Alors que la manifestation contre l'antisémitisme prévu le 12 novembre se veut unitaire, la présence du Rassemblement national fait polémique. En Centre-Val de Loire, les parlementaires naviguent entre condamnation et dédramatisation.
C'est une manifestation qui crispe et qui divise. Non pas sur le fond de la question. Du Rassemblement national à La France Insoumise, tous les partis, de droite comme de gauche, dénoncent la hausse des actes antisémites constatés en France ces dernières semaines.
Depuis l'attaque terroriste du Hamas ayant coûté la vie à 1 194 Israéliens, le 7 octobre dernier, plus de 1 000 actes hostiles à la communauté juive ont été recensés dans tout l'Hexagone, selon les chiffres du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
C'est dans ce contexte, que la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance) et le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), ont appelé à une grande manifestation ce dimanche 12 novembre. Le 9 novembre, c'est l'association des maires de France qui a également appelé à des rassemblements dans tout le pays.
Pour la République,
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) November 9, 2023
Contre l’antisémitisme,
Ensemble, marchons dimanche ! pic.twitter.com/LwBDvm5glz
Union nationale
"Je serai présent à cette marche parce que je soutiens le mot d'ordre : contre l'antisémitisme et pour la République", explique le député renaissance d'Eure-et-Loir, Guillaume Kasbarian. "On ne peut pas tolérer que des juifs soient agressés ou stigmatisés dans notre pays", poursuit-il.
"Il y a nécessité de faire bloc contre la montée de l'antisémitisme", abonde Thomas Ménagé, le député Rassemblement national du Loiret, qui annonce participer à la manifestation. Le discours est identique pour le député écologiste de la Nupes Charles Fournier : "Je manifesterai à Tours, car l'antisémitisme est insupportable. Je regrette simplement que le mot d'ordre ne soit pas élargi à tous les racismes".
Les parlementaires du Centre-Val de Loire seraient-ils unis par-delà les clivages au nom de la lutte contre l'antisémitisme ? Pas vraiment.
La présence du RN divise
La présence du Rassemblement national fait polémique. "Ils sont totalement illégitimes pour manifester. Quand on voit que le président du RN Jordan Bardella est incapable de qualifier Jean-Marie Le Pen d'antisémite alors qu'il a été condamné plusieurs fois pour cela, c'est un problème", accuse Charles Fournier.
Plus nuancée, Pauline Martin, la nouvelle sénatrice Les Républicains du Loiret, estime "qu'il faut se rassembler par-delà les clivages et le conflit " au Proche-Orient, même si elle reconnaît que la présence du RN peut paraître "inappropriée ".
Il faut dire que la proximité de certains proches de Marine Le Pen avec des groupes de l'extrême droite la plus radicale a de quoi interroger. Pour rappel, Axel Loustau et Olivier Duguet, les deux anciens trésoriers du microparti de Marine Le Pen, Jeanne, ont été aperçus à une manifestation néofasciste, en mai dernier. En 2022, la candidate à l'élection présidentielle n'a pas hésité à salarier Frédéric Chatillon, accusé d'antisémitisme par plusieurs témoins, dans son équipe de campagne.
"Si on se reconnaît dans le mot d'ordre, il faut venir"
Du côté du Rassemblement national, en revanche, on considère que le danger, c'est La France Insoumise : "Il faut combattre l'antisémitisme qui vient du radicalisme islamiste et qui a le soutien de l'extrême gauche, en particulier de la France insoumise", soutient le député RN du Loir-et-Cher Roger Chudeau.
Interrogé sur les propos de Jordan Bardella et ceux de Mathilde Paris, la députée du Loiret, sur l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen, Roger Chudeau esquive : "Je ne répondrai pas à cette question, ce n'est pas à l'ordre du jour. Les accusations de l'extrême gauche ne servent qu'à détourner l'attention du vrai problème, celui de l'islamisme qui tue".
Côté Renaissance, on joue la carte des rassembleurs : "Si on se reconnaît dans le mot d'ordre de la manifestation, il faut venir. Le reste c'est de la politique politicienne et de la polémique", plaide Guillaume Kasbarian.
"Mais on peut se rendre à cette manifestation et dénoncer la présence du RN, or je n'entends pas des propos de la majorité qui vont dans ce sens ", rétorque Charles Fournier qui assure qu'il se tiendra "à distance" d'éventuelles personnalités du Rassemblement national.
"Cordon républicain"
Une position partagée par les écologistes, les communistes et les socialistes, qui ont appelé, par communiqué de presse, à manifester ce dimanche, mais en "réalisant un cordon républicain pour distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part et le RN et les forces d’extrême droite d’autre part. "
Nous proposons à toutes les Français·es de participer à la marche du 12/11 en réalisant un cordon républicain pour distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part et le RN et les forces d’extrême droite d’autre part. ⤵️ pic.twitter.com/V6cmscubQ7
— Marine Tondelier (@marinetondelier) November 8, 2023
De son côté, la France insoumise a annoncé qu'elle ne participera pas à la marche du 12 novembre à Paris, refusant de défiler "aux côtés d'un parti qui trouve ses origines dans l'histoire de la collaboration avec le nazisme".
En revanche, le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon, a participé, ce 9 novembre, à un rassemblement contre "l’antisémitisme et tous les racismes" en mémoire des victimes du pogrom nazi, la "Nuit de Cristal".