C'est toujours un événement au printemps au château de Cheverny : les milliers de tulipes qui enchantent le parc. Mais pour la deuxième année consécutive, confinement oblige, les visiteurs ne peuvent pas profiter du spectacle. Au grand désarroi du propriétaire, Charles-Antoine de Vibraye.
On pourrait ouvrir le parc mais ce serait uniquement pour les gens de Cellettes et Cour-Cheverny dans un rayon de 10 kms. On ne peut pas faire revenir cinq salariés pour si peu de visiteurs.
C'est un spectacle sublime qui n'arrive qu'une fois par an au château de Cheverny. Des milliers de tulipes ornent le parc depuis fin mars. Et pour la deuxième année consécutive, les visiteurs ne pourront pas en profiter.
"Nous restons professionnels jusqu'au bout. Donc oui on a planté 350 000 bulbes de tulipes à l'automne sans savoir si on serait ouvert au printemps. On voulait être prêt au cas où", confie Charles-Antoine de Vibraye, le propriétaire du château de Cheverny dans le Loir-et-Cher.
20 000 euros investis pour fleurir Cheverny de tulipes
Chaque printemps, depuis huit ans, la tulipe est reine dans les trois jardins du château de Cheverny.
En 2014, 100 000 bulbes avaient été plantés. Cette année ce sont 350 000...
250 000 tulipes pour le bandeau et 100 000 de plus dans le jardin des apprentis et le jardin bouquetier.
"Plus il y en a et plus c'est spectaculaire ! Nous avons investi 20 000 euros dans ces plantations. Mais on ne se voyait pas ne pas le faire. C'est tellement beau ! "
Pour que tout le monde en profite malgré la fermeture du château, des photos et des vidéos sont régulièrement partagées sur les réseaux sociaux. " C'est pour qu'on ne soit pas seuls à en profiter", se désole Charles-Antoine de Vibraye.
La variété des tulipes est la Triumph. A l’automne, 50 à 60 % du parterre sont renouvelés après enrichissement de la terre.
Sept jardiniers travaillent toute l’année à la réalisation de ce spectacle naturel.
Deux millions d'euros de perte à cause des confinements
En un an, après trois confinements, le propriétaire du château de Cheverny évalue ses pertes à environ deux millions d'euros.
Privé de 180 000 visiteurs en 2020 et de 80 000 en 2021, le monument historique bénéficie des aides de l'Etat : "Les aides de l'Etat nous permettent de couvrir les deux tiers de nos charges fixes. Cela permet de payer 14 salariés alors que en temps normal nous sommes 47", explique le propriétaire du château.
Le marquis a les yeux rivés sur le 15 mai mais il ne sait pas si il peut y croire. "L'avantage c'est que maintenant on est prêt. Contrairement à l'année dernière si le déconfinement est annoncé on peut ouvrir en une heure. On connait le protocole sanitaire par coeur. "
Les saisonniers ont été recrutés. Dix au lieu de quinze cette année : "Tous les mois, on leur dit qu'ils commenceront le mois suivant. Là on table sur début juin".
? ???????? ?? ?? ?????? ? ?/? ❯ Charles de L’Écluse (1526-1609) est intendant des jardins impériaux à la fin du XVIe s.
— Château de Cheverny (@Chateaucheverny) April 15, 2021
▶︎ Il introduit la #tulipe ? dans les Provinces-unies (Pays-Bas) lorsqu’il est nommé professeur de botanique à l’Université de Leyde. pic.twitter.com/Aeiah22PGS
"Une jauge de 1000 visiteurs par jour serait formidable "
Pour Antoine de Vibraye, la réouverture ne peut pas se faire avec n'importe quelle jauge. Il faut un minimum. "Si on obtient une jauge à 1 000 visiteurs par jour, ce qui permet une grande fluidité dans le château, ce serait fabuleux. Si c'est moins ce n'est pas la peine".
Il ajoute : " Je voudrais simplement rappeler qu'il n'y a aucun risque sanitaire dans les monuments historiques. Nous sommes les sacrifiés de cette crise sanitaire. Nous le vivons sans amertume et sans regret. Nous sommes victimes c'est tout. "
En période normale, le château de Cheverny accueille entre 35 000 et 40 000 visiteurs au moins d'avril.