L'histoire commence par un beau mariage. Celui d'Anne-Marie. Venant de Normandie, la jeune femme s'installe dans l'exploitation de sa belle famille. Elle va apprendre au forceps son métier d'agricultrice.
1976 : l'année de la sécheresse
Juste après leur mariage, Anne-Marie et Damien Hahusseau s'installent dans la propriété familiale de celui-ci à Muides-sur-Loire dans le Loir-et-Cher.Chez les Hahusseau, on est est viticulteur de père en fils depuis 1794. L'histoire qui commence en beauté va connaître de difficiles rebondissements professionnels que le jeune couple va gérer dans l'adversité et se consolider. 46 ans que cela dure.
10 hectares de vigne appellation AOC Cheverny et Crémant de loire scellent également cette union..
Pour un départ, le couple n'est pas mal loti.
Il y a aussi le troupeau de vaches. Pour la production laitière.
A peine installé, le couple va connaître sa première crise, Une terrible sécheresse. Ayant fait de lourds emprunts, Anne-Marie et Damien Hahusseau vont manger de la vache enragée. Un rude apprentissage.
Cela va durer une dizaine d'années.
Pour ne pas faire de grumeaux dans leur lait, le couple se lance dans la production de lait cru. Des berlingots vendus dans des écoles, dans des maisons de retraite et dans des magasins. Tout se passe pour le mieux jusqu'à l'apparition de la listéria.
Une crise chasse l'autre. Une histoire sans fin.
La listériose est une infection rare, due à une bactérie. Elle affecte aussi bien les animaux que les humains. Potentiellement grave voire mortelle chez les populations à risques : les femmes enceintes, les personnes âgées et les immuno-déprimés.Pour la vente des birlingots de lait cru, la sanction est immédiate. Les ventes dégringolent de façon massive.
Le couple se remet en cause et décide de se lancer à corps perdu dans la production de fromage.
L'exploitation connaît un fort développement après ce virage serré. Puis c'est la mise aux normes au pas de charge. Ce qui suppose de lourds investissements aussi.
Une idée germe. Pourquoi ne pas s'associer avec leur salarié?
Nicolas Avrain est jeune, vaillant et ne demande qu'à travailler. C'est la naissance de la GAEC. Groupement agricole d'exploitation en commun.
A peine née, cette association va connaître sa première crise. Nous sommes en 2008-2009. Le prix du lait chute fortement.
Nouvelle remise en cause douloureuse mais nécessaire. Les associés prennent le taureau par les cornes. Il vont créer de nouveaux produits : crème fraîche, fromage blanc battu entre autres.
Désormais, les 40.000 litres de lait produit par 150 bêtes permettent de proposer au moins, une dizaine de produits différents.
L'exploitation viticole et laitière a surmonté les crises à répétition qui ont mis à genoux nombre d'exploitations.
Le GAEC du Croc du Merle s'est taillé une solide réputation avec le temps.
La vente directe est son credo dans le ferme mais aussi dans le Magasin des Producteurs qui a récemment ouvert ses portes à Saint-Gervais-la-Forêt dans le Loir-et-Cher.
Preuve qu'en s'associant, en s'adaptant aux contraintes du marché, en faisant évoluer leur production et leur métier, en privilégiant les circuits courts sans intermédiaire et sans le diktat des agro-industries, même les producteurs laitiers parviennent à s'en sortir.
►Propos recueillis par Théophile MBAKA et Juliette ROCHE