Un an après le début de la guerre en Ukraine, 100 000 réfugiés ukrainiens tentent de trouver une nouvelle vie en France. Oksana Shlyhina s'est installée à Blois, et a commencé à travailler au restaurant doublement étoilé Amour blanc.
Cela fait désormais six mois qu'Oksana Shlyhina travaille chez Amour blanc, le restaurant doublement étoilé du chef Christophe Hay. Planté rive sud de la Loire avec une vue enviable sur le centre-ville de Blois, l'établissement réserve un cadre tout autre que celui que la jeune femme de 24 ans a dû quitter.
Cet été, Oksana est en effet arrivée depuis Kharkiv, ville de l'est de l'Ukraine qu'elle a dû fuir face à la menace russe. Elle est d'abord prise en charge par l'association Accueil soutien et lutte contre les détresses (ASLD) de Blois, à qui elle évoque son expérience en Ukraine d'hôtellerie-restauration.
CDI à la clé dans un secteur en tension
L'association joue le rôle d'intermédiaire, et lui décroche une place chez Christophe Hay. Elle y travaille au service du restaurant, avec une autre réfugiée ukrainienne. D'abord en essai, désormais en CDI, ce qui lui a permis de trouver un logement
"L'essai a rapidement été très concluant, donc maintenant elles sont avec nous jusqu'à ce qu'elles souhaitent partir", se réjouit Caroline Huré, responsable des ressources humaines chez Fleur de Loire (le complexe hôtelier dont fait partie Amour blanc). Une chance pour l'établissement, le secteur de l'hôtellerie-restauration étant en manque de main-d'œuvre permanent.
Après plus de six mois à vivre en France, la jeune ukrainienne se dit "contente d'avoir obtenu ce travail", où les habitudes semblent avoir été facile à prendre : "La façon de servir les gens, ça ne change pas d'avec les autres restaurants. Seuls certains détails sont différents", explique-t-elle en anglais. Oksana Shlyhina apprend le français, et dit connaître "quelques phrases simples".
Pas encore de quoi communiquer facilement dans la langue de Molière. Heureusement, en cuisine, tout le monde a déjà l'habitude de manier l'anglais. "On est dans un domaine ouvert sur l'international, donc ce n'est pas un problème", confirme Caroline Huré. La responsable RH affirme également que les capacités en anglais des deux jeunes ukrainiennes "sont un atout pour avoir des conversations avec certains de nos clients".
"L'Ukraine me manque chaque jour"
Si Oksana apprend le français, c'est que l'incertitude de la situation en Ukraine ne lui permet pas de savoir ce qu'elle fera dans quelques mois, ou quelques années :
En Ukraine, j'avais des projets pour travailler, faire des études. Ici, je ne sais pas comment faire, notamment parce que je dois apprendre une autre langue. Ça prend du temps.
Oksana Shlyhina, réfugiée ukrainienne, employée à Amour blanc
Heureusement, la jeune femme dit se sentir bien à Blois, "c'est confortable, c'est calme, les gens sont gentils". Même si elle confie que "l'Ukraine [lui] manque chaque jour". Pour l'instant, elle dit vouloir "rester ici, et après on verra".
Le restaurant Amour blanc vient d'engager une autre réfugiée ukrainienne, pour un remplacement à la plonge. Remplacement qui pourrait se concrétiser "sur un contrat d'été en renfort d'activité", souffle Caroline Huré.
Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies, 100 000 réfugiés ukrainiens sont arrivés en France. Soit dix fois moins qu'en Pologne ou en Allemagne par exemple.
Avec Matthieu Jarry.