France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre la campagne des élections municipales 2020. Le débat a réuni les quatre candidats qui briguent la mairie de Montargis dans le Loiret : Benoît Digeon (LR), Bruno Nottin (PCF), Edouard Weber (Divers) et Manuel Ribeiro (Centre).
La campagne du second tour des élections municipales a débuté, et ce 19 juin les quatre candidats de Montargis ont débattu sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire.
Quatre des cinq listes présentes au premier tour ont décidé de se maintenir. Les dissensions qui règnent au sein de l'opposition ont empêché aux listes de gauche, citoyenne et du centre, de faire alliance. Ces dissensions placent le maire sortant Benoît Digeon (LR) en ballotage favorable.
Montargis est la ville la plus pauvre du Loiret, avec plus 33 % des habitants qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Le premier tour a été marqué par une très forte abstention, puisque seuls 37,21% des inscrits sont allés voter le 15 mars 2020.
Parmi les thèmes abordés dans ce débat diffusé sur France 3 Centre-Val de Loire à 18h40, ce vendredi 19 juin, l'accès aux soins, l'avenir de la caserne Gudin et l'environnement.
1. L'accès aux soins
C'est le sujet qui a opposé le plus longuement les quatre candidats à la mairie de Montargis.
Les trois candidats de l'opposition s'accordent sur un constat : la maison de santé pluridisciplinaire de Montargis est un échec. "On est dans un désert médical. Vous avez une maison médicale qui n'est pas financée par l'ARS. Nous avons trois fois moins de médecins qu'ailleurs. Il faut un centre de santé public". Bruno Nottin, tête de liste PC-LFI-Génération(s) interpelle le maire sortant Benoît Digeon. " Il y a des maires de droite qui n'ont pas d'oeillères. Vous, si".
Le premier magistrat de Montargis, tête de liste LR, rétorque en reprenant ses notes : "On a 250 médecins à Montargis avec l'hôpital. Il n' y a pas de problème de médecins à Montargis. Le problème existe partout dans les campagnes. Notre maison de santé pluridisciplinaire compte deux gynécologues, une sage-femme, deux infirmières, deux podologues, un ostéopathe et deux généralistes. "
Le candidat de la liste citoyenne, Edouard Weber, réagit immédiatement : "Oui en effet deux généralistes et deux gynécologues qui arrivent directement de l'hôpital. Mais il est essentiel de faire ce centre de santé communal."
"Un centre de santé public et pas mixte !", intervient Bruno Nottin.
"Oui, nous sommes d'accord", répond Edouard Weber. "Nous n'opposons pas salariat et public. Il y a actuellement une maison de santé à Montargis avec un certain nombre de médecins libéraux. Cette structure peut continuer de vivre. Mais à côté, il faut monter une maison de santé communale et il faudra bien payer les jeunes médecins pour les faire venir. On les accompagnera avec les dix médecins qu'on a réunis et qui vont les soutenir bénévolement".
A quoi le candidat sans étiquette Manuel Ribeiro, soutenu par LREM, ajoute : " 90 % du programme de monsieur Digeon est celui de Jean-Pierre Door. Les 10 % qui restent sont la continuité de sa politique. La maison de santé est un bon exemple. Il a créé une maison de santé qui ne marche pas, et ce n'est pas grave. Je suis effaré. Je veux que chaque Montargois se pose la question quand monsieur Digeon dit qu'il n' y a pas de problème de médecins à Montargis. "
2. L'avenir de la caserne Gudin
La caserne Gudin est une friche de 5,5 hectares qui appartient à l'Agglomération. Située sur la commune de Montargis et d'Amilly, elle suscite le débat quant à son utilisation.
C'est Bruno Nottin, tête de liste PC-LFI-Génération(s) qui ouvre le débat sur cette question. "On propose d'y installer une maison des associations, un centre de loisirs pour les jeunes, un IUT mais aussi des logements mixtes avec des jardins. Ce sont des propositions mais on ne peut pas en discuter avec l'équipe municipale en place. "
Benoît Digeon répond au candidat de gauche arrivé deuxième au premier tour: " Ce n'est pas vrai. On a fait des propositions qui ont été exposées à la population. Aucune décision n'est prise pour le moment. Deux, trois choses sont en cours, comme une résidence seniors, une infirmerie pour des SDF, et une structure d'accueil pour des familles en difficulté. Sortis de ça, il reste énormément de place. Tout est ouvert".
Le candidat centriste sans étiquette Manuel Ribeiro intervient: " Il faut effectivement partir des besoins réels des Montargois. J'entends par exemple une résidence séniors et en même temps j'entends qu'on va mettre une salle de spectacle juste à côté. Je me dis mais les voitures qui démarrent à 23 h le soir au pied de la résidence séniors, est-ce que quelqu'un s'est posé la question ? Gudin ne doit pas être un fourre-tout. C'est pas parce qu'on a de la place qu'il faut tout y mettre".
Le candidat de la liste citoyenne, Edouard Weber profite du sujet de la résidence seniors pour parler de la mobilité dans la ville. "S'il y a une résidence seniors à Montargis, il faut que les résidents trouvent des médecins, et qu'ils soient en sécurité sur les trottoirs. Ce ne sera possible qu'avec des pistes cyclables."
3. L'environnement : du plan vélo à la régie agricole communale
Transition idéale pour le candidat centriste Manuel Ribeiro qui a placé le Plan vélo au coeur de son programme : "On a des avenues fabuleuses qui permettent d'avoir de la place. Prenez, par exemple, l'avenue de Gaulle qui a été refaite. On a fait des contre-allées sans piste cyclable".
Réponse du maire sortant : " Ce sont des zones de rencontre limitées à 20 km/h. Les vélos y sont accueillis comme les piétons".
Pour Bruno Nottin, le candidat communiste, plus qu'un plan vélo, "c'est un grand plan de transport qu'il faut pour Montargis notamment avec des transports gratuits".
"Et pour aller plus loin en matière d'environnement, il faut une régie centrale agricole. La ville doit produire elle-même ses fruits et ses légumes bio pour les cantines, les crèches et les repas à domicile. De 16 % actuellement, on passerait à 85 % . "
Benoît Digeon n'est pas contre cette idée, mais il met en avant les difficultés de mise en oeuvre :"C'est illusoire. Monsieur Nottin est dans le rêve. Aujourd'hui, 16% de la cantine est bio et on ne peut pas faire plus. La production est à côté, mais c'est le réalisme qui nous touche aujourd'hui. Il faut trouver de quoi nourrir 800 personnes chaque jour."
Bruno Nottin ne comprend pas. "D'autres communes de la même taille que Montargis y arrivent pourtant".
Benoît Digeon assume : " Nous n'y arrivons pas pour le moment, mais on y va. "
Et Edouard Weber, de la liste citoyenne de conclure : "La ville de Montargis n'est pas entrée dans une démarche écologique jusqu'à présent. Le rapport qui correspond à la rénovation énergétique le démontre. La facture énergétique va augmenter de 70% dans les dix années à venir. Il faut impérativement s'en occuper, sinon ce serait irresponsable pour les particuliers et les entreprises."
Retrouvez l'intégrale du débat présenté par Xavier Naizet dans la vidéo ci-dessous ou en cliquant ici :
Les débats de France 3
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L'impossible alliance de l'opposition entre les deux tours
Au premier tour, Benoît Digeon, candidat Les Républicains et maire sortant avait obtenu 37,75% des voix.Suivait la liste PCF-LFI "Montargis pour tou-te-s » de Bruno Nottin avec 20,74% puis Edouard Weber, liste citoyenne "Citoyens du Montargois" avec 19,66% et enfin la liste divers centre "Agir ensemble pour Montargis » de Manuel Ribeiro avec 18,39%.
L’ensemble de ces listes se maintient au second tour, soit quatre listes pour Montargis. Pourtant, les listes de gauche avaient tenté de s’unir pour faire front face au maire sortant. Mais aucune des trois listes d’opposition n’a trouvé terrain d’entente pour une union.