus forte à l’Assemblée nationale.
Une candidature commune de la gauche, n’est-ce pas entériné la fin du PS ?
Je ne sais pas… C’est peut-être entériné la nouvelle formation sociale, écologiste et démocratique qui peut naitre au lendemain de ces échéances.