Une nouvelle exposition du Musée des Beaux-Arts d'Orléans livre les secrets du "Saint Thomas", oeuvre du peintre Diego Vélasquez. Le visiteur pourra découvrir les travaux de recherche des historiens et comparer cette création à celles d'artistes de la même époque. À ne pas louper !
Le "Saint Thomas" livrera-t-il un jour tous ses secrets ? Acquis dans la première moitié du XIXe siècle par le Musée des Beaux-Arts d'Orléans, cette oeuvre majeure a longtemps été attribuée à Bartolomé Esteban Murillo, peintre espagnol très en vogue en France à cette époque.
Mais en 1920, tout bascule : l’historien de l’art italien Roberto Longhi décrète que le tableau a été réalisé par Diego Vélasquez. La peinture devient alors une pièce rare et convoitée par les musées, car peu de créations de l'artiste sont visibles dans l'Hexagone. Aujourd'hui, "Saint Thomas" est d'ailleurs l'un des deux seuls tableaux du maître espagnol inscrits aux collections publiques de France.
Un objet d'étude unique
Dans sa nouvelle exposition "Dans la poussière de Séville… sur les traces du Saint Thomas de Velázquez", visible jusqu'au 14 novembre 2021, le Musée des Beaux-Arts d'Orléans revient sur l'histoire et les travaux de recherche des historiens autour de l'oeuvre. Le tableau a en effet fait l'objet d'un travail d'étude et de restauration très poussé, lancé en 2018.
"On plonge dans la matière, avec des photographies en gigapixels et les radiographies, les infrarouges, tous ces outils scientifiques qui sont reproduits dans l'exposition", explique Corentin Dury, commissaire de l'exposition.
C'est vraiment tout cela qu'on a voulu montrer au public, c'est-à-dire ne pas montrer nos conclusions, mais comment on a étudié l'histoire du tableau, d'où il vient, comment il arrive au musée.
Immersion dans l'art du XIXe siècle
En parallèle, le visiteur peut découvrir les oeuvres de contemporains de Vélasquez. Certaines peintures de Luis Tristán, Francisco Pacheco ou encore Jusepe de Ribera n'avaient d'ailleurs encore jamais été mises en dialogue avec celles de l'artiste sévillan.
Une prouesse rendue possible grâce à "des prêts exceptionnels" de plusieurs musées européens, poursuit Corentin Dury.
Par ailleurs, deux autres oeuvres de Diego Vélasquez sont venues prendre naturellement place à côté de "Saint Thomas". Il s'agit de "Saint Paul" et d'un fragment de "Étude d’âpôtre", respectivement prêtés par le Museu Nacional d’Art de Catalunyamusées de Barcelone et le Museo de Bellas artes de Séville. Les trois toiles font partie d'une même série ("apostolado") peinte par l'artiste.
Reste une inconnue qui titille la curiosité des amateurs d'art en fin de visite. Pour la première fois, un "Saint Philippe", non signé et récemment rénové, est exposé à Orléans. En 1960, Roberto Longhi estimait qu'il pourrait être l'oeuvre de Vélasquez. Le débat n'a toutefois pas encore été tranché... Libre au visiteur donc de se faire sa propre opinion !