Le château de Montpoupon en Indre-et-Loire appartient à la même famille depuis 1857. Son propriétaire actuel, Amaury de Louvencourt, petit neveu de Solange de la Motte-Saint-Pierre, partage sa vie entre son métier d'expert en art à Paris et de châtelain à Céré-la-Ronde.
Amaury de Louvencourt est un pragmatique. Il gère sa propriété comme une PME. " C'est un gros travail de gestion. C'est une entreprise qui emploie six personnes. Il faut le faire en serrant les boulons tout azimut".Je le garde parce que c'est une histoire de famille. Je l'ai dans les tripes. Si vous ne l'avez pas dans les tripes, vous ne le faites pas.
Cet amoureux des chevaux est expert en oeuvres d'art près des tribunaux à Paris. Il partage sa vie entre la capitale et Céré-la-Ronde : "Je suis à Paris pour travailler pour gagner ma vie. Je ne peux pas vivre sur Montpoupon. Tout l'argent qui entre sur cette propriété sert à payer tous les frais de cette maison. L'entretien, le personnel..."
Amaury de Louvencourt a hérité du château de Montpoupon de sa grande tante Solange de la Motte-Saint-Pierre en 2005 mais il s'occupait de son développement bien avant. Il a notamment participé à la création du musée du Veneur en 1995 qui compte 30 salles d'exposition.
Il est aujourd'hui président de l'Association des Châteaux de la Loire, Vallée des Rois.
Un projet de restauration à 350 000 euros
Rien qu'en entretien courant annuel, le château coûte près de 50 000 euros. A celà s'ajoutent les frais de restauration. Le prochain chantier est celui du châtelet d'entrée qui date du XVIème siècle. " Il a subi l'outrage du temps. La toiture a été refaite il y a 150 ans. En plus, les sculptures sont très abîmées. Il faut les refaire. On va avoir une aide de la DRAC, et peut-être de la Région. Le reste ce sera de notre poche...."Pourquoi garder un château aujourd'hui ?
Pour Amaury de Louvencourt, il n'est pas question de garder la propriété si cela devient trop difficile. " Je pense que nous sommes les derniers des Mohicans. Mon fils souhaite reprendre le domaine mais je lui ai bien dit que s'il n'a plus les moyens de l'entretenir il devra passer la main. Notre objectif est de laisser la bâtisse en meilleur état que lorsqu'on en a hérité. Si les toitures commencent à fuire autant le vendre avant que le château ne s'effondre", explique le propriétaire, lucide.Il nous confie : " Vous savez. La vie de châtelain n'est pas la vie de château...Cela fait rêver les gens qui n'en ont pas. Mais quand vous l'avez ce n'est pas pareil." Il raconte avec une pointe de sarcasme : "Quand je rentre de Paris ici le soir en hiver et qu'il fait 8 degrés dans mon bureau, ce n'est pas très agréable. Mais on s'y fait. Depuis que je vis ici, je n'ai plus jamais la grippe. "
Le château de Montpoupon accueille 30 000 visiteurs chaque année dont 20 % de touristes étrangers.
"Page été"réalisée par Marine Rondonnier, Sanaa Hasnaoui et Anne-Astrid Grandveau :