La région et la chambre de commerce et d'industrie ont conclu un partenariat pour l'animation du "fonds tourisme relance" en Centre-Val de Loire. Au niveau national, il s'agit de 50 millions d'euros pour l'année 2021, dédiés à la transition écologique des acteurs du tourisme.
L'application du plan de relance se précise. Annoncé le 3 septembre dernier, ce plan à 100 milliards d'euros insiste notamment sur la transition écologique. 30 milliards doivent ainsi servir à investir dans le rail, l'hydrogène vert, ou encore la rénovation thermique.
De ces 30 milliards se sont échappés 50 millions, dédiés au "verdissement du tourisme". Suite à un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI), de nombreux acteurs et collectivités se sont manifestés pour répartir sur le territoire l'argent de ce fonds, lancé ce mercredi 14 avril.
En Centre-Val de Loire, la région elle-même et la chambre de commerce et d'industrie (CCI) se sont portées candidates pour animer et coordonner la mobilisation des acteurs du secteur, en partenariat avec l'agence de l'environnement (Ademe). Un cas unique en France.
Des diagnostics personnalisés
"L'objectif de ce fonds, c'est de faire que ceux qui hésitent à faire des travaux sautent le pas, et que ceux qui prévoient d'en faire aillent encore plus loin", résume Mohamed Amjahdi, directeur régional de l'Ademe Centre-Val de Loire. Concrètement, les millions du plan seront dédiés à des projets de transition écologique, répartis en trois volets : restauration, hébergement touristique, et slow tourisme.
"Le rôle de la région et de la CCI, c'est de venir en amont, de faire un diagnostic et de bien identifier les projets des acteurs", ajoute-t-il. Avec des fonds de l'Ademe et européens, les CCI de la région vont donc déployer une dizaine de conseillers, spécialisés tourisme et environnement.
Des diagnostics personnalisés seront menés avec chaque candidat sélectionné (ils seront 50 en tout en Centre-Val de Loire) par les conseillers. Un argument de taille pour les acteurs du tourisme, souvent perdus dans les strates administratives et techniques qui précèdent l'accès aux divers dispositifs d'aides.
Des panneaux solaires à de l'économie d'eau des toilettes
Cet accompagnement a en tout cas séduit Christophe Lunais, restaurateur à Vallières-les-Grandes et président de l'association "Cuisine en Loir-et-Cher". "Ca va nous permettre de mettre le doigt sur certaines pratiques qu'on n'a pas aujourd'hui, et de déterminer comment réduire l'impact de notre entreprise sur l'environnement", avance le restaurateur.
En effet, une fois un premier diagnostic effectué, "les conseillers reviennent avec un plan d'action, puis choisissent avec le prestataire quelles actions mettre en place", explique Mevenig Choblet, conseiller au tourisme de la CCI du Loir-et-Cher, et responsable du déploiement du dispositif dans la région.
Aux Closeaux, le restaurant de Christophe Lunais, "on est déjà très concernés par l'environnement : tout est fait maison, on s'approvisionne localement, on fait du compost". Alors ce fonds est pour lui l'occasion d'accélérer la mise en place d'un certain nombre de mesures écolo, comme "le remplacement de l'éclairage extérieur par des LED, la réduction de notre consommation d'énergie, l'installation de bornes pour le rechargement des voitures électriques de nos clients, voire même de panneaux solaires".
De bonnes intensions qui devraient être -a priori- prises en charge par le fonds tourisme durable. Parmi les projets éligibles, on compte également des formations sur le gaspillage alimentaire, des dispositifs d'économie d'eau dans les chambres et toilettes des hôtels, la création d'abris photovoltaïques pour les vélos électriques, ou encore le remplacement de véhicules à moteurs thermiques.
50 candidatures en tout en Centre-Val de Loire
Seulement un jour après le lancement officiel de l'action dans la région (mais après quelques semaines de repérages préalables des agents des CCI), onze places sont déjà remplies sur les 50 candidatures prévues pour recevoir des fonds. Autre preuve de l'intérêt des acteurs pour le dispositif, "45 prestataires et têtes de réseau étaient présents lors de la réunion d'information sur le fonds", note Mevenig Choblet. Selon lui, des "speed meetings" sont menés chaque jours pour valider des candidatures.
Mohamed Amjahdi, directeur régional de l'Ademe, se réjouit de son côté de la "vision à l'échelle de la région" que permet la réponse de la collectivité à l'AMI. Le fonds tourisme durable s'inscrit en effet en complément du volet transition écologique du plan relance tourisme, voté par la Région l'été dernier, et qui comptait déjà un plan financier avec diagnostic, et un volet mise en place d'actions.
Promouvoir le slow tourisme
Le président de la Région, François Bonneau (PS), se réjouit de son côté de la philosopohie globale de ce fond : "On est dans un esprit d'évolution de structures déjà existantes, qui vont intégrer des objectifs environnementaux, bien plus que dans une intention de création de nouveaux établissements" plus ou moins grands, qui aurait mené à de nouvelles artificialisations des sols.
Une philosophie en accord avec ce que François Bonneau présente comme la direction vers laquelle la Région souhaite axer le tourisme, avec "une valorisation et un respect de l'environnement, une approche zen de l'expérience touristique".
Le président de la Région attend donc beaucoup du troisième volet du plan (encore non chiffré et en phase de développement) de ce fonds tourisme durable, sur le slow tourisme. Ce semi-anglicisme barbare cache la douceur d'un tourisme lent, "des expériences globales, d'immersion dans un territoire", décrit François Bonneau.
Un volet qui passe par le développement par les acteurs, et la communication par les offices de tourisme, d'activités vertueuses, qui affectent peu l'environnement. L'occasion pour François Bonneau de se féliciter du succès de la Loire à vélo, cette véloroute touristique qui longe les berges du fleuve.
Sur 50 millions d'euros, combien pour le Centre-Val de Loire ?
A l'heure actuelle, les 50 millions d'euros promis par l'Ademe au niveau national n'ont pas encore été répartis. Chaque territoire va désormais devoir tirer son épingle du jeu pour attirer le plus de fonds pour ses acteurs locaux. François Bonneau espère de son côté que "5 millions d'euros minimum" viendront en Centre-Val de Loire.
Plus prudent, le directeur régional de l'Ademe, Mohamed Amjahdi, table sur "au moins 2 millions", n'osant pas parler de concurrence entre les régions. "Il faut juste qu'on fasse venir vite les fonds dans les territoire pour consommer l'enveloppe de 2021 avant la fin de l'année", explique-t-il, et ainsi espérer une nouvelle enveloppe l'année prochaine.
Une nouvelle enveloppe plus conséquente encore ? Car si cette opération gouvernementale est la première axée sur la transition écologique des acteurs touristiques, l'ambition globale peut sembler encore faible. Le volet restaurants envisage ainsi d'accompagner 1 000 restaurants... pour un total de plus de 200 000 cafés et restaurants dans tout le pays.
"On n'a jamais mené une opération d'une telle ampleur", défend Mohamed Amjahdi. Et s'il reconnaît que "si on prend 1 000 sur 200 000, dans l'absolu le chemin à parcourir est encore long", il estime que "1 000 par rapport à rien, c'est un bon début".
Pour candidater à ce fonds tourisme durable, rendez-vous sur la plateforme "Agir pour l'environnement" de l'Ademe. Mais attention, "les aides ne convriront pas tout, et il faut de toute façon avoir une entreprise saine" au niveau de ses compte, avertit le restaurateur Christophe Lunais. Et "pour tenir ses engagements sur la longueur, il faut y croire et ne pas le faire par motivation purement commerciale".