La cour d'appel de Bourges a donné raison aux anciens salariés de l'usine Matra, dix-sept ans après sa fermeture à Romorantin. L'entreprise, détenue par le groupe Lagardère, a deux mois pour éventuellement contester la décision.
Pour les ex-salariés de l'usine Matra de Romorantin-Lanthenay, dans le Loir-et-Cher, c'est une petite victoire qui intervient dix-sept ans après leur licenciement.
Après huit ans de procédure, la cour d'appel de Bourges a finalement condamné vendredi 31 janvier l'entreprise Matra Manufacturing & Services, détenue par le groupe Lagardère, à verser 4,2 millions d'euros à 296 anciens salariés.
Les indemnités vont de 9 600 à 26 500 euros, en fonction de l'ancienneté et du poste anciennemement occupé au sein de l'usine.
C'est un coup porté à Lagardère, c'est sûr", analyse Pierre Bertoux, ex-salarié de Matra et représentant CGT. Mais cette victoire, nous la devons surtout à une détermination sans faille des ex-salariés, qui ont vu un jour leur vie sacrifiée. Finalement, ces sommes d'argent sont minimes par rapport aux blessures qu'ils gardent.
Matra Manufacturing & Services a deux mois pour éventuellement contester la décision de la cour d'appel et demander un recours devant la cour de cassation.
Des vies brisées
A l'époque, l'usine Matra Automobile est l'une des plus grosses de la région. Lorsqu'elle ferme ses portes en 2003, 2 500 salariés perdent leur emploi.
Nous avions fait un bilan 10 ans après, dans un article publié en 2013 sur notre site :
S'en sont alors suivies des années de procédure face à la justice. Après avoir gagné une première fois devant le Conseil des prud'hommes de Blois en 2014, les ex-salariés de l'usine avaient finalement été déboutés devant la cour d'appel d'Orléans, suite à l'appel déposé par l'entreprise Matra.
En 2017, la Cour de cassation se range finalement du côté des Matraciens et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Bourges, qui vient de rendre sa décision.
"Depuis le début de la procédure en justice, une dizaine d'ex-salariés sont décédés", commente Pierre Bertoux.
Et maintenant ?
La CGT prévoit de réunir les ex-Matraciens dans les jours à venir, pour les informer sur les conséquences de cette décision de justice.
Mais, comme le confie Pierre Bertoux en exclusivité à France 3 Centre-Val-de-Loire, la confrontation avec le groupe Lagardère est loin d'être terminée.
Nous allons lancer sous peu une association dédiée aux victimes de l'amiante de l'usine Matra de Romorantin", explique-t-il. "Nous sommes en train de monter des dossiers pour prouver que certaines maladies et décès pourraient y être dûs. Une chose est sûre : nous voulons faire payer Lagardère.