Crise climatique : comment les catastrophes naturelles vont compliquer l'accès aux contrats d'assurance d'ici 2050

Selon les projections d'un rapport, dans 25 ans le taux de résiliation d'assurance sera sensiblement plus élevé dans certains départements, dont le Loiret. Un scénario imputable aux effets du dérèglement climatique.

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Inondations, épisodes de sécheresse, tempêtes, orages de grêles, depuis quelques années ces phénomènes climatiques se répètent. Ils inquiètent par leur intensité croissante qui engendre des dégâts considérables.

Résultat : en 2025 le prix des primes d'assurance va augmenter en moyenne de 10 à 12% en France. Cette moyenne est bien supérieure encore lorsqu'on se concentre uniquement sur les endroits les plus à risques, les zones situées près de la mer ou d'un cours d'eau. 

L'autre effet, plus alarmiste, est la désassurance.

Quand les assureurs fuient le risque climatique

Elle est pointée dans les projections de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), une institution chargée de la surveillance de l'activité des banques et des assurances en France.

Dans un rapport, cet organisme - intégré à la Banque de France - a publié une carte de France des taux de résiliation d'assurance pour 2050.

Selon les projections, "il semblerait que la Bretagne nord ainsi que les Côtes Méditerranéennes soient les territoires où les seuils de résiliation seraient les plus élevés". En 2050, le taux de résiliation dans les Côtes d’Armor serait ainsi de 7,15 %. Cela s'expliquerait par une exposition plus grande aux risques climatiques dans ces zones.

Et tout le monde est concerné par les risques de résiliation.

Selon le rapport de la Caisse Centrale de Réassurance, la sinistralité (le ratio financier entre les montants à dédommager et primes encaissées) passerait de 27% à 62% du seul fait du changement climatique, allant jusqu'à 85 % dans les zones inondables, submersions marines et retrait-gonflement des argiles. Il deviendrait donc de moins en moins rentable pour les assureurs de travailler dans ces zones.

Les collectivités en première ligne

Le coût des dégâts est évalué à 747 millions d'euros par an et touche les particuliers, mais de façon plus importante les collectivités locales.

Une question au ministre de l'Économie, publiée dans le Journal Officiel du Sénat le 09/11/2023, évoque les conseils régionaux, départementaux ou les communes qui vont devoir faire face au financement de trois nouveaux postes.

Il s'agit de la prévention, notamment vis-à-vis des risques de ruissellement et de sécheresse, de la négociation avec les assurances de la couverture d'événements d'intensité anormale avec l'ajustement du critère de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle et, enfin, de la nécessité de se couvrir contre les catastrophes naturelles à un prix abordable.

Trois enjeux majeurs qui menacent la solvabilité du système assurantiel dans les 25 prochaines années.

Et la région Centre-Val de Loire n'est pas épargnée.

D'après l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le Loiret figurerait potentiellement, à l'avenir, dans les départements les plus touchés par le taux de résiliation.

En 2050, ce taux de désassurance pourrait atteindre 5 à 10% de l'ensemble des contrats. Une alerte à minimiser par l'impossibilité de connaître les effets d’inflation des tarifs et les décisions éventuelles des assureurs de répercuter l’évolution de l’exposition du département à la sécheresse et aux inondations sur les primes. Ainsi, dans le cas précis du Loiret, ce modèle théorique aboutit plutôt à quelques centaines ​de résiliation d’assurés en 2050.

A contrario, les autres départements de la région Centre-Val de Loire seraient peu impactés, entre 0,5 et 3% de résiliations.

C’est dans ce contexte que trois experts, dont un ingénieur du BRGM d'Orléans, Gonéri Le Cozannet, spécialiste du changement climatique, ont été mandatés par le précédent Gouvernement pour mener une mission sur l'assurabilité.

Leur rapport a été remis le 2 avril 2024 à Christophe Béchu, l'ex-ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Les recommandations formulées dans le rapport visent à :

  • rééquilibrer financièrement le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles,
  • renforcer la prévention individuelle et collective face aux aléas climatiques,
  • maintenir un système assurantiel protecteur, accessible et mutualisé entre tous les assurés,
  • favoriser les actions en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le rapport propose notamment un système de bonus-malus fiscal pour les assureurs, basé sur le niveau d’exposition aux aléas climatiques des zones assurées, pour éviter que certaines zones soient délaissées par le marché assurantiel.

Les préconisations de ce rapport viendront alimenter le plan national d'adaptation au changement climatique, qui vise à "mettre en œuvre les actions nécessaires pour adapter, d’ici 2050, les territoires de la France métropolitaine et d'outre-mer aux changements climatiques régionaux attendus".

En conclusion, les experts recommandent également de renforcer les efforts de prévention pour contenir la hausse des coûts des sinistres. Il s'agit de multiplier les investissements dans la résilience des bâtiments, par exemple, à l’avenir, les dommages consécutifs au RGA (retrait-gonflement des argiles), devraient tripler sur la période 2020-2050 selon France Assureurs. 

Il est aussi question de l'amélioration de la connaissance des risques, en particulier en consolidant la cartographie des zones exposées aux aléas naturels majeurs. 

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