Loir-et-Cher : après l’annonce de 10 décès possiblement liés au coronavirus, l’EHPAD de Salbris craint de nouveaux cas

10 résidents de l’EHPAD de Salbris (Loir-et-Cher) sont décédés depuis le début de l’épidémie de coronavirus. On ignore pour l’instant s’ils sont morts ou non du Covid-19, et si des tests seront réalisés. Dans l’établissement, 6 personnes avaient été dépistées positives.

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Le 19 mars dernier, un cas de Covid-19 était confirmé dans la maison de retraite de Coinces à Salbris (Loir-et-Cher). Le 25 mars, c’est un décès dans ce même EHPAD que l’on apprenait.
 
Quelques jours plus tard, le chiffre a brutalement augmenté. Ce sont désormais 10 résidents qui ont perdu la vie, et qui pourraient avoir été infectés par le coronavirus.

Pourraient, car aucun test n’est pour l’instant venu confirmer que les personnes étaient porteuses du virus.
  

Pas de dépistage

Contacté par téléphone, le maire Olivier Pavy explique qu’à sa connaissance "il n’y a pas de dépistage". Le seul résident testé fut le premier annoncé, le 19 mars. "Après il n’y a pas eu de dépistage".
 
"Il y a des morts naturelles comme toujours dans un EHPAD", nuance-t-il. Mais il comprend que la question se pose sachant qu’un résident et cinq agents dont le directeur de l’établissement ont été dépistés positifs.

L’Agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire ignorait ce samedi matin si des tests allaient être réalisés sur les personnes décédées et sur les résidents et soignants de l’EHPAD.

 

Une permanence téléphonique

La situation n’est pas simple à gérer psychologiquement, notamment pour le maire de Salbris, qui est par ailleurs président du conseil d’administration de l’EHPAD. L’établissement est en effet public, co-géré par la commune, l’ARS et les services de l’Etat.

"Je suis natif de Salbris, ce sont des personnes que j’ai connues en activité pour un certain nombre d’entre elles, que je connaissais bien."

Olivier Pavy a bien évidemment adressé ses condoléances aux familles. Si ces dernières ne peuvent pas se rendre dans l’EHPAD à cause de l’interdiction des visites depuis le 11 mars dernier, elles peuvent appeler un numéro depuis une dizaine de jours.

"J’ai mis en place une permanence téléphonique par l’intermédiaire d’un agent de la collectivité, explique le maire. Il remplace les personnels administratifs de l’EHPAD (qui étaient soit malades soit arrêtés) pour avoir un lien avec les familles et donner des nouvelles des résidents".

Quant aux obsèques, elles doivent se dérouler "selon les règles édictées pour le confinement, c’est-à-dire restreintes au cercle familial proche", rappelle l’ARS.

 

"Les EHPAD ne sont pas équipés"

Touché par ces décès, le maire pense aussi au personnel soignant de la maison de retraite qui fait son maximum malgré les difficultés rencontrées.

"Les conditions ne sont pas les mêmes que dans un hôpital. Il a fallu isoler un certain nombre de personnes pour avoir un suivi médical renforcé. Mais les EHPAD, eux, ne sont pas équipés de sas de désinfection, ne sont pas conçus pour traiter des épidémies", regrette le maire.

Quant au transfert vers un centre hospitalier, il n’a pas pu toujours se faire, d’après Olivier Pavy.  "La dégradation est trop rapide pour les envoyer à l’hôpital. Ce sont des gens âgés de 80-90 ans qui ont déjà malheureusement un certain nombre de faiblesses, donc ce n’est pas aussi facile que ça de les transporter."
 


Un tiers de soignants en moins

Le maire continue de se battre cependant pour les résidents et pour remplacer les soignants absents. Mais "plus les jours passent, plus c’est compliqué, souffle-t-il. Il y a plus de 60 personnes en effectif habituel, et là il en manque un peu plus d’un tiers." Avec la directrice adjointe, "on gère donc au jour le jour en fonction des défaillances que l’on va avoir."

"Avant cette épidémie, il y avait déjà un grave problème de recrutement de personnel dans les EHPAD, on est à flux tendu depuis des années", analyse-t-il "Donc quand vous avez un certain nombre de maladies déclarées dans un EHPAD, vous n’avez pas beaucoup de candidats qui viennent frapper à la porte."

Si l’ARS est en désaccord sur le chiffre d’un tiers de personnel absent, sa priorité est aussi de remplacer "autant que faire se peut". Elle a par ailleurs mis en place une plateforme sur son site internet pour trouver des professionnels volontaires pour l'ensemble des maisons de retraite, car le cas de Salbris n’est pas unique. "Il faut qu’on soit en mesure d’avoir des remplaçants pour les envoyer dans des établissements qui en auront besoin."

 

Des moyens de protection envoyés

L’ARS a envoyé par ailleurs des équipements (masques, combinaisons, charlottes et gel hydro-alcoolique) à l’EHPAD de Salbris.

Ces moyens de protection étaient plus qu’attendus. "On était à court de gel, révèle le maire. Les masques, il y a eu énormément de difficultés à en trouver, j’ai réussi à en avoir par des dons d’entreprises. J’ai trouvé des combinaisons, mais c’était insuffisant par rapport au besoin de renouvellement de ce matériel-là."

La crainte d'Olivier Pavy est que d’autres résidents soient potentiellement atteints du coronavirus, avec le pic de l’épidémie annoncé dans les jours à venir.
 
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