Rachid Markache, professeur de judo du club de Sully-sur-Loire depuis plus de 20 ans, a été démis de ses fonctions samedi 12 décembre. Dans l'incompréhension face à cette décision, parents et licenciés se mobilisent ce samedi 19 décembre pour apporter leur soutien au sensei.
"Courage Rachid, vous avez été un exemple pour Charles" ; "Je peux dire que Rachid est avant tout un passionné de son sport et de ses élèves." ; "Rendez Rachid à ses élèves". Des témoignages comme ceux-là, il y en a plusieurs sur le groupe Facebook J'aime le judo, je soutiens Rachid. Rachid Merkache, professeur de judo du SCM Sully depuis 21 ans, a été mis à pied puis licencié de son club le 12 décembre dernier. Depuis, ses élèves lui envoient des messages ou encore des dessins pour les plus jeunes. En soutien au sensei, un rassemblement est organisé par Laurent Barruet, vice-président du club, samedi 19 décembre à 10h devant la mairie de la commune.
"C'était le début d'une chasse aux sorcières"
Depuis un an, Rachid Merkache déplore des tensions entre lui et deux dirigeants du club. Il dit faire "une trentaine d'heures de cours par semaine, ce qui constitue des plannings assez chargés, surtout avec les compétitions en plus. J'avais donc demandé à toucher le salaire correspondant à mon taux horaire. Le secrétaire était d'accord jusqu'à ce qu'il m'annonce une baisse de 200 euros par rapport au salaire prévu. J'ai donc refusé de signer le contrat, suite à quoi il s'est énervé". Le professeur indique néanmoins que la personne s'est excusée depuis, admettant que ce n'était pas normal.
A partir du confinement, je n'ai plus eu de nouvelles des membres du bureau. J'ai appris par la suite que le président voulait rependre le club
Le professeur explique par la suite avoir découvert, avec un autre éducateur, un post à caractère islamophobe sur la page Facebook du Club Seynois Multi-Sport. Une publication qui les a dérangés et que le président de l'association a nié avoir partagé. Il se serait depuis "lancé dans une chasse aux sorcières" contre Rachid Markache. Quelques semaines plus tard, il reçoit un recommandé de son club, stipulant qu'il ne pourrait plus encadrer ses élèves pendant les compétitions. "Ca allait à l'encontre de mon contrat de travail".
En octobre, le président de la section judo convoque l'ensemble de son équipe. Suite à ces évènements, Rachid exprime son manque de confiance en eux : "j'ai dit au président qu'il était mieux qu'il démissionne car même les parents déploraient le manque de communication de la part du club. Il m'a envoyé un mail par la suite en m'accusant de mettre en danger la vie de son fils". Le professeur dit alors s'être adapté, mais le président a continué de critiquer ses méthodes, sous les yeux des autres parents et enfants, effrayés par la scène. 15 jours plus tard, le professeur était mis à pied jusqu'au 26 novembre.
"Connaissant le personnage, je me doutais que ça en arriverait là"
"J'ai reçu un courrier le 12 décembre qui m'annonçait mon licenciement. Connaissant le personnage, je me doutais que ça en arriverait là", explique Rachid Markarche. Une décision qui l'a profondément atteint. Depuis, il a déposé plainte à la gendarmerie, a pris un avocat pour lancer la procédure devant le tribunal des Prud'hommes. Selon sa conseillère syndicale, "le dossier ne tient pas la route, il est vide".
J’ai jamais vu un professeur qui travaille comme ça. Il s’implique beaucoup. Une fois par mois, on invite des personnes âgées à venir pratiquer le judo avec les plus petits. Il avait aussi une section d’enfants handicapés.
Laurent Barruet, le vice-président du club, évoque le contenu de la lettre et son licenciement "pour faute grave et mise en danger des enfants dont il avait la garde" alors qu'il n'y a jamais eu d'avertissement à son encontre. "Pour moi c'est toujours notre salarié. Je le defendrai jusqu'au bout, d'autant plus que le comité du Loiret, les cadres techniques et la fédération sont au courant et avec lui"
Sollicité par France 3 Centre-Val de Loire, Jean Pierre Amelin, le président de la CSMS, n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.