Un dispositif déjà pratiqué dans d’autres régions mais expérimenté pour la première fois en Centre-Val de Loire sur les deux départements de l’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher.

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Dans la vigne, rien ne les distingue des autres saisonniers. Pourtant, 5 des 14 saisonniers présents sur le domaine de Cyrille Sevin à Mont-près-Chambord (Loir-et-Cher), ne rentreront pas chez eux après leur journée de travail. Ils retourneront passer la nuit à la maison d’arrêt de Blois, où ils purgent une peine de prison.

C'est le cas d’Arthur, condamné à 18 mois de détention pour des délits routiers : "On est dehors, c’est un peu comme une liberté" décrit le jeune homme de 22 ans. "On nous fait confiance et ça nous évite d’être enfermés".

Tout près de lui, Tanguy reste concentré sur sa récolte de raisin avec un geste assuré. Avant d’être condamné à 9 mois de prison pour violences sous l’emprise de l’alcool, il avait déjà fait les vendanges parmi une multitude de petits boulots. Pour lui, il était inconcevable de rester inactif durant sa détention.

"On profite de ca pour ne plus penser à la cellule. On ne pense qu’au raisin et on y va quoi" explique-t-il, conscient d’avoir la chance de pouvoir mettre le nez dehors. "On sait ce qu’on a fait, on sait pourquoi on est là et faire les vendanges c’est un petit plus, histoire de pouvoir faire un aménagement de peine et sortir plus vite si cela peut nous le permettre".


"On profite de ca pour ne plus penser à la cellule. On ne pense qu’au raisin et on y va quoi!"


Pour les autres saisonniers, la présence de ces collègues inhabituels  est l'occasion de se débarrasser de quelques préjugés. Bruno, qui s’affaire dans la rangée d’à côté, avait une vision très stéréotypée des détenus : "Je pense que c’est bien d’être au contact de ces gens-là pour déconstruire tout un imaginaire qui est nourri de films américains avec beaucoup de violence et de grand banditisme. Et ce n’est pas du tout ces gens-là que j’ai vu ici". raconte-t-il.

Une expérience positive pour les détenus comme pour le viticulteur


En semi-liberté ou bénéficiant de permissions de sortie, les détenus sont tous volontaires et rémunérés comme les autres vendangeurs pour trois semaines de travail effectif.

Quand on a proposé à Cyril Sevin de les employer, il a rapidement accepté. Ce producteur d’AOC Cheverny, à la tête d’une exploitation de 10 hectares est ravi de cette première expérience. Il dit avoir décelé chez les détenus une "vraie motivation" qu’il juge "très agréable pour quelqu’un qui a besoin de saisonniers".

"Ils ne connaissent pas forcément le boulot et ont su rapidement s’adapter" explique Cyrille Sevin, qui classe même son cru de vendangeurs 2019 "parmi les meilleurs" qu’il ait eu depuis 10 ans. "Je suis conscient d’avoir vraiment eu de la chance dans la vie et je me suis dit, pourquoi pas aider les gens qui n’en ont pas eu autant que moi. Ça me paraissait naturel ".


De la sanction à la réinsertion


Les détenus ont été sectionnés par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) qui suit les détenus, en concertation avec la direction de la maison d’arrêt de Blois. Chaque demande de participation au dispositif a également été soumise à l’accord de la juge d’application des peines. L'argent gagné par les prisonniers va leur permettre d'indemniser les parties civiles mais aussi d'épargner pour leur libération.

Leur comportement en prison, leur capacité à travailler et à avoir un rythme de travail constituent les principaux critères de participation au dispositif. "Il y a la sanction mais notre première tâche et d’éviter que les gens retournent en prison" explique François Monteso, le Directeur adjoint du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip). "Et pour leur donner l’envie de ne pas revenir en prison, il faut leur donner des outils pour se réinsérer à l’extérieur".

Déjà prometteuse, l'expérience pourrait bien être renouvelée dès l'année prochaine et pourrait même être étendue à d’autres secteurs du monde agricole.
 

 
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