Les avocats du barreau d'Orléans, en grève depuis le 21 mars, organisent leur grève autour d'actions symboliques.
Il y a cinq jours, ils avaient symboliquement mis en vente le palais de Justice. Ils décrètent cette fois la mort de la Justice. Quelque 70 avocats du barreau d'Orléans sont engagés dans une grève totale depuis le 21 mars. Totale, et spectaculaire.
La réforme de la discorde
Ils sont vent de bout contre le projet de réforme de la Justice, mené par la ministre Nicole Belloubet. Il a été présenté le 9 mars et porté le 15 mars devant le Conseil d'Etat, avant l'ouverture du débat parlementaire.
Ils redoutent une la "déjudiciarisation" de la justice. Le projet prévoit en effet de laisser les directeurs des Caisse d'Allocations Familiales fixer le montant des pensions alimentaires en lieu et place des juges, ou encore d'expérimenter la mise en place d'un "tribunal criminel", qui permettrait de juger certains crimes en dehors des cours d'assises.
Le pouvoir des symboles
Leur mouvement s'appelle "justice morte" et, dans la lignée de l'intitulé, ils savent comment attirer l'attention. Leur grève est ponctuée de mises en scènes symboliques. Le 22 mars, au cours d'une satyre de procès, ils avaient accusé la ministre de mettre la justice en faillite, et ainsi symboliquement vendu aux enchère (pour 60 centimes) le palais de justice.
Hier, la mise en scène était encore plus dramatique. Dans la salle des pas perdus, on pouvait voir les avocats étalés sur le sol. Une robe noire, surmontée d'un panneau "Justice", sur lequel la lettre "i" formait un poignard maculé de sang, était étendue non loin, conclusion de cette fausse enquête.
Le prolongement de la grève a été voté hier en assemblée générale. Elle se poursuivra jusqu'au 30 mars.