Au championnat de France de bûcheronnage sportif, les concurrents montrent de quel bois ils se chauffent

Bellegarde, dans le Loiret, accueille ce week-end les épreuves du championnat de France de coupe de bois sportive. Une discipline de niche, avec seulement une vingtaine de licenciés en France.

Le geste est précis, l'œil attentif au moindre mouvement de l'arbre, les doigts sentent la sciure défiler sous les dents de la tronçonneuse. Bref : le bûcheronnage se fait ici sportif. Ici, c'est Bellegarde, dans le Loiret, dont la célèbre foire aux rosiers fait son grand retour en ce long week-end de Pâques. Et au sein même de la foire, seize ardents compétiteurs disputent la troisième manche des championnats de France de coupe de bois sportive.

Seize compétiteurs puisque, il faut bien l'admettre, la discipline reste de niche dans l'Hexagone. Selon Daniel Valette, référent coupe de bois sportive à la fédération national du sport en milieu rural, il n'y aurait qu'une vingtaine de licenciés en France, au sein de quatre clubs. "C'est confidentiel, mais on est quand même contents de représenter la France aux championnats du monde !" Car les vainqueurs des épreuves iront porter le drapeau en Estonie, en 2023, pour la coupe du monde.

Connaître le bois

Et certains des représentants tricolores pourraient bien venir du Loiret. Car Bellegarde compte l'un des quatre fameux clubs de bûcheronnage sportif de France, au sein du CFA agricole et forestier. Marilyse Huicq, 20 ans, y prépare son bac après avoir décroché son CAP en travaux forestiers. "Je me suis dit, pourquoi ne pas essayer !" D'autant que, dans son club, elle est "la seule fille" au milieu d'une dizaine de garçons, ce qui "ajoute de la compétitivité". 

Ce matin, elle participait à l'épreuve d'abattage. Le but : scier un arbre à sa base, en le faisant tomber au plus près d'un piquet planté à plusieurs mètres de là. Le tout en moins de 3 minutes, avec examen par un jury de la souche après coupe. Tout un programme, et une connaissance du bois incommensurable pour savoir exactement où et quand le bois finira pas craquer.

Yoan Caparros, lui, l'admet : il s'est un peu planté sur l'abattage. "Il y avait un peu de vent, je ne suis pas tombé sur le piquet." Pourtant, il reste premier du classement, grâce à ses performances au changement de chaîne notamment. L'objectif, comme son nom l'indique, est de changer la chaîne d'une tronçonneuse le plus rapidement possible. Ce samedi, Yoan a réalisé la performance de la matinée : 8 secondes et 36 centièmes. À 33 ans, il a déjà été champion du monde de changement de chaîne, et champion d'Europe et plusieurs fois de France en coupe de bois sportive de façon générale. 

Lui pratique depuis 16 ans. "Ça fait quelques heures d'entraînement", souffle-t-il. Alors quelles qualités faut-il développer ? "Aucune !", balance-t-il, reconnaissant quand même qu'il "faut être méticuleux".

Les professionnels

Marilyse Huicq, elle-aussi, est quelque peu passée à côté de son abattage, mais attend son épreuve favorite : l'ébranchage. Pourquoi ? "C'est une épreuve de rapidité, et ça demande largement moins de précision que les autres épreuves", rit-elle. Là, il faut couper le plus rapidement possible des branches disposées le long d'un tronc, avec des points bonus pour la qualité de la coupe. Une épreuve dans laquelle Yoan Caparros excelle, comme il le démontre dans la vidéo ci-dessous.

Autres épreuves : la coupe combinée -où il faut inciser deux tranches de bois alternativement par le haut et le bas- et la coupe de précision. Pour cette dernière, un tronc est posé horizontalement sur une planche. Objectif : "Couper deux billons et descendre le plus bas possible sans toucher la planche", explique Denis Mocquard, venu de Nantes pour concourir. Pas de chance, lui a touché la planche, "masquée par un lit de sciure".

Pour lui, les entraînements, c'est le week-end sur des petits chantiers. Car, si l'immense majorité des compétiteurs sont des professionnels du bois, Denis, qui travaille dans la construction navale, fait ça pour son loisir. "Je pratiquais un peu à mes temps perdus, et ils m'ont dit : "Viens jouer avec nous.""

A quelques points du podium

De façon générale, les pratiquants font leur entrée dans ce sport via les établissements d'enseignement des métiers du bûcheronnage. "C'est un sport qui vient de pays de tradition plus forestière, comme l'Allemagne, la Scandinavie, la Suisse", explique Didier Polanowski, directeur du CFA agricole et forestier de Bellegarde et promoteur du club local. 

Retrouvez le reportage de Laurie-Anne Virassamy et Yves Le Bloa :

durée de la vidéo : 00h02mn19s
La foire aux rosiers de Bellegarde accueille la troisième manche des championnats de France de coupe de bois sportive. ©Laurie-Anne Virassamy/Yves Le Bloa

Si bien que, si la coupe du monde se tient depuis les années 50, la France ne participe à la coupe du monde que depuis les années 80. Avec une belle place en 2018 : 4e, "à très peu de points du podium". Autant dire que, pour 2023, les espoirs tricolores sont importants. On touche du bois !

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