C’est un appel à témoin de grande ampleur qu’a lancé l’association Courtenay en poésie. Elle cherche l'identité d'une quinzaine de personnes, photographiées il y a près d'un siècle, à Courtenay (Loiret). Les clichés viennent d'être retrouvés.
Pour certains, c'est le trésor de Courtenay. Il a été découvert en août 2020, lors de travaux de rénovation d'une ancienne crêperie. "J'étais très ému le jour où j'ai trouvé les photos", se rappelle Frédéric Baron, le président de l'association Courtenay en poésie. Sa trouvaille ? Une trentaine de plaques photographiques, datant du début du XXème siècle.
Pas d'indications, pas de documents. On sait peu de choses. Un collectif se crée alors pour trouver des informations sur les noms de ces seize modèles et appel à témoins est lancé. Pour marquer le coup, en mars 2021, à l'occasion du Printemps des poètes, l'association monte au Pôle culturel de Courtenay, une exposition appelée "Des vies d'hier à aujourd'hui". Nos journalistes Nicolas Robertson et Vincent Logereau avaient suivi les préparatifs, le 05 mars dernier :
"Je l'ai reconnu tout de suite" : la recherche porte ses fruits
Bébert, l'homme à l'enfant, la liseuse… Chaque personnage a son surnom, en attendant de découvrir son identité et son histoire. "On a tous quelque part des gens qu'on a oubliés. C'est important de les faire ressortir du passé", explique Pascal Crosnier, passionné de généalogie et de cartes postales anciennes. C'est aussi lui qui a restauré et colorisé les photos.
Petit à petit, ce travail de longue haleine porte ses fruits. Au début du mois d'avril, les mariés ont retrouvé leur nom : Louis Plancoulaine et Marie-Thérèse Dard. Ils se sont rencontrés à Rozoy-le-Vieil, avant de se marier à Foucherolles, à côté de Courtenay, le 19 septembre 1925. Louis a été garde-chasse, puis est décédé en 1940 à Châteauroux (Indre), sur la route vers le Sud, pour fuir la France occupée. Cette histoire a été racontée par sa nièce, Lucette Silard, 90 ans. Louis était le frère de son père. "Je l'ai reconnu tout de suite en regardant la photo. C'est vraiment touchant de revoir ces photos aussi longtemps après", sourit-elle.
C'est lors d'un rendez-vous chez sa coiffeuse que Lucette tombe sur le cliché. "Elle s'est installée au shampoing. Il y avait les seize portraits devant elle", raconte Adélaïde Germann, propriétaire du salon Nouvel éclat. "Elle m'a posé des questions. Je lui ai expliqué l'histoire des photographies. Elle m’a dit : "je reconnais les mariés". Lucette rentre chez elle, trouve la photo du mariage. C’est la confirmation que tout le monde attendait.
Un appel à témoins au-delà du Loiret
Ces premiers noms ont été trouvés grâce à l'installation des portraits dans les vitrines des magasins de Courtenay, où ils resteront jusqu'au 1er mai. Car la clé d'un appel à témoin, c'est d'être entendu et relayé par le plus grand nombre. "Tout le monde n'a pas pu se déplacer au Pôle culturel. Le fait de poursuivre l'exposition dans les commerces, ça a donné un attrait supérieur pour la population", assure Adélaïde Germann, aussi 3ème adjointe au maire, chargée de la culture et du patrimoine. Une vingtaine de professionnels ont joué le jeu.
"Ça donne une unité dans la ville", explique Elsa Riou, fleuriste installée sur la place principale du centre-ville."Et puis ça fait parler. Aujourd’hui, on ne se parle plus trop". Le Covid est passé par là.
Les interrogations suscitées par les photos alimentent les conversations, mais Frédéric Baron veut aller au-delà. Louis Plancoulaine venait de la Creuse et Marie-Thérèse était originaire du Cher. "On peut supposer qu'il y a une grande majorité de Curtiniens qui ont des origines autre que curtinienne. Grace à cet avis de recherche, on va peut-être savoir qu’il y a des gens qui venaient plus du sud ou plus du nord de la France".
Et vous, les reconnaissez-vous ?
Si vous reconnaissez ces personnes, vous pouvez contacter l’association Courtenay en poésie en lui envoyant un courriel à courtenay.en.poesie@gmail.com ou en appelant au 06 77 06 81 38.