En plein litige avec le Conseil départemental, l'auto-école solidaire de Saint-Jean-de-la-Ruelle se dit en danger

L’association Respire, basée à Saint-Jean-de-la-Ruelle, pourrait fermer son auto-école dédiée à l’insertion sociale. Un litige financier l'oppose au Conseil départemental du Loiret qui lui réclame 32 500 euros.

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L'association Respire, à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret), ne pourra peut-être bientôt plus maintenir son service d'auto-école dédiée à l'insertion sociale. Mercredi 5 février, le personnel de la structure manifestait devant le siège du Conseil départemental du Loiret, à Orléans, contre la suppression de 32 500 euros de sa subvention annuelle allouée par le Département. Faute de récupérer ces fonds, Respire annonce qu'elle devra fermer son école de conduite cette année.

Cette somme correspond à la moitié d’une dette que le Conseil départemental estime devoir recouvrer au titre du remboursement d’une avance du Fonds social européen (FSE), octroyée par le Département. En 2022, l’association avait bénéficié d’une avance de 65 000 euros du FSE, destinée à soutenir des initiatives favorisant la création d’emplois. Mais en 2023, une fois l'heure du remboursement venue, l'association a été placée en redressement judiciaire.

Un litige autour des subventions

Dans ce contexte, ses dettes ont été gelées et tout remboursement auprès d'un créancier non-déclaré est impossible. "Le mandataire a contacté le Département pour qu’il se déclare créancier, ce qu’il n’a pas fait. Ils veulent maintenant qu’on rembourse, mais nous avons interdiction de le faire car la somme réclamée n’est pas retenue par le tribunal", explique Katia Baudoin, la directrice de l’association. "Même si on pouvait se le permettre, on ne serait pas autorisés à rembourser du fait du redressement judiciaire".

Elle ajoute : "Ce qu’ils estiment être une dette n’en est pas une. On sort d’un redressement judiciaire compliqué, on sort la tête de l’eau, on rembourse nos dettes, et là c’est le coup de grâce". Selon elle, en retirant des subventions, le Conseil départemental "a décidé de se faire justice lui-même". La directrice affirme avoir alerté le mandataire, qui a écrit à deux reprises aux élus pour rappeler qu’ils "n’ont pas le droit" de procéder ainsi. Elle déplore une décision qui risque, selon elle, de détruire un modèle social vital pour des personnes éloignées de l’emploi.

L'auto-école gérée par Respire aide chaque année une centaine de personnes en insertion sociale à passer le permis de conduire. © Samuel Foucault / France Télévisions

En réponse, le Département du Loiret, par la voix de sa vice-présidente Anne Gaborit, a souligné l’importance du remboursement des fonds publics. "Quand on dépense de l’argent, malheureusement, il faut qu’on nous le rende. C’est de l’argent public, on ne peut pas faire n’importe quoi", a-t-elle déclaré sur Ici Orléans. Le Département précise qu’une étude juridique est en cours pour évaluer la situation et qu’une décision sera prise prochainement.

De son côté, Respire indique poursuivre les discussions avec le cabinet du président du Conseil départemental, tout en respectant le plan de désendettement exigé par le tribunal. Chaque mois, 6 000 euros sont affectés au remboursement des créanciers déclarés, affirme la directrice, ce qui représente 4,6% des charges de fonctionnement de la structure. Avec un budget de 1,8 million d’euros en 2025, l’association emploie 43 salariés.

L'activité de l'association menacée

Malgré les difficultés financières, Respire continue de mener ses projets d’insertion sociale. Elle propose des contrats de travail aux personnes en difficulté, notamment via des activités comme la collecte de vêtements, l’entretien des espaces verts ou encore le nettoyage intérieur. Son auto-école reste un pilier de son dispositif d’insertion par l’activité économique, aidant chaque année une centaine de personnes à passer leur permis de conduire, dont une trentaine issue directement de son programme d’insertion. "Le permis est souvent un obstacle majeur à l’emploi", rappelle Katia Baudoin.

Cependant, cette activité pourrait être compromise par la baisse des subventions du FSE. Si l’association parvient à autofinancer 75% de son budget grâce à ses activités économiques, les aides publiques demeurent indispensables pour équilibrer les comptes, affirme la directrice.

Elle prévient que ce litige pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble des activités de l’association : "Le Département nous fait remettre en cause le plan validé par le tribunal car on se base sur des rentrées d’argent pour rembourser la dette. À cause de ça, on devra peut-être repasser au tribunal, et il pourrait décider de la liquidation de la structure".

Respire se dit prête à défendre son droit aux subventions du FSE, défini dans une convention, devant le tribunal administratif si nécessaire.

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