Pas de voitures, ni de tram à partir de 17h45 dans le centre-ville d'Orléans, ces samedi 17 et dimanche 18 décembre, en raison des matchs de finale de la coupe du monde de football. Les commerçants regrettent une décision sans concertation.
Ce samedi soir, les portes du Ver di Vin, le restaurant de Sabine Brochard, resteront fermées : "J'ai vu 50% de mes tables s'annuler dans la matinée" raconte-t-elle, dépitée. Le couperet est tombé vendredi après-midi : le centre-ville d'Orléans est interdit aux voitures, et le tram stoppé à partir de 17h45 samedi 17 et dimanche 18 décembre. Décision de la préfecture. Depuis, chez les restaurateurs, le téléphone ne fait que sonner. Annulation sur annulation, pour des clients qui craignent de ne pas pouvoir se rendre à table.
Principe de précaution
En cause, les risques de débordements face aux deux matchs de finale de coupe du monde qui se jouent sur ces deux journées. Le Maroc contre la Croatie d'abord pour la "petite" finale. Puis France-Argentine pour le titre. Pour les restaurateurs et commerçants, c'est la douche froide. C'était le dernier week-end avant les fêtes, dans un mois de l'année qui est variablement "important" ou "énorme" selon les professions.
Si tout le monde s'accorde sur le fait qu'une décision devait être prise pour sécuriser la ville, le manque de concertation avec les professionnels semble mal passer : "J'ai fait mes courses sur le marché, je fais quoi ? Et puis mes salariés, je les mets en congé forcé ? " Dans l'esprit de Sabine Brochard, les questions s'enchaînent, sans réponse. Pour elle, ces deux jours sont les derniers avant un retour au calme, ses clients seront en famille pour Noël, et se préservent ensuite pour la soirée de la Saint-Sylvestre.
Incompréhension
"On est en colère" affirme sans détour Thierry Deraime, président de la branche Loirétaine de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH 45). "On ne fait que déplacer le souci, quoi qu'il arrive, les gens feront la fête" estime-t-il.
Pour lui, c'est un coup de massue de plus : "On souffre depuis le Covid, puis les factures d'énergie se sont mises à augmenter, les prix des matières premières aussi" rappelle le gérant de bar. Parmi les adhérents de l'UMIH 45, certains contractent déjà des emprunts pour réussir à payer leurs factures. Les restaurateurs ne seront pas les seuls à pâtir de la situation, puisque pendant cette période d'achats de cadeaux, les boutiques et autres commerces sont aussi ouverts tout le week-end et verront sûrement leur fin de journée amputée.
La ville entre deux eaux
À la mairie d'Orléans, aussi, cette décision garde un goût amer : "On se bat à longueur d'année pour que les gens viennent vers les centres-villes" regrette Luc Nantier, adjoint chargé des commerces. Pour lui, la problématique se concentre surtout sur l'horaire du match "avec une rencontre à 20h, la circulation aurait été fermée à 21h45, et les gens auraient déjà pris place dans les établissements".
S'il affirme que "l'aspect sécuritaire doit primer", il regrette d'être mis "devant le fait accompli du sacro-saint principe de précaution". L'adjoint sera présent ce samedi soir sur le dispositif de sécurité, espérant le voir prendre fin le plus tôt possible dans la soirée, et réduit pour la finale de dimanche.