Le compte #Balancetonbar Orléans publie depuis un peu plus d'une semaine les témoignages de clients d'établissements. Suivis par presque 5 000 abonnés, le Mc Ewan's, le Nova Club ou encore le Georges sont concernés.
"Plus gros blackout de ma vie alors que je n'avais presque pas bu" ; "Je me souviens des deux premières heures, d'être allée chercher ma conso gratuite puis trou noir". Le compte Instagram "Balance ton bar" Orléans n'a qu'une semaine et regroupe déjà plus de 20 témoignages. Des personnes droguées à leur insu au GHB, aussi surnommé drogue du violeur, jusqu'au cas d'agressions sexuelles : toutes dénoncent des faits se déroulant dans des bars ou boîtes de nuit.
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Le mouvement est né en Belgique sur les réseaux sociaux pour dénoncer les établissements où plusieurs personnes disent avoir été victimes d'ingestion de GHB. Certains associations féministes en appellent même au boycott des lieux concernés.
Un hashtag "très accusateur" selon l'UMIH45
Pour les professionnels du secteur, lutter contre cette pratique est extrêmement difficile. "Nos employés et nos établissements ne sont pas responsables. On réfléchit à des solutions, mais on ne peut pas être toujours derrière nos clients" déplore Thierry Deraime, représentant UMIH du Loiret.
Dans son établissement, le Moog, un guide de formation et de prévention est distribué à ses employés et des couvercles de verres seront bientôt proposés à ses clients.
Alors que se tient cette semaine le 69ème congrès de l'UMIH à Strasbourg, le GHB fait partie des problématiques abordées et des solutions sont recherchées. Mais d'après Thierry Deraime, le hashtag "très accusateur" peut nuire aux établissements visés par les témoignages.
Il est mal venu dans l'époque où on est parce qu'on a connu plusieurs mois de fermeture et le pass sanitaire a réduit notre activité.
Thierry Deraime, représentant UMIH du Loiret
Le rôle clé des associations
La problématique du GHB ne date pas d'hier. Il reste toutefois difficile pour le ministère de l'Intérieur de savoir si le nombre de personnes concernées a augmenté. En effet, la plupart des victimes ne portent pas plainte, souvent faute de preuve (le GHB est détectable jusqu'à 12 heures dans l'urine).
Les associations d'aide deviennent alors inévitablement leur premières interlocutrices. Parmi elles, En Avant Toutes, une association qui touche particulièrement les jeunes femmes via un chat ouvert 6 jours sur 7 de 10h à 21h. "Dès que la parole émerge sur certains sujets, que ce soit la violence dans les bars ou dans la famille, automatiquement y'a plus de témoignages" explique sa responsable programme et communication Louise Delavier.
Quand elles en parlent aux copains et copines, elles ne sont pas toujours crues ou prises au sérieux et elles ont besoin d'une écoute professionnelle. On les aide donc à déculpabiliser tout en leur expliquant qu'elles ont droit à une aide, un accompagnement
Louise Delavier, responsable programme et communication de l'association En Avant Toutes
Pour l'association, le couvercle de verre, c'est un peu prendre le problème à l'envers. "Le plus important ça serait de faire de la prévention et d'avoir un vrai mouvement de société pour éduquer les jeunes garçons et filles pour que le problème ne se produise pas". Chaque année, c'est plus de 3 000 appels qui sont reçus par En Avant Toutes.