Réunis en congrès à Strasbourg ce 10 novembre, les départements de France ont exprimé leur colère face à la mission initiée par Emmanuel Macron qui menace de supprimer certaines collectivités. Invitée, la Première ministre a tenté de les rassurer au risque de contredire le Président.
L'inquiétude n'aura duré que quelques jours, mais la vigilance reste de mise. Réunis en congrès ce 10 novembre à Strasbourg, les conseils départementaux ont fait part de leur vive inquiétude après l'annonce d'une mission de "simplification territoriale" confiée par Emmanuel Macron à Éric Woerth, l'ancien ministre du Budget et actuel député de l'Oise.
L'objectif : "réduire le nombre de strates décentralisées", qui, selon Emmanuel Macron, sont "aujourd’hui trop nombreuses", indique cette feuille de route dévoilée par nos confrères d’Acteurs publics.
"Ce n'est pas bon signe"
Des termes qui ont provoqué la colère des conseils départementaux, ces derniers y voyant, à terme, une menace de suppression de leur collectivité. "À ce congrès, nous avons réaffirmé notre volonté d'autonomie politique", raconte Philippe Gouet, le président du département de Loir-et-Cher. Selon lui, supprimer les départements serait une erreur : "Nous sommes une collectivité de proximité et nous jouons, par exemple, un rôle essentiel sur les questions de solidarité".
Par exemple, les départements s'occupent de l'action sociale en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées,de l'enfance et de la famille et des personnes en difficulté. Ils ont aussi à leur charge les collèges, la voirie ou encore la sécurité incendie.
Autant de compétences départementales que ne veut pas non plus voir disparaître le président centriste du conseil départemental du Loiret, Marc Gaudet : "À gauche comme à droite, on s'insurge. Vouloir supprimer des strates ce n'est pas bon signe", s'inquiète-t-il avant de rappeler : "Nous avons été en première ligne pendant la crise du Covid, nous sommes la collectivité de la proximité", insiste-t-il, lui aussi.
Elisabeth Borne tente de rassurer
Invitée au congrès, la Première ministre Elisabeth Borne s'est voulue rassurante en promettant un soutien renforcé de l'État aux départements. Au risque de contredire le Président ? "C'est vrai que c'est un peu particulier, sourit Philippe Gouet, mais la Première ministre a eu un positionnement très catégorique, c'est rassurant."
Marc Gaudet se dit également "rassuré" mais reste "vigilant" sur la suite de cette mission : "Le patron, c'est le président de la République, c'est lui qui fixe l'orientation". Une affaire qui sera sans doute suivie de très près par les élus départementaux.