VIDEO. Préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans en pharmacie : mode d'emploi et réactions à Blois

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Préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans en pharmacie : mode d'emploi et réactions à Blois ©M. Rondonnier / S. Hasnaoui / J-M. Bores

Depuis le 1er janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans peuvent se procurer gratuitement des préservatifs en pharmacie pour se protéger des IST. Reportage à Blois auprès de lycéens blésois et au Planning familial du Loir-et-Cher.

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"Si vous avez moins de 26 ans, il vous suffit de venir à la pharmacie et de demander une boîte de préservatifs. Si vous voulez le faire de façon anonyme, c'est possible. Vous n'êtes pas obligé de présenter votre carte vitale", explique Brice Laurin, pharmacien dans le quartier nord de Blois. 

La mesure est entrée en vigueur le 1er janvier. Jusque-là, les préservatifs étaient remboursés par la Sécurité sociale sur prescription médicale. Face à l'augmentation du nombre d'infections sexuellement transmissibles (IST) chez les 16-25 ans, le gouvernement a opté pour la gratuité des préservatifs en pharmacie.

"Deux marques sont disponibles : "Eden" et "Sortez couverts". La règle c'est une boîte par jour et par personne", complète le pharmacien. " On ne pourra plus dire que c'est un problème de prix mais il faut surtout plus communiquer sur la nécessité de l'utilisation des préservatifs pour se protéger des IST", conclut-il. 

Qu'en pensent les jeunes ? 

Dans le centre ville de Blois, un groupe de quatre amis lycéens se promènent. Sur cette question, pas de tabou pour eux. Ils ont entre 15 et 17 ans et tous les quatre saluent la mise en place de cette mesure. 

À 15 ans, Tammy nous confie : "C'est bien parce que ça peut diminuer les maladies sexuellement transmissibles qui peuvent être très dangereuses pour les jeunes qui ne sont pas forcément au courant et éviter de tomber enceinte jeune aussi." 

À côté d'elle, Noa, 17 ans : "Je pense que c'est bien parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont amenés à avoir des relations sexuelles. Ça permet de se protéger. Avant je les achetais et maintenant je pourrai les avoir en pharmacie gratuitement".

Encore faut-il se rendre en pharmacie et oser en demander.  Marie, bientôt 18 ans : "C'est vrai que c'est une bonne chose. Beaucoup de jeunes n'avaient pas envie de dépenser de l'argent pour des préservatifs et prenaient le risque de tomber enceinte ou d'attraper des maladies. Mais c'est vrai aussi qu'il reste le problème d'aller en chercher à la pharmacie. C'est compliqué pour les jeunes". 

A 17 ans, Sofia se procure des préservatifs au lycée. Pour elle, cette mesure est aussi une façon de casser un tabou. "Le fait que ce soit gratuit en pharmacie, ça peut permettre aux jeunes de parler plus facilement de leur sexualité. Il n'y a pas de gêne à y aller. Il y a des boîtes qui coûtent cher donc le fait que ce soit gratuit c'est mieux évidemment". 

Une protection gratuite c'est bien, en avoir connaissance c'est mieux

Pour Cloé Lopez, animatrice prévention depuis trois ans au Planning familial du Loir-et-Cher, la gratuité des préservatifs en pharmacie est une excellente nouvelle. Mais elle y met plusieurs bémols. D'abord, "les préservatifs gratuits ne sont que des préservatifs externes dits masculins alors que les préservatifs internes ne sont même pas remboursés et on en trouve de moins en moins facilement", explique-t-elle. "Cela exclut une grande partie de la population."

Par ailleurs, il reste compliqué pour les jeunes d'aller dans une instance médicalisée telle qu'une pharmacie. "Ils ont peur d'être jugés", poursuit l'animatrice. "Enfin, il va falloir mieux communiquer pour qu'ils sachent que cette mesure existe. On s'est rendu compte que seulement 30 % d'entre eux savaient qu'ils étaient remboursés sur prescription médicale. Alors cette fois il faudrait vraiment que l'Etat et nous les associations réussissions à bien les informer." 

Pour cette jeune animatrice prévention, la vraie solution serait que les préservatifs soient accessibles dans tous les lieux fréquentés par les jeunes : collèges, lycées mais aussi bars, cafés, boutiques, mission locale.

On en distribue, les collèges et les lycées aussi par le biais des infirmeries. Mais nous avons des quotas. Il en faudrait davantage. Il faut que ça devienne un produit courant ce qui briserait le tabou et la gène qui l'entourent."

Cloé Lopez, animatrice prévention

Cloé Lopez rappelle l'indispensable nécessité de se protéger : "Bien sûr, il y a le VIH que l'on ne guérit pas mais il y a aussi les infections sexuellement transmissibles en augmentation. Les plus touchés sont les 16-25 ans."

Des maladies comme la chlamydia et la syphilis sont toujours là, et même en augmentation, explique-t-elle. "Il y a très peu de symptômes et on peut avoir cette maladie deux, trois ou quatre ans sans s'en rendre compte."

"Du coup, si on a des rapports non protégés, on va potentiellement contaminer les différents partenaires et en plus de ça au bout d'un moment on va être malade." Certaines maladies comme la syphilis peuvent avoir des conséquences très graves et irréversibles sur le long terme.

Une augmentation de 70 % des cas de syphilis en Europe depuis 2010

Selon un rapport de 2019 du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la syphilis, une infection bactérienne qui faisait des ravages jusqu’au milieu du 20e siècle, connaît une forte résurgence en Europe. Après avoir diminué entre 2007 et 2010, le nombre de cas enregistré chaque année est reparti à la hausse pour atteindre 33.000 cas en 2017. Pour la première fois depuis le début des années 2000, les pays européens enregistraient plus de cas de syphilis que de VIH. 

Même recrudescence des cas pour les infections à chlamydia et à gonocoque. Entre 2012 et 2016, les données publiées par Santé Publique France montrent que le nombre de diagnostics d'infection à chlamydia et à gonocoque en 2016 a été multiplié par trois par rapport aux estimations de l'année 2012.

Des jeunes qui ne mettent pas forcément un préservatif à chaque rapport sexuel

Selon une enquête de la mutuelle Heyme, publiée en 2019, 56 % des jeunes interrogés, ayant entre 16 et 28 ans, affirmaient ne pas utiliser de préservatif à chaque rapport sexuel et 57 % de ces 2 000 jeunes interrogés affirmaient avoir déjà oublié de mettre un préservatif lors d’un rapport sexuel. 

Pour encourager les jeunes à se protéger, le Planning familial intervient dans les établissements scolaires. "S'il y a des peurs, des craintes, des questions, on peut accompagner les jeunes. Ce ne sont pas des questions tabou. Ce sont des questions de santé, de bien-être et d'épanouissement personnel", rappelle Cloé Lopez

Les deux solutions pour se protéger et protéger les autres restent le préservatif et le dépistage. 

Le Planning familial du Loir-et-Cher propose des rendez-vous individuels dans ses locaux à Blois tous les jours et son équipe peut répondre à toutes question en appelant son numéro de permanence : 02 54 74 33 41

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