Située au sein de l'ancien hôpital Porte-Madeleine, la MSP accueillera dès son ouverture 18 professionnels de santé, dont trois médecins généralistes. Trois autres maisons ont ouvert leurs portes depuis cinq ans. Avec quels résultats ?
Feu l'hôpital Porte-Madeleine va retrouver une activité médicale. En juin 2019, une partie des anciennes urgences de l'hôpital, qui a définitivement fermé en 2015, sera réaménagée en une maison de santé pluridisciplinaire (MSP), en plein centre-ville. Il s'agira de la quatrième ouverte par la ville d'Orléans depuis 2015, après celles de l'Argonne, de la Source et de Saint-Marceau.
"Notre objectif, c'est d'en avoir une dans les six grands quartiers d'Orléans, explique le maire Olivier Carré. Il en manque donc une au nord vers Blossière, et une sur Dunois à l'ouest."
Une maison de santé pluridisciplinaire, c'est une structure dédiée à l'accueil et à la mise en réseau de médecins, de spécialistes et de paramédicaux au sein d'un même bâtiment. Le but : rendre le territoire attractif pour de nouveaux professionnels de santé, optimiser l'accueil et le traitement des patients, et par extension de lutter contre la désertification médicale.
Un manque de 100 généralistes sur la métropole orléannaise
La métropole d'Orléans estime ainsi à 100 le nombre de généralistes manquants sur son territoire. Selon Olivier Carré, les MSP sont un début de solution : "Si on a 20 médecins de plus, mais qu'on améliore le nombre de patients qu'ils peuvent suivre, on améliore considérablement la situation."
En effet, au-delà de la simple augmentation du nombre de médecins, la MSP est créée dans un objectif de "travail collaboratif" selon le maire. "Les paramédicaux peuvent pratiquer des actes médicaux, et on peut rationnaliser les tâches administratives avec un secrétariat, pour soulager les médecins et augmenter le nombre de patients suivis."
Problème : "Dans une maison de santé, il faut des médecins". C'est le constat de Michel Ricoud, élu communiste à la mairie d'Orléans et habitant du quartier de la Source. Là-bas, la MSP ouverte en 2016 ne compte plus que deux généralistes, après les départs successifs de plusieurs médecins.
Vers une reprise de la maison de la Source
Charges trop élevées, raisons personnelles des participants au projet, découragement... les raisons de cet échec semblent variées. "On était d'abord très satisfaits des fonds publics alloués, précise Michel Ricoud. Mais même les deux médecins encore sur place devraient être partis en septembre."
Un portrait peu reluisant, qui constitue plus une exception qu'un échec pour le maire d'Orléans :
Olivier Carré se veut d'ailleurs rassurant. Des négociations sont en cours pour une reprise du site par l'association parisienne Cosem, qui gère des centres médicaux et y salarie des médecins.On a de nombreuses MSP sur la métropoles qui fonctionnent. A l'Argonne, ça fonctionne tellement bien qu'on va financer une extension. A Saint-Marceau, on avait deux médecins en plus six mois après l'ouverture. Peut-être qu'à la Source, on a laissé faire jusqu'à ce qu'on réalise que ça ne marchait pas. On sera plus actifs désormais. Je ne suis plus inquiet sur la pratique de la médecine de ville à la Source.
Trois généralistes à l'ouverture, trois places encore à prendre
Reste à la maison de Porte-Madeleine de tirer les leçons de la Source. La nouvelle MSP devrait ouvrir d'ici au mois de juin. Une vingtaine de cabinets sera mis à disposition de professionnels de la santé, pour un budget total de 3,4 millions d'euros financés en majorité par la ville d'Orléans, avec 450 000 euros d'aides de la région.
Pour le moment, trois généralistes sont engagés dans le projet, avec un objectif final de six médecins de ville. "Il faut prouver que ça marche d'abord, pour que de nouveaux arrivent", précise Olivier Carré. Le casting est complété par deux pédiatres, trois infirmiers, un psychiatres, six spécialistes de santé et quatre personnels de coordination et de secrétariat.
Mais ces initiatives seront-elles suffisantes pour régler le manque chronique de médecins sur la métropole, alors que le nombre d'arrivée de jeunes médecins ne parvient pas à compenser les départs à la retraite ?
Vers une formation des étudiants de Tours à Orléans
Pour la ville, il s'agit de rendre le territoire attractif, mais aussi d'aider à la formation de médecins sur le territoire, comme le détaille Olivier Carré :
Avec 245 médecins pour 100 000 habitants, le Loiret se situe bien en-dessous de la moyenne nationale, qui s'élève à 330. En Centre-Val de Loire, seule l'Indre-et-Loire fait mieux que la moyenne française, avec 367 (soit la 14e meilleure moyenne de France).On a poussé la fac de médecine de Tours à rentrer dans une logique de formation initiale à Orléans. Et à former plus de bac +6, qui choisiront de continuer d'étudier dans le Centre-Val de Loire. Nous pouvons aider la fac de Tours en mettant à disposition des moyens, dont l'hôpital d'Orléans, qui est moderne et a des compétences reconnues et attractives.
Le reste de la région souffre encore plus que le Loiret : les moyennes sont de 244 dans le Loire-et-Cher, 223 dans le Cher, 219 dans l'Eure-et-Loir et 210 dans l'Indre. La question est donc encore loin d'être réglée.
