Crue de la Loire : "les sternes qui nichent dans le sol ne pourront pas faire de ponte de remplacement"

La Loire est montée d'1m70 en 36 heures. Résultat de cette crue remarquable : elle a recouvert toutes les zones sableuses où les oiseaux nichent, comme les sternes. Si leur descendance de cette année est compromise, le phénomène est compensé par la longévité de ces oiseaux migrateurs.  

"A cette période de l'année, normalement en bords de Loire, il y a une grève sableuse de 3 hectares avec quelques branches de peupliers et des saules qui poussent desssus. C'est la période de l'étiage, quand les niveaux d'eau sont bas."

Munie de sa longue vue d'ornithologue, Damien Hémeray, le conservateur de la réserve naturelle de Saint Mesmin répère quelques passereaux et constate l'étendue des dégats. "La crue a recouvert l'ensemble des zones sableuses où les oiseaux nichent habituellement. C'est le cas des sternes mais aussi du petit gravelot, un petit échassier. "

Des poussins emportés par la crue

Si cette crue n'a pas eu de grandes conséquences sur les espèces qui sont mobiles, les répercussions pour les oiseaux comme les sternes sont irréversibles : "Les sternes sont nidifuges, c'est à-dire qu'ils quittent le nid très rapidement après la ponte, mais ne volent pas avant plusieurs semaines. Donc, malheureusement, tous ces jeunes-là ont été emportés par la crue", déplore Damien Hémeray. 

"Comme on est fin juin, les oiseaux vont avoir du mal à faire une ponte de remplacement. Ce sont des oiseaux migrateurs. Dès la fin du mois d'août, ils seront repartis. Donc le temps de repondre et d'élever les jeunes, ce sera trop tard. "

La perte de la descendance compensée par la longévité des oiseaux

Mais la nature est bien faite. Les sternes vivent entre 20 et 25 ans. "Donc, si il y a une ou deux saisons où elles ne peuvent pas se reproduire, elles misent aussi sur leur longévité pour assurer leur descendance. " 

La crue, le secret beauté de la Loire

Statistiquement, une crue en cette saison n'est pas exceptionnelle. Il y en a une tous les deux ou trois ans. En revanche c'est son ampleur qui est remarquable. " La Loire est montée d'1m70 en 36 heures. Une telle rapidité est assez rare," constate le conservateur de la Réserve naturelle.  

Pour cet amoureux du fleuve sauvage, pas question de tomber dans le catastrophisme. Les crues font partie de la vie de la Loire, elles sont même "importantes pour sa dynamique et la diversité de ses paysages", précise-t-il. 

"Ce sont ces alternances de crues et de basses d'eau qui vont modeler le paysage. La crue va emmener du sable, va le déposer ailleurs et ce seront les îlots de l'année prochaine. C'est comme ça aussi qu'elle rajeunit les milieux et crée cette mozaique qui est tellement riche et qui abrite une biodiversité si particulière. " 

D'ici 48 heures, le fleuve aura repris son cours normal avec ses paysages d'été. Les oiseaux eux auront retrouver leurs bancs de sable où ils trouvent nourriture et tranquillité. 

 

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