Après la fusillade qui a coûté la vie à un homme et blessé un autre le 17 mars dernier à Montargis, le procureur de la République, Loïc Abrial, a donné de nouvelles informations sur cette affaire, qui semble liée au trafic de stupéfiants contre lequel la justice déploie d'importants efforts.
On en sait désormais un peu plus sur les circonstances de la fusillade qui a tué un homme de 22 ans dans la soirée du 17 mars, et blessé un deuxième, âgé de vingt ans. Le procureur de la République de Montargis, Loïc Abrial, a déclaré dans une conférence de presse ce 19 mars que les trois personnes impliquées étaient "connues pour être en lien avec des trafics de stupéfiants". Karim A., le principal suspect dans la fusillade, était également mis en cause pour sa possible responsabilité dans un "trafic qui prospérait sur l'agglomération montargoise et a été récemment démantelé". Une information judiciaire a été ouverte pour "assassinat et tentative d'assassinat", et le parquet d'Orléans devrait rapidement se saisir de l'affaire pour permettre la désignation d'un juge d'instruction.
Le Groupe local de traitement de la délinquance reste "absolument nécessaire"
Depuis plus d'un an, plusieurs affrontements font en effet penser à "des réglements de compte" incluant des "clans" parfois extérieur à la région et en provenance, par exemple de région parisienne. Des actes "isolés", peu courants, mais contre lesquels la justice redouble d'efforts depuis plusieurs mois déjà.
Au mois de janvier, le parquet de Montargis annonçait en effet intensifier sa lutte contre des trafiquants pas forcément plus nombreux, mais mieux organisés plus diversifiés. Pour remplir cet objectif, un Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) avait été mis sur pied le 21 janvier. Le lieu même des faits, un immeuble de la rue de Crowborough, avait déjà été la cible d'une "multiplication des contrôles" et des opérations de police, avec des "saisies d'argent, d'armes à feu" à la clé. Trois mois après la mise en place du GLTD, ce fait divers sanglant ne sonne-t-il pas comme un aveu d'échec pour la justice ? "Quand quelqu'un meurt, on ne peut avoir qu'un regard négatif", concède le procureur, qui insiste cependant sur le fait que "le GLTD reste absolument nécessaire compte tenu de la situation".
"Quand je parle du GLTD, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien avant", poursuit Loïc Abrial. De fait, certains dossiers majeurs de trafic de stupéfiants, menés à terme récemment, ont débuté en "2018-2019". En revanche, "ce qui nous manquait c'était les moyens supplémentaires et coordonnés pour lutter au quotidien contre ces trafics de stupéfiants". Des moyens qui se traduisent par la présence accrue de policiers sur le terrain, une multiplication des contrôles, et "l'exploitation du renseignement" afin de démanteler les réseaux les plus importants.
Qu'il y ait des trafics de stupéfiants solidement implantés, que ça entraîne des luttes de territoire et parfois des réglements de compte, ce n'est pas lié au GLTD, mais au contraire le GLTD est une réponse à cela.
Mis en place pour un an et renouvelable, le GLTD fait l'objet de "bilans réguliers", explique également Loïc Abrial. Outre les forces de l'ordre, il inclut la participation des bailleurs sociaux, et, à l'avenir, l'Education nationale et d'autres acteurs "qui peuvent être inclus dans la lutte et la prévention contre les stupéfiants". Avec un objectif clair : "suffisamment attaquer ces trafics pour éviter qu'on se retrouve avec des luttes de territoires, car les enjeux sont tels que les uns et les autres sont prêts à tuer pour prendre le contrôle des différents points de deal."
"On est sur un volet répressif, que j'assume totalement, et qui ne va certainement pas aller en s'allégeant", insiste le procureur de la République, "mais le GLTD seul ne va pas régler la situation." La réponse, explique-t-il, doit aussi et surtout se jouer sur la prévention.