Coronavirus : la police lance un appel aux dons et une cagnotte pour acheter masques et gels en Centre-Val de Loire

Des syndicats de police de la région Centre-Val de Loire ont lancé des appels aux dons et une cagnotte pour s'acheter du matériel de protection (masques, gels hydroalcooliques), et continuer à travailler sur le terrain. Deux policiers du commissariat d'Orléans ont été testés positifs au Covid-19.

La France vient de commander à la Chine 1 millard de masques, c'est ce qu'a déclaré le gouvernement ce weekend. Cette commande était très attendue des personnels soignants et médicaux, mais aussi par les forces de l'ordre qui visiblement ne l'espéraient plus.

Le syndicat Alternative Police CFDT a en effet lancé cette semaine une cagnotte en ligne, pour financer l'achat de matériel de protection.
 

CP_Alternative Police CFDT cagnotte_20200328


Même type d'opération du côté d'Alliance Police, qui a lancé officiellement ce vendredi 27 mars un appel aux dons pour récupérer des masques, du gel hydroalcoolique ou encore des gants.
 
 

"Les soignants choqués de nous voir sans masque"

Derrière ces gestes, les syndicats veulent rappeler que les policiers, gendarmes, pompiers, vigiles sont aussi sur le terrain, au contact des citoyens, notamment pour les contrôler et s'assurer qu'ils respectent bien le confinement.

"On contrôle des centaines de gens par jour", souligne Fabien Arvaron, secrétaire départemental d'Alliance Police dans le Loiret. "On n'est pas protégé, nous aussi on peut être contaminé" ou même propager le Covid-19.

"Quand on croise des infirmières, des médecins qui vont travailler à l'hôpital, ils nous disent que eux-mêmes sont choqués de nous voir sans masque, qu'on est la première barrière face à ce virus, que si nous on n'est pas protégé, eux n'arriveront pas à éradiquer ce virus".

Le syndicat demande d'ailleurs à ce que tous les personnels obligés de travailler pour la sécurité et la santé des concitoyens soient testés pour éviter la propagation. 

100 masques pour la police du Loiret

Il est difficile de savoir les stocks de masques dont auraient besoin les forces de police dans la région. Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur se félicite des dons de La Poste en plus des 800.000 masques déjà distribués. Mais d'après Fabien Arvaron, "l'administration en avait donné une centaine pour le département, ça représente même pas une demi-journée de travail pour mes collègues". Il fait surtout la différence entre la hiérarchie départementale et nationale : "localement, notre directeur a des dons, nous fournit des masques, mais au niveau de l'Etat, on n'est pas soutenu".

Le discours est à peu près similaire chez le syndicat Alternative Police CFDT. "Comme le ministère n'est pas en capacité de nous fournir les masques et les protections, on est obligé de faire appel à la solidarité de la population", martèle Bruno Berger, représentant du syndicat en Centre-Val de Loire et Haute Normandie.

"On a un peu de stock, nuance-t-il cependant. Mais si dans une semaine il n'y a pas de renflouement, on ne peut plus s'équiper."  Se posera alors la question du droit de retrait.

Demain, si les policiers et les gendarmes ne peuvent plus faire les contrôles du confinement, qui va le faire ?

"Nous veillons à les réapprovisionner"

Le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, a assuré le contraire lors d'une interview sur TF1 le 26 mars : "nous veillons bien sûr, avec le ministre de l’Intérieur, à ce que ces policiers et gendarmes disposent de ces masques. Nous veillons à les réapprovisionner évidemment, et nous réfléchissons par ailleurs, à des solutions innovantes de protection".

Il signale par ailleurs que le port des masques est limité : à "chaque fois qu’ils contrôlent des individus qui peuvent leur sembler symptomatiques […], nous leur demandons de revêtir le masque, mais uniquement à ce moment-là. C’est une doctrine qui s’appuie sur des considérations scientifiques".

Cependant, des ordres de la Place Beauvau dans la même semaine avaient obligé les policiers à reverser les masques FFP2 aux agences régionales de santé pour qu'ils soient donnés aux soignants. 
"Les personnels de santé sont largement aussi démunis que nous, regrette Bruno Berger. Maintenant pour la protection individuelle, c'est envoyer, que ce soit des policiers, des gendarmes, ou des pompiers, au casse-pipe".

Pour Laurent Nunez, il était normal de donner ces masques car ils sont "d’un type particulier, ce sont des masques FFP2, qui sont normalement destinés aux personnels soignants, qui interviennent auprès des malades les plus graves, et notamment en réanimation. La doctrine du gouvernement, c'est de réserver ces masques aux personnels soignants, c'est une priorité", a répété le secrétaire d’État.

300 premiers dons

Les deux syndicats de police reçoivent en tout cas des dons dans la région, comme le constate Bruno Berger. En Centre-Val de Loire, "on a récupéré 300 masques, avec des gels hydroalcooliques, des désinfectants pour voiture. J'ai eu aussi des appels vendredi de plusieurs sociétés, de particuliers", pour des dons en numéraire ou en nature. Il attend le début de semaine pour avoir des retours concrets et pouvoir récupérer le matériel le cas échéant "pendant le service, en patrouille".

Du côté d'Alliance Police, l'appel national a permis de récupérer 12.000 masques. Les personnes qui souhaitent faire des dons dans le Loiret peuvent se rendre au commissariat ou prendre contact avec le syndicat national qui donnera les coordonnées du référent local.

Les deux ont en tout cas la même idée si les dons dépassent leurs besoins : reverser le reste aux personnels de santé.
 
2 policiers d'Orléans testés positifs au Covid-19
Deux policiers du commissariat d'Orléans ont été dépistés positifs au Covid-19, avance Fabien Arvaron, secrétaire départemental d'Alliance Police dans le Loiret.

"Une quarantaine de collègues est en confinement", soit environ 10% des effectifs de la sécurité publique des secteurs d'Orléans et de Montargis.
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