La seconde édition du salon de l'habitat à CO'Met, la première organisée par Orléans Events, a énormément déçu ses exposants. En pleine crise immobilière, la date avancée, le manque de communication et les tarifs d'entrée sont notamment mis en cause.
14 000 m² de parc des expositions consacrés au salon de l'habitat et pas beaucoup de clients dans les allées... À l'unanimité ou presque, les exposants sont ressortis furieux des quatre jours d'exposition à CO'Met. Perte de temps, voire d'argent pour certains, les exposants dénoncent un manque de respect et un "mépris d'Orléans Events" à leurs égards.
"Le salon d'Orléans, c'est de pire en pire, il y a de moins en moins d'attractions, d'animations"
"C'est une catastrophe." L'expression a été utilisée et répétée par de nombreux exposants, qui relèvent plusieurs points. Tout d'abord, l'évènement a été avancé de deux semaines par rapport à la date habituelle qui est toujours fin septembre ou début octobre. Ensuite, il avait lieu en même temps que les journées du patrimoine. Enfin, le prix d'entrée à 7€ et la communication font grincer des dents.
Le tout dans le contexte d'un marché immobilier qui tourne au ralenti, marqué par l'augmentation forte et rapide des taux d'intérêt. Selon Meilleur Taux, en juillet 2023, "les banques ont émis 40% de crédits en moins par rapport à l'année précédente". "Le coût de l'entrée est exorbitant, il n'y a pas de com, d'animations, il n'y a rien", raconte Frédéric Fonteneau, commercialchez Technitoit.
Comparé à d'autres salons dans d'autres villes, ici, on l'impression que c'est mort.
Michaël Molinié
"Le salon d'Orléans, c'est de pire en pire, il y a de moins en moins d'attractions, d'animations", affirme Michael Molinié de l'entreprise "Une Histoire de toit". Des manques qu'il indique ressentir dans son activité avec une division par trois de son nombre de fiches clients par rapport à l'année précédente. Une faible activité qui ne garantit même pas à ce professionnel d'être rentable par rapport au coût de son stand "d'environ 4000€". "Pour l'amortir avec aussi peu de fiches, je pense que cette année, ça ne sera pas amorti", lance-t-il.
Michaël Molinié n'est d'ailleurs pas certain de continuer à participer à ce salon d'Orléans. "Si ça continue comme ça, je pense que l'on ne viendra plus [...]".
Stéphane Huiguinen, patron de Steph Jer à Ingré, participant au salon de l'habitat depuis 14 ans, fustige notamment l'attitude qu’adopterait Orléans Events, organisateur de l'évènement. Selon lui, "Tu payes et tu te tais, c'est toujours la communication que l'on a avec eux, ils ne répondent pas aux mails. » Il poursuit « On n'est pas des clients, on est de la merde",
Pour Stéphane Huiguinen, patron de Steph Jer à Ingré, participant au salon de l'habitat depuis 14 ans, fustige notamment l'attitude d'Orléans Events, organisateur de l'évènement. "Tu payes et tu te tais, c'est toujours la communication que l'on a avec eux, ils ne répondent pas aux mails. On n'est pas des clients, on est de la merde", explique-t-il.
On entendait les mouches voler
Stéphane Huiguinen, à propos de l'ambiance dans le parc des expositions durant le salon de l'habitat.
Le patron de l'entreprise d'aménagement intérieur et extérieur met aussi l'accent sur « le manque d'attractivité du salon ». Lors d'éditions précédentes, des invités étaient présents et attiraient plus de visiteurs, selon lui. "Par exemple Stéphane Plaza, il y avait deux heures d'attente parce que les visiteurs attendaient pour faire un selfie. Ça attirait du monde, ça a mis de l'ambiance", expliquait Stéphane Huiguinen.
Résultat, il a pris seulement trois rendez-vous en quatre jours alors que le salon de l'habitat est habituellement un moment fort pour son entreprise dans l'année.
Émilien Bry, de l'atelier les Branchés à Fleury-les-Aubrais, partage aussi les impressions de ses collègues. Son entreprise d'aménagement intérieur en bois n'a pas réalisé non plus un bon week-end de salon. "Notre situation n'est pas prise en compte. C'est vexant et un manque de respect", assurait-il hier.
Selon la dizaine d'exposants interrogés, les retours ne seraient pas écoutés et ne permettraient pas d'avancer, pour prendre une nouvelle direction. Hier, lors du dernier jour, en plein milieu d'après-midi, la plupart des exposants commençait déjà à plier bagage.
- Mise à jour de cet article ce 21 septembre. Orléans Events a répondu à nos sollicitations par un communiqué.
Orléans Events est en train de faire le bilan avec les exposants
De son côté, Orléans Events assure dans un communiqué que "le dispositif de communication était cette année encore très complet et comprenait de l'affichage, des spots radio et des publicités dans les magazines". Le salon de l'habitat a touché à sa fin et l'organisateur précise être en train "de faire un bilan avec l'ensemble des exposants qui veulent bien échanger au vu de la prochaine édition. Ce point qui est systématique pour nous à la fin de chaque manifestation organisée par nos équipes. Il permet d’être dans l’échange et de tenir compte des attentes de tous pour construire l’édition suivante".
L'organisation a aussi contacté certains exposants mécontents "pour comprendre dans le détail l'objet de leur insatisfaction et revenir sur d'éventuelles incompréhensions". Le prochain rendez-vous du parc des expositions de CO'Met sera le Salon de la Gastronomie du 24 au 27 novembre 2023.
- Mise à jour de cet article le 29 septembre 2023. Paul Séchaud, le directeur d'Orléans Events a accepté une demande d'interview.
"Le salon de l'habitat édition 2023, en matière de fréquentation, n'atteint pas les objectifs que nous avions imaginé. Par contre, on a des retours de satisfactions évidents d'exposants. On a aussi des visiteurs qui sont repartis satisfaits", assure Paul Séchaud. Le directeur d'Orléans Events explique ensuite les voies d'améliorations à explorer pour la prochaine édition de 2024. "Tout n'est pas parfait, on a ensemble, très probablement, des pistes de progression à prendre en compte par rapport au contexte [...] On doit ensemble (avec les exposants), s'interroger sur la construction de l'édition 2024".