Avec l'inflation, le vol de carburant est un phénomène qui prend de l'ampleur. Des centaines de litres qui disparaissent des stations essences ou de poids lourds en quelques minutes, les voleurs usent de stratagèmes encore jamais vus par les gendarmes. France 3 fait le point sur l'arnaque aux 5 euros. Cet article a été publié la première fois en août 2022.
Ils volent plus vite que leur ombre. Dans une station automatique de supermarché de Puiseaux dans le Loiret,1000 litres se sont évaporés en quelques minutes en août dernier. En pleine nuit, dans cette station 24h/24, les malfrats ont agi avec une astuce à la fois simple et sophistiquée.
Sur une première pompe, les voleurs font un petit achat de carburant par carte bancaire, cinq euros par exemple. Dans une station vieillissante, cette action déclenche en même temps la pompe voisine. Les malfrats se servent ensuite allègrement à celle-ci, remplissant des dizaines de jerricanes. Une technique trouvée sur internet, ont expliqué à la justice les trois hommes mis en cause.
De l'or noir au marché noir
Le tout pour créer un petit marché parallèle et revendre cet "or noir" à un prix qui fait rêver tout conducteur : un euro le litre. Les auteurs ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis. Ils avaient volé dans une autre station et été arrêtés une heure plus tard.
La plupart des cambrioleurs restent sur la méthode la plus connue, le siphonage, avec pour cible les camions de transport. A Tours, France Bleu Touraine rapporte le vol de 285 litres de carburant. Pris en flagrant délit, ils sont arrêtés alors qu'ils siphonnaient les camions d'une entreprise de Descartes, après avoir découpé un bout de clôture pour accéder aux engins.
Deux autres voleurs sont interpellés la même semaine à Saint-Paterne-Racan, dans une entreprise de cars de transports cette fois. Sur les cinq, un a été condamné à quatre mois de prison ferme, car déjà connu de la justice. Les autres n'ont pas encore été jugés.
"C'était quelque chose qui avait disparu, et cet été on a subi de nouveaux cambriolages" remarque Cécile Chapeau, directrice générale de la société MDS transports. Dans cette entreprise qui travaille pour le BTP, les réservoirs ne sont pas fermés à clé pour une raison très simple : "les voleurs n'hésitent pas à percer dans ce cas-là, donc il faut ensuite changer tout le réservoir, ce qui coûte encore plus cher". Pour se protéger, l'entreprise a en revanche un système d'alerte "on a une jauge qui voit le niveau à l'instant-t, lorsque le niveau baisse trop vite, on a un message par téléphone et mail" explique la dirigeante.
Bientôt des vols de roues de secours ?
Pour l'entreprise Montargoise S.M.T.R.T, même problématique : "On ne met même pas de bouchon anti siphonage, ils retirent complètement la jauge quand il y en a un" désespère Chris Gauthier, le directeur.
Les vols qui se répètent deviennent de plus en plus inquiétants pour ces structures. En août, Chris Gauthier s'est fait dérober 500 litres de gasoil sur l'un de ses tracteurs routiers : "à deux euros le litre, ça grimpe vite". Pour lui, la perte est sèche, "même quand on porte plainte, il n'y a pas de suite" assure-t-il, presque résigné.
Ses livreurs de produits laitiers et salades sont déjà préoccupés par les cambriolages de marchandise : "pourtant on fait la route de nuit, donc les repos sont en journée, ce qui nous rend moins vulnérables". A la vue de l'inflation grandissante, ce chef d'entreprise craint même d'autres vols : "les roues de secours ou encore les extincteurs". Du déjà-vu affirme-t-il.