Covid-19 : le vaccin Pfizer moins efficace contre le variant sud-africain selon l'étude clinique de l'hôpital d'Orléans

Le docteur Thierry Prazuck et son équipe ont publié le 26 mars dernier une étude cruciale dans la revue scientifique Nature Medicine. Elle révèle que les anticorps naturels et vaccinaux sont moins puissants face à la souche sud-africaine du coronavirus SARS-CoV-2.

C’est le résultat d’un long travail de recherche mené au sein du service des maladies infectieuses et tropicales du Centre Hospitalier Régional d’Orléans. Le docteur Thierry Prazuck et ses confrères les docteurs Aymeric Sève et Laurent Hocqueloux viennent de signer un article édifiant publié dans la prestigieuse revue scientifique Nature Medicine.

Cette étude clinique établie en coopération avec le professeur Olivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur, a permis de mesurer le niveau d’immunité des patients ayant contracté le Covid-19 et/ou ayant reçu le vaccin conçu par l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech. 

« L’objet de cette publication au départ était de suivre une cohorte de personnes ayant fait le Covid au mois de mars, avril ou mai 2020 et de répondre à la question : combien de temps les anticorps persistent ? A cela s’est ajouté l’apparition des variants anglais et sud-africain que nous avons aussi étudié. Par ailleurs, les membres de l’équipe de recherche vaccinés ont aussi été prélevés pour analyser l’efficacité du vaccin Pfizer », explique Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHR d'Orléans.

Une souche sud-africaine qui pose problème

Les résultats de l’étude mettent ainsi en évidence une certaine résistance du variant sud-africain. Neuf mois après avoir fait une infection au Covid-19, les patients présentent bel et bien une immunité naturelle contre la souche initiale du virus et contre le variant anglais. En revanche, 40% des personnes ayant contracté le variant sud-africain perdent leur immunité durant ce même laps de temps.

L’analyse des prélèvements des personnes vaccinées par Pfizer révèle également la ténacité du variant sud-africain. Après l’injection de la deuxième dose, les chercheurs ont observé un niveau d’anticorps suffisant pour neutraliser le virus classique et le variant anglais, alors que ce niveau est 14 fois inférieur pour ce qui est du Sud-Africain.

« Le Sud-Africain pose problème. Est-ce que nous allons garder les anticorps suffisamment  longtemps avec les deux doses de Pfizer face à ce variant ? On pourra répondre à cette question au cours des mois qui viennent, bien que pour l’instant il n’y a pas à s’inquiéter, les gens  qui ont eu les deux doses de Pfizer sont bien protégés contre les trois variants ».

Et au niveau national, le variant sud-africain reste très minoritaire dans les contaminations au Covid-19. Il totalise seulement 6% des cas de patients ayant contracté le virus. Reste encore à étudier le variant brésilien ainsi que les autres vaccins comme l’AstraZeneca pour lesquels les analyses sont actuellement en cours.

Des vaccins qui vont devoir s'améliorer 

Ces études représentent un enjeu majeur dans la lutte contre la pandémie puisqu’elles vont permettre au gouvernement d’adapter sa stratégie vaccinale et pourquoi pas d’économiser des doses de vaccins. Selon l’article publié dans la revue Nature Medicine, une seule dose de vaccin pourrait en effet suffire pour les personnes ayant déjà eu le Covid-19. Ces patients possèderaient déjà un taux d’anticorps extrêmement élevé, même s’il va encore falloir mesurer leur durée dans le temps et prendre en compte l’impact des variants.

D’ici plusieurs mois et face à un virus qui ne cesse d’évoluer, la recherche médicale devrait également avoir le recul nécessaire pour répondre à la question de la durabilité des anticorps vaccinaux, bien que tous les scientifiques espèrent qu’il n’y ait pas besoin de procéder à un troisième rappel de vaccin.

« Nous observons que deux mois après la deuxième dose du vaccin, le taux d’anticorps baisse mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il sera insuffisant. On ne peut pas dire si ce sera un plateau ou s’il va baisser en dessous du seuil de protection ».

D’où l’importance capitale de mener ces études à bien afin d’éviter que l’épidémie revienne sans cesse. Les laboratoires étudient déjà toutes ces questions et des vaccins adaptés aux variants sont en cours d’élaboration. Une troisième dose ou encore des vaccins de deuxième génération qui pourraient être livrés dès l’année prochaine

 

Sensitivity of infectious SARS-CoV-2 B.1.1.7 and B.1.351 variants to neutralizing antibodies publié par france3centre

 

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