Annette Bessmann, née Muller, est morte à 88 ans le 9 août dernier, au Blanc-Mesnil, où ses obsèques ont eu lieu ce mercredi 18 août. Le 16 juillet 1942, Annette avait été arrêtée à Paris lors de la rafle du Vel' d'Hiv', puis internée à Beaune-la-Rolande. Son témoignage était précieux.
À Orléans, Le CERCIL, Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, est un centre d’Histoire et de mémoire, dont l'exposition retrace l’histoire des camps d’internement dans le Loiret pendant la Seconde Guerre mondiale : Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau. Un Mémorial est dédié aux milliers d’enfants qui y furent détenus.
Une exposition temporaire est actuellement dédiée aux 30 ans du Mémorial. Et une partie de cette exposition est consacrée à Annette Muller, décédée à l'âge de 88 ans le 9 août dernier. Les liens entre la petite rescapée du Vel d'Hiv et le CERCIL étaient très forts :
"Annette Muller était l'une des rares enfants ayant survécu au Vel d'Hiv, explique Annaïg Lefeuvre, responsable du Cercil. Elle avait publié son témoignage en 1991 et le lien avec le CERCIL s'est fait un peu plus tard. En 2009, le CERCIL a publié Annette Muller, la petite fille du Vel d'Hiv, avec, cette fois le récit intégral de son histoire, par elle-même, mais aussi une préface de Serge Klarsfeld et des contributions d'historiens du CERCIL. Annette avait confié à notre institution toutes les archives de la famille Muller."
La blessure de toute une vie
Annette Muller est née à Paris le 15 mars 1933, dans une famille juive d'origine polonaise. Elle est arrétée lors de la rafle du Vel d'Hiv le 16 juillet 1942, avec sa mère, Rachel, et son petit frère âgé de 7ans.
" Ses deux autres frères ont pu s'échapper, grâce au père, Manek, qui avait réussi à se cacher, raconte Annaïg Lefeuvre. Il avait eu connaissance de la rafle, sans savoir que l'on s'en prendrait aussi aux femmes et aux enfants. Annette, sa maman et son frère sont restés plusieurs jours au Vélodrome d'Hiver, avant d'être transférés et internés au camp de Beaune-la-Rolande. Rachel est déportée à Auschwitz le 7 août 42 et mourra assassinée deux jours plus tard, le 9 août."
À la même date, donc, que sa fille, 79 ans plus tard. Une coïncidence à laquelle la responsable du CERCIL ne peut s'empêcher de penser aujourd'hui :
Serge Klarsfeld disait qu'elle était la mémorialiste de sa famille. Elle a dédié son premier livre de 1991 à sa mère, Rachel, qui n'est pas revenue de la déportation. Ce fut une blessure pour toute sa vie. Elle disait d'ailleurs : après je n'ai plus jamais été une enfant, je faisais semblant
Les quatre enfants de Manek ont survécu et Annette est devenue la mémorialiste de la famille. Le récit d’Annette, la fille de Manek et de Rachel est d’une intensité émouvante, tant l’amour pour sa mère dominait sa vie d’enfant ; une mère gaie, belle, intelligente, travailleuse, coquette et sociable. Le jour de la rafle, la mère supplie : Ne prenez pas les enfants