Le sous-traitant automobile Inteva Products France, qui possède trois usines, dont une dans le Loiret, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, mardi 9 juin. L’entreprise a six mois pour trouver un repreneur.
Le plan de soutien de huit milliards d'euros annoncé par Emmanuel Macron va-t-il sauver l’industrie automobile ? Difficile de le savoir pour le moment, en particulier pour les sous-traitants qui souffrent des conséquences de la crise de la Covid-19. C’est le cas d’Inteva Products France, dont le siège social est situé à Sully-sur-Loire, dans le Loiret. L'entreprise vient d’être placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, ce mardi 9 juin.
Fragilité financière et Covid-19
Spécialisé dans la conception et la fabrication d’éléments électriques pour l’automobile (moteurs électriques pour lève-vitres notamment), Inteva Products était en difficulté financière depuis plusieurs années. En 2018, l’équipementier automobile avait délocalisé ses lignes de production de lève-vitres en République tchèque, impliquant le licenciement de 77 personnes dont 22 sur le site de Sully-sur-Loire. En 2019, un deuxième plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) avait été mis en oeuvre, avec cette fois 38 suppressions de postes à Sully-sur-Loire.
L'arrivée de la crise de la Covid-19 a porté un nouveau coup de massue aux trois sites de Sully-sur-Loire (176 salariés), de Saint-Dié-des-Vosges (241 salariés) et d'Esson (246 salariés).
La rencontre de ces événements défavorables à notre activité, entraîne une réduction significative de notre chiffre d’affaires et de notre trésorerie. Malgré le recours au chômage partiel, et n’ayant pas accès au prêt garanti par l’État (PGE) pour cause de fragilité financière, Inteva Products France n’est pas à même de payer ses dépenses courantes ordinaires, explique le groupe dans un communiqué.
Après en avoir informé les membres de son Comité social et économique (CSE), la société a demandé le placement sous la protection judiciaire du tribunal de commerce d’Orléans, accepté le 9 juin avec une période d’observation de six mois.
Un avenir incertain
Ce projet de cession inquiète les syndicats sur le sort des 663 salariés, dont 176 salariés à Sully-sur-Loire. Sébastien Pierre est technicien méthode d'emboutissage, et représentant CFDT sur le site loirétain. "L’emboutissage est l’activité qui peut potentiellement intéresser un repreneur, mais ça ne représente que trente salariés. Pour le reste, on est très inquiets. Il n’y a pas assez de volume et de gain d’argent sur la partie assemblage de pièces de rechange. Même chose pour le pôle engineering, qui représente une centaine d’employés : si aucune offre de reprise n'est proposée, on s’attend à la fermeture pure et simple de ce pôle."
Dans tous les cas de figure, Philippe Guilbert, délégué CFTC, en est persuadé, “il y aura de la casse sociale.” Avant d’ajouter : “On a le sentiment que le groupe américain profite de la Covid-19 pour se débarrasser de sa filiale française à moindre coût.”
Interrogé par nos confrères de France Bleu Normandie ce mardi 10 juin, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, s'est dit prêt à étudier le cas d'Inteva Products France : "Moi je suis prêt à regarder chaque dossier, chaque situation individuelle, pour voir quelle solution alternative on peut trouver."