Un assaillant avait tué le policier originaire de Romorantin (Loir-et-Cher) de deux balles sur les Champs-Elysées en 2017, avant d'être abattu à son tour. Quatre hommes sont jugés à partir de ce 7 juin pour avoir aidé le tueur à se procurer une arme.
Le drame s’était déroulé à la fin de la campagne pour la présidentielle, quelques jours avant le premier tour.
Xavier Jugelé, 37 ans et originaire de Romorantin, travaille à la préfecture de police de Paris, au sein de la 32e compagnie de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC).
Ce jeudi 20 avril 2017, vers 21h45, il se trouve au volant d'un car de police garé en haut de l'avenue des Champs-Elysées, quand un homme arrive armé d’un fusil d’assaut et tire dans l’habitacle du véhicule. Xavier est tué de deux balles.
L’assaillant blesse ensuite deux autres policiers et une touriste allemande avant d’être abattu. Comme la plupart des attaques de ce type, l’assassinat est rapidement revendiqué par l'Etat islamique (EI). On découvre que le tueur est un Français de 39 ans, Karim Cheurfi. D’après Le Monde, ce dernier était suivi pour des problèmes psychiatriques.
Association de malfaiteurs terroriste
Quatre ans plus tard, faute de responsable direct et de cellule terroriste réelle, ce sont quatre hommes qui seront jugés devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Trois personnes sont accusées de détention et/ou cession d'armes. Un seul, Nourredine Allam, 31 ans, comparaît pour association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un crime.
Il est accusé d'avoir vendu la kalachnikov au tueur "tout en sachant (...) que ce dernier avait une volonté résolue et affichée d'attenter à la vie de fonctionnaires de police", avance Me Thibault de Montbrial, avocat entre autres des parents et du compagnon de Xavier Jugelé.
Condamné à 19 reprises
"Les attaques contre les forces de l'ordre ont été théorisées avec force par les islamistes de l'EI ou d'Al-Qaïda, et les incitations sur les réseaux sociaux à s'en prendre aux policiers et gendarmes se multiplient depuis 2014", relève-t-il. Pour lui, l'enjeu pénal du procès est donc "que la cour reconnaisse la complicité" de Nourredine Allam.
L'homme est connu de la justice. Âgé de 31 ans, il a déjà été condamné à 19 reprises entre 2004 et 2013, parfois à de la prison ferme, pour des délits de droit commun.
La radicalisation religieuse exclue
Mais le prévenu conteste toute complicité. Il nie avoir acheté la kalachnikov pour la revendre à Karim Cheurfi. Aucune trace de ses empreintes n'a été retrouvée dessus. L’enquête a par ailleurs "permis d’exclure toute radicalisation religieuse".
"Nous contestons la qualification terroriste, a déclaré à l'AFP son avocate, Me Clarisse Serre. Il n'a rien à voir de près ou de loin (avec les terroristes islamistes), n'a pas le profil". "Même le motif terroriste islamiste de l'assaillant est sujet à caution", affirme Me Serre.
Le procès doit durer jusqu’au 18 juin.