Loiret : une député LR réclame plus de 4000 € à des militants anti-glyphosate

Deux retraités de 62 et 68 ans du Loiret avaient collé des affiches sur la permanence de la députée de Pithiviers, Marianne Dubois en juin dernier. Ils entendaient ainsi interpeller l'élue sur son absence à l'Assemblée nationale, lors du vote sur l'amendement contre le glyphosate.

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La sortie du glyphosate ne sera pas inscrite dans la loi. Ainsi en a décidé l'Assemblée Nationale par deux fois en 2018. C'est dans le cadre du projet de loi "agriculture et alimentation" que les députés ont rejeté l'ensemble des amendements visant à graver dans le texte l'engagement présidentiel d'interdire la substance controversée, « au plus tard dans trois ans ».
 

Comme nous le rapportions à l'époque, seuls deux députés du Centre-Val de Loire étaient présents lors du second vote en septembre 2018. Six députés centrais sur 23 étaient présents lors du 1er vote en mai 2018. 
Parmi les députés absents ces jours-là figure, Marianne Dubois, député de la 5e circonscription du Loiret. Une absence que deux Loirétains n'ont pas supportée. Le 29 juin de l'année dernière, peu avant 22h30, François Coulmeau, 68 ans, et Claude Lipmann, 62 ans qui revendiquent leur qualité de "citoyens" et de "faucheurs volontaires", se sont rendus à la permanence de la député située au 2, faubourg d’Orléans à Pithiviers.
"Nous voulions demander à Madame Dubois pourquoi elle n’était pas à l’Assemblée nationale au moment du vote sur l’amendement permettant l’interdiction du glyphosate", indique François Coulmeau lors du procès qui s'est tenu ce jeudi au tribunal d'Orléans.

Pourquoi n’avait-elle pas défendu notre santé et celle de tous les citoyens ? 

ajoute son co-prévenu. En l’absence de l’élue, les deux militants ont collé neuf affiches sur les volets de la permanence. Sur l’une, on pouvait lire : "Glyphosate = permis de tuer. Interdiction immédiate" Un bandeau interpellait directement la députée : "où étiez-vous au moment du vote ?". Madame Dubois a donc porté plainte pour dégradation. Elle réclame plus de 4.600 euros de dommages et intérêts aux deux militants. 

Soutenus par une trentaine de militants, les prévenus contestent le terme même de dégradations. "Nous n’avions pas l’intention de détériorer les volets. Au demeurant, ils étaient à peu près dans le même état avant et après le collage des affiches", indique François Coulmeau. Du côté du parquet, le procureur de la République a rejetté l’argumentaire de l’état de nécessité. "Je ne vois pas, à 22h30, alors qu’il ne se passe rien dans la rue, où est l’urgence absolue de commettre des actes de dégradation. C’est la responsabilité de chacun de porter haut ses convictions. Mais il faut aussi en porter les conséquences", a déclaré Céline Visiédo, avant de requérir une amende de 500 euros contre chacun des prévenus.
  Maître Nicolas Gallon, l'avocat de la défense, a expliqué que le comportement de ses clients est lié "à l’incompréhension et à la colère. Ils n’ont pas compris le reniement des députés". Il estime "relativement sain que des citoyens s’intéressent à la chose publique".

Ils n’avaient pas l’intention de dégrader, mais de dénoncer,

a-il encore plaidé. Pour Maître Nicolas Gallon l’état de nécessité ne fait aucun doute. "Doivent-ils se laisser contaminer, les bras ballants, sans réagir ? Ils ont décidé de faire confiance à leurs représentants, et face au recul de ceux-ci, ils ont décidé d’agir" et de solliciter une relaxe pour ses deux clients.

La décision a été mise en délibéré au 21 mars.

► Reportage au tribunal d'Orléans, Pierre Bouchenot et Grégoire Grichois avec Raphaëlle Laurentin.
 
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