Le feuilleton de la caserne Gudin à Montargis connait un nouveau rebondissement. Une société immobilière devait y bâtir une résidence pour seniors mais après la mobilisation d'un collectif, le ministère de la culture a décidé d'inscrire la caserne à l'inventaire des monuments historiques.
"Nous tenions à donner notre position sur cette affaire qui commence un peu à nous courir sur le système", annonce en préambule d’une conférence de presse le maire de Montargis Benoit Digeon, visiblement très contrarié. Ce vendredi 11 mars, l’édile explique qu’il a reçu trois jours plus tôt, un mail du Ministère de la culture l’informant de l’inscription à l’inventaire des monuments historiques de la caserne Gudin. Une mesure qui, dans le courriel, est annoncée comme effective depuis le 9 mars bien que pas encore publiée au Journal Officiel, et qui contrarie le projet immobilier qu’avaient les élus pour ce site.
La création d’une résidence senior devient "impossible"
En 2019 l’Etat vendait en effet à l’agglomération montargoise l’ancienne caserne Gudin pour 750.000 euros. Un complexe de 35 bâtiments sur 5,5 hectares cédé "sans conditions" précise le maire de Montargis. Il avait ensuite délivré au Promoteur Nexity un permis de construire en vue de la réalisation d’une résidence service pour seniors qui impliquait la démolition de l’édifice principal de la caserne : le bâtiment de l’horloge, jugé en très mauvais état par le promoteur.
Mais avec l’inscription à l’inventaire des monuments historiques, la démolition est désormais interdite et le projet tombe à l’eau. "Techniquement la réalisation de cette résidence n’est pas possible en conservant les bâtiments en l’état ", explique le président de l’agglomération montargoise Jean-Paul Billault. "On est plutôt sur des appartements. Mais on n’en a pas besoin sur l’agglomération montargoise aujourd’hui. Donc ça veut dire que Nexity se retirerait du projet", déplore-t-il.
"Que l’Etat se débrouille maintenant avec ces bâtiments-là!"
La résidence senior prévoyait "la création de 122 appartements et de 25 emplois pour un investissement de 22 millions d’euros", explique à son tour le maire Benoit Digeon, qui reconnait l’intérêt architectural du bâtiment mais martèle aussi que "la municipalité ne peut pas tout absorber." En conséquence, les élus estiment que les conditions de la vente de 2019 ne sont plus respectées. Ils menacent donc de saisir la justice pour annuler le rachat du site par l'agglomération et le rendre à l'Etat, même si cela compromet plusieurs projets connexes comme la création d’une salle de spectacles, de deux hôtels, d’un centre des congrès … "Que l’Etat se débrouille maintenant avec ces bâtiments-là ! Et il y a fort à faire ! 35 bâtiments en très mauvais état. Et là il va falloir que l’Etat assume sa propriété", peste l’édile montargoise.
Satisfaction du collectif "Sauvons Gudin"
A l’origine de cette inscription, le recours du collectif "Sauvons Gudin" qui s’oppose à la démolition du bâtiment de l'horloge depuis plusieurs années. Son fondateur Alphonse Proffit a accueilli l’annonce comme "une grande nouvelle", et conteste la position des élus qui selon lui, peuvent toujours mener à bien leurs projets pour le site "en cohésion avec l’architecte des bâtiments de France."
Le coût de la rénovation du seul bâtiment de l'horloge est estimé à 14 millions d'euros. Une somme que Nexity n'avait pas l'intention de débourser. Une réunion avec le groupe immobilier doit encore avoir lieu le 25 mars pour étudier d'autres éventuelles options.