La pluie est installée depuis un petit moment sur notre région. Mais pas de panique, voici des idées pour s'occuper vous et vos enfants lorsqu'il pleut.
Il fait chaud ! Besoin de fraicheur ? Une visite dans les troglos, c'est LA bonne idée !
Vous êtes comme moi ? Vous ne savez jamais si vous devez employer le mot troglodyte ou troglodytique ? Alors, faisons un petit cours de grammaire avant de commencer ! En fait, c'est très simple :
- L'habitant de ces galeries est un troglodyte (nom).
- Son habitat est un habitat troglodytique (adjectif).
Partis d'Orléans, nous décidons de découvrir ces cavités sur la route de la vallée du Cher.
Découvrez notre circuit :
Voici notre périple : direction le Loir-et-Cher, près de Montrichard, entre Chenonceaux et le zoo de Beauval. Nous avons envie de vous faire découvrir des sites beaucoup moins touristiques, mais qui valent le détour !
Première étape : la Cave des Roches, quatre siècles d'histoires
À l'entrée du petit village de Bourré. Julien Delalande, le propriétaire des lieux nous accueille pour une immersion souterraine d'un kilomètre sous terre. Quatre siècles que sa famille exploite la Cave des Roches. À 45 mètres sous terre, elle compte sept étages et 120 kilomètres de galeries. La visite commence, nous voilà plongés dans la vie de labeur, mais pas des moins fascinantes de carriers et de cueilleurs de champignons.
Chambord, Cheverny, Chenonceau... À la Renaissance, la pierre de Bourré aussi appelée pierre royale est utilisée pour la construction des plus prestigieux châteaux de la Loire ! Le XIXᵉ siècle est la grande période d’extraction de la pierre dans la Cave des Roches. Puis les carriers partent au front de la Première Guerre mondiale, ils ne reviennent pas... Les Américains reconstruisent l'Europe avec du ciment et du béton.
À la fin du XIXᵉ siècle, parallèlement à l’extraction de la pierre, l'aïeul de la famille Delalande se lance dans la culture des champignons de Paris. Jusque dans les années 1990, la Cave des Roches produit 200 tonnes de champignons de Paris par mois. Quarante cueilleuses y travaillent. Le village de Bourré vit de la culture du champignon et compte huit caves champignonnières, une conserverie et une centrale de pasteurisation. Avec l'Union européenne, les Hollandais et les Polonais s'emparent du savoir-faire français et marquent le déclin de la culture des champignons de Paris, qui n'ont pas réussi à obtenir une AOP et valoriser leur culture.
La Cave des Roches produit aujourd'hui des champignons haut de gamme – pleurotes, shiitakés, pieds bleus – à destination de restaurants gastronomiques du monde entier.
Couplée à la visite, une surprise nous attend ! Nous tombons sous le charme de cette ville souterraine taillée et sculptée dans la pierre. Œuvre de deux hommes, un tailleur de pierre et un sculpteur qui ont reconstitué un village de 1914, témoignage d'un passé pour les générations futures.
Deuxième étape : bienvenue chez les troglodytes
À la sortie du village de Bourré, nous montons un petit chemin. Laurent nous ouvre les portes de sa propriété invisible depuis la route en contrebas, nichée entre une débauche de végétation et la roche. Bienvenue à la Magnanerie, un véritable paradis caché !
Mais c'est quoi une magnanerie ? C'est un terme originaire du sud-est de la France qui désigne le lieu où l’on cultive… des vers à soie ! Le fameux bombyx du mûrier, capable de produire un kilomètre de fil de soie en… trois jours.
Laurent (n°1) et Laurent (n°2), comme ils se désignent, tour-opérateurs bruxellois ont eu un véritable coup de cœur en découvrant ce site troglodytique il y a quelques années. Ils achètent les lieux et s'installent définitivement en troglo !
Laurent (n°2) nous reçoit dans sa cuisine. Il est en pleine opération de dévidage des cocons de ses vers à soie. Avant de nous parler de son activité, il tient à nous faire visiter son habitat creusé dans la pierre. Souvent les visites de sites troglodytiques sont des reconstitutions de la vie paysanne d'avant. Ici, nous pénétrons dans le lieu d'habitation. Laurent nous parle de leur mode de vie et nous conte comme il peut faire bon vivre en troglo !
Le site est très sain, il y a très peu d’humidité contrairement à ce qu’on imagine.
Laurent Masquelier-Ricard
Nous changeons immédiatement nos idées reçues sur la vie en troglo ! Leur habitat est chaleureux, un véritable cocon !
En parlant de cocon, nous poursuivons notre déambulation en découvrant la sériciculture – l'éducation des vers à soie (on ne dit pas élevage). Le site de la Magnanerie de Bourré est une ancienne ferme. À la fin du XVᵉ siècle, Louis XI décida d'ouvrir une manufacture royale à Tours. Lyon, alors capitale de la soie, était trop loin des châteaux de la Loire. Une aubaine pour les habitants des vallées de la Loire qui se sont mis à éduquer sous leur toit les précieuses chenilles. C'était pour eux une rentrée d'argent rapide et facile. Un siècle plus tard, les soieries tourangelles font travailler la moitié de la population.
À la Magnanerie de Bourré, Laurent et Laurent perpétuent avec passion l'éducation du Bombyx mori à des fins pédagogiques. Ils sont animés par la transmission de ce savoir-faire. Du mois d'avril à fin octobre, ils nourrissent leurs vers à soie, avec les feuilles de mûriers qui poussent dans leur jardin.
Troisième étape : les châteaux de la Loire mis en lumière aux caves Monmousseau
À quelques encablures de la Magnanerie, nous nous rendons au Domaine de Monmousseau. Les caves proposent à ses visiteurs une scénographie qui habille ses galeries de lumières en réunissant art et histoire. Cette mise en lumière nous invite à [re]découvrir les Châteaux de la Loire et le patrimoine troglodyte de la région sous un nouveau jour.
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Monmousseau n'a rien à envier aux célèbres carrières de Baux-de-Provence ou à l'atelier des lumières de Paris. Nous ne voyons pas des roches habillées de Klein, Cézanne ou Kandinsky... Son originalité : avoir fait appel aux talents d'une artiste d'origine tourangelle, Nathalie Dahon - nom d'artiste Na Da - pour réaliser le parcours. Nous admirons des œuvres uniques, une "revisite" - en quelque sorte - des châteaux de la Loire.
S'inspirant de la technique du vitrail, Na Da dessine son œuvre sur un calque qui est ensuite projeté sur la roche à l'aide d'un rétroprojecteur.
Elle ne propose pas une carte postale des châteaux de la Loire. Non, pour chaque œuvre, elle s'inspire d'un élément marquant d'un château de la Loire. Elle prend soin que son œuvre épouse la forme de la roche (morphing). Vingt œuvres sont à admirer sur 400 mètres de galerie.
Si vous lisez cette phrase, c'est que vous avez lu cet article dans son intégralité et que nos visites vous ont intéressés ! Alors, il nous reste à vous souhaiter une bonne journée avec ces passeurs d'histoire qui auront plaisir à vous transmettre leur savoir-faire et leur connaissance sur leur patrimoine. Voyages dans le temps garantis !
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