Comme beaucoup d'étudiants partis à l'étranger dans le cadre de leurs études, Camille et Manon sont restées dans leur ville d'accueil pendant l'épidémie du Covid-19. Originaires de la région Centre-Val de Loire, ces étudiantes nous racontent leur confinement depuis Madrid.
Parmi les 100 000 étudiants partis à l'étranger pour l'année universitaire, beaucoup sont restés bloqués dans leur pays d'accueil durant le confinement. C'est le cas de Camille, étudiante à l'Université d'Orléans et originaire de Meung-sur-Loire. Depuis septembre 2019, cette étudiante a posé ses valises en plein centre de Madrid pour y suivre des cours à l'Université Complutense durant une année scolaire.
A 20 ans seulement, Camille s'est retouvée confinée pendant plus de deux mois dans un pays étranger et loin de ses proches. Une situation que la jeune femme a accepté sans vraiment en connaitre les conditions.
Elle aussi confinée dans la capitale du pays, Manon, jeune tourangelle au pair dans une famille espagnole, est restée à Madrid par choix. Arrivée en février dernier pour parfaire ses compétences linguistiques, l'étudiante ne comptait rester sur place que jusqu'à fin mai. Malheureusement après un mois sur place, Manon a été contrainte de se confiner avec sa famille d'accueil : "Le confinement est vraiment mal tombé. Je n’étais venue ici que pour quelques mois, et j’avais prévu de ne travailler qu’une semaine sur deux pour visiter l’Espagne."Je suis restée à Madrid pour le confinement parce qu'il était plus facile pour moi de me concentrer sur mes cours ici, mais surtout parce que je n'aurais pas pensé que le confinement serait si long. Camille, étudiante en lettres à Orléans
La période de visite ayant tourné court, Manon a décidé de rester sur place durant la crise sanitaire pour pouvoir améliorer son niveau d'espagnol dans la famille qui l'a accueillie.
Rester positive
Confinée loin de leurs proches, les jeunes femmes ont pu compter sur leur téléphone pour prendre des nouvelles du pays.
J’ai bien vécu ce confinement. De nos jours, c’est plus simple de rester enfermé qu’il y a cinquante ans, parce qu’on peut continuer à joindre nos proche, positive Manon.
Une vie virtuelle qui ne remplace pas la chaleur humaine, mais qui a par exemple permis à de nombreux étudiants de suivre leurs cours à distance, alors que l’Université de Complutense a fermé ses portes à la mi-mars, et ne rouvrira pas avant la rentrée prochaine.
De son côté, Camille a été confinée avec son petit ami et a continué à suivre ses cours avec le même emploi du temps qu'en présentiel, ce qui lui a permis de ne pas s’ennuyer. La jeune femme commence tout de même à trouver le temps long : "jusqu'ici, tout s'est bien passé pour moi. C’est maintenant que la situation commence à être pesante. Le confinement a duré longtemps, on avait prévu des vacances qui ne se feront peut-être pas… Mais c’est le cas pour tout le monde alors on patiente."
Un confinement d’autant plus rassurant en Espagne que les jeunes femmes sont unanimes : les mesures ont très prises au sérieux dans leur pays d’accueil.
J’étais contente d’être en Espagne à ce moment-là. J’ai l’impression que le confinement était beaucoup plus respecté ici qu’en France, et que les Espagnols avaient beaucoup plus conscience de la situation. Je pense que cela est surtout dû aux mesures, qui ont été plus strictes dès le début, Manon, jeune fille au pair confinée à Madrid
Confinement à l'espagnole : plus stricte qu'en France
Pour autant, la situation a été difficile à appréhender, surtout parce que les mesures ont été drastiques. En Espagne, le confinement a été annoncé le 13 mars dernier, après une hausse de plus de 2000 cas de contamination supplémentaires en une journée seulement.Niveau règles d'hygiène, les consignes n'étaient pas les mêmes qu'en France.
Des mesures exceptionnelles qui disparaissent petit-à-petit. Depuis le 18 mai, le pays a commencé à se déconfiner "par phase" et par région. Madrid étant la zone du pays la plus contaminée, elle est restée confinée quelques jours alors que le reste du pays commençait déjà à retrouver ses libertés.Les règles ont été plus strictes en Espagne : nous avions des horaires imposés pour sortir faire les courses, nous avons dû porter des gants dans les supermarchés dès le début de la crise sanitaire, et le port du masque est devenu obligatoire plus tôt qu'en France. J'ai eu l'impression que les mesures étaient plus sérieuses ici. Manon, jeune fille au pair à Madrid
Le 25 mai, la capitale est enfin passé en « phase 1 », ce qui permet aux deux étudiantes de pouvoir à nouveau se balader à n’importe quelle heure, ou encore de pouvoir reprendre le sport en extérieur.
Un changement de statut qui ne modifie pas complètement le quotidien des expatriées. Convaincue que la crise sanitaire n'est pas terminée, Camille a décidé de ne pas se s'octroyer de sorties superflues, quitte à faire attendre un peu sa vie sociale.
Après 71 jours de confinement, Manon est quant à elle soulagée de retrouver peu à peu des libertés : "Au bout d’un moment, le confinement a commencé à être un peu long, surtout avec trois enfants à la maison. Le plus difficile dans tout ça, c’est qu’ils ne comprenaient pas pourquoi ils n’avaient plus le droit d’aller à l’école ou au parc." Depuis qu’elle est arrivée à Madrid, la jeune femme s’occupe de trois enfants de 2, 4 et 10 ans. Pour elle, le challenge était davantage d’occuper les enfants que de passer le confinement loin de ses proches.
Du côté de Camille, le confinement n’aura pas entaché son amour pour Madrid, puisque la jeune femme a décidé de rester y vivre afin d’y suivre un master.