Vendredi 6 mars, le tribunal judiciaire de Montargis a jugé invalide l'inscription sur les listes d'un colistier du maire sortant, Benoit Digeon. Cette décision fait suite à un recours déposé par un opposant, présent sur la liste du candidat Manuel Ribeiro. Réactions.
À une semaine du scrutin du premier tour des élections municipales, les rebondissements ne sont pas terminés à Montargis, dans le Loiret.
Vendredi 6 mars, le tribunal judiciaire de Montargis a invalidé l'inscription sur les listes électorales de Maxime Joseph, 19ème sur la liste du maire sortant Benoit Digeon, après le recours d'un opposant. La raison ? Selon la justice, l'homme de 25 ans a renseigné une adresse, où il ne vit pas.
Cette adresse est celle d'un logement meublé, rattaché à la société "Le Bon Gîte" qui avait fait parler beaucoup d'elle en août 2019. Il était en effet reproché au président de l'agglomération de Montargis, Frank Supplisson, d’avoir signé des contrats de location d’appartements meublés avec cette société, dont il détient 20% des parts.Au final, Maxime Joseph ne pourra pas voter à Montargis pour les scrutins des 15 et 22 mars 2020. Il figurera en revanche sur la liste du maire sortant, soumise au vote : les listes ayant été officiellement validées en préfecture le 27 février dernier, il est impossible de les modifier à ce jour. S'il est élu, le colistier devrait logiquement être amené à démissionner, au profit du nom suivant dans la liste.
"Une négligence et non une fraude"
Le colistier réside en réalité à Corquilleroy "avec sa copine", explique Benoit Digeon. Joint par téléphone, l'élu affirme qu'il s'agit d'"une négligence et non d'une fraude" de la part du jeune homme. "Monsieur Joseph était bien inscrit sur les listes électorales de Montargis en avril 2018 et il vivait dans ce meublé. Il en est parti à l'automne 2018 et il a simplement oublié de se réinscrire sur les listes sa nouvelle commune".Et quand on demande au maire sortant si l'adresse de Maxime Joseph a été étudiée avant la conception des listes, Benoit Digeon répond simplement : "Vous savez, nous vérifions simplement que les candidats sont bien éligibles et inscrits sur la commune. Je ne connais pas personnellement tous les lieux de résidence de mes colistiers."
Pourquoi cette décision de justice ?
La décision du tribunal judiciaire de Montargis fait suite à un recours d'un opposant au maire sortant - Jean-Philippe Paulin, en 7ème position sur la liste de Manuel Ribeiro. Ce recours visait en réalité 3 colistiers de la liste de Benoit Digeon : Maxime Joseph donc, Thierry Jolly et Nora Meziane. L'inscription de ces deux derniers sur les listes électorales a été confirmée par la justice."J'avoue que je suis étonné par cette décision de justice", commente Jean-Philippe Paulin, joint par téléphone. "Pour moi, les documents fournis suffisaient à les faire radier des listes électorales. Je me réserve le droit d'aller en cassation." Le colistier de Manuel Ribeiro prendra sa décision dans les prochains jours.
Il se félicite toutefois d'avoir "agi en citoyen" et dénoncé ces irrégularités sur la liste de son concurrent. Pour le maire sortant, ce recours est le fruit d'une manoeuvre politique : "La liste de Monsieur Ribeiro cherche à tout prix à me nuire. J'ai 67 ans et j'ai connu bien des campagnes : mais là, je trouve ça extrêmement mal intentionné d'aller fouiller dans les listes concurrentes."
Benoit Digeon pointe du doigt des irrégularités dans les autres listes
Pour se défendre face au recours de Jean-Philippe Paulin, l'édile explique avoir étudié les autres listes de la commune, à la recherche d'irrégularités. "Rien que dans la liste de Monsieur Ribeiro, il y a 2 personnes qui posent problème. Dans celle de Monsieur Weber, 2 aussi. Et dans celle de Monsieur Nottin, il y en a 3 !"Benoit Digeon ne veut pas, en revanche, déposer de recours : "C'est trop tard, et on ne voulait pas rentrer dans ce jeu-là. Nous n'avons même pas épluché la liste de Madame Clergue, ça ne nous intéresse pas ! La démocratie se fera dans les urnes", affirme-t-il.
Pour Jean-Philippe Paulin, ces accusations visent à discréditer la candidature de Manuel Ribeiro : "C'est ridicule d'accuser ses concurrents : si ces irrégularités étaient vraies, il ne se serait pas gêné pour faire un recours. En plus, il a pré-validé l'ensemble des listes de la commune pour les municipales : ça veut dire qu'il aurait mal fait son travail ? S'il y avait eu un problème, il l'aurait signalé en amont."
Qui arrivera au deuxième tour de ces élections muncipales 2020 à Montargis ? Réponse le 15 mars prochain.