Face à la flambée des matières premières, le secteur du bâtiment voit rouge dans le Loiret

La crise sanitaire et économique pourrait bien menacer le secteur du bâtiment. Après de fortes fluctuations de prix depuis 2020, les prix des matières premières sont reparties largement à la hausse au printemps.

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"Depuis mars c'est une catastrophe". Au bout du fil, Arnaud* ne cache pas son inquiétude. En tant que fournisseur de matériaux de construction, il a vu le marché des matières premières, déjà en tension, flamber de façon spectaculaire ce printemps. "En quatre mois le prix de certains matériaux a doublé, pour d'autres les délais de livraison sont passés d'une semaine à six mois", poursuit-il. Les plus touchés semblent être le bois, les ferrailles, mais aussi certains matériaux plastiques comme le PVC.

Selon Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, ces augmentations sont "insupportables" : "+4,0 % pour l’aluminium, +6,5 % pour le triptyque plomb-zinc-étain, +10,3 % pour le cuivre, +30 % sur les produits polyuréthane, jusqu’à 30 ou 40 % sur certains produits acier. D’autres matériaux suivent cette tendance et connaissent même des ruptures d’approvisionnement : le bois de structure et les plastiques."

En cause : le covid-19 et un contexte international tendu

"Ça a pris une claque, quelque chose de bien", lâche quant à lui Luis Da Silva. Au coeur du Loiret, il gère l'entreprise LDS Rénov' à Chécy. Le prix des "ferrailles", explique-t-il, est devenu particulièrement volatil. "Ça concerne les rails de placo, qui ont pris 30%, les treillis soudés, les semelles de fondation..." énumère l'artisan, sans compter d'autres matériaux, comme les parpaings ou le bois. Face à cette tension, il doit faire un choix : soit augmenter la facture du client, comme c'est le cas de l'un de ses chantiers en cours, passé de 8200 euros à près de 11 000, soit abandonner sa marge et travailler "à perte".

Mais comment expliquer cette brusque flambée ? "Il y a un effet de ciseaux" explique Sébastien Perrin, secrétaire général de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP). D'un côté, certains pays qui ont surmonté la crise du covid-19 voient leur activité repartir, y compris les chantiers. De l'autre, les producteurs de matériaux peinent à satisfaire la demande et "fournissent en priorité ces marchés, qui se trouvent notamment en Asie". Résultat : il n'y a plus assez de matière pour tout le monde, et les plus importants payeurs passent devant les autres. "C'est la loi de l'offre et de la demande", résume Sébastien Perrin. "Pour l'instant il n'y a pas de rupture sur les travaux publics, en tout cas dans la région, mais il y a un risque important que cela arrive dans les prochaines semaines ou les prochains mois."

Qui règlera la facture ?

"C'est un peu plus compliqué que cela", insiste de son côté Arnaud* lorsqu'on lui pose la même question. La Chine, qui a quasiment éradiqué l'épidémie et voit son économie repartir, a certes quasiment "réquisitionné toutes les ferrailles et les plastiques". Mais de l'autre côté de l'Atlantique, les États-Unis en plein conflit douanier avec leur voisin canadien siphonnent le marché européen du bois de structure : "Les Américains achètent le bois 30% plus cher que leurs concurrents européen." Au milieu de toutes ces tensions, les ruptures d'approvisionnement sont déjà bel et bien là sur ces matériaux, avec des fournisseurs obligés de mettre leurs usines à l'arrêt. "Certains de nos clients sont obligés de tricher, ils décident de prendre un produit moins cher, avec moins de matière, en remplacement", confie Arnaud. Les producteurs de matières premières, de leur côté, se concentrent sur des produits à fort taux de marge pour essayer de compenser leurs pertes. "Nous, on serre les fesses, parce qu'on va arriver à un moment où ça va coincer."

En bout de chaîne, ce sont les entreprises de travaux publics et les artisans, ainsi que leurs propres clients, qui vont devoir régler la facture en train de s'accumuler. "On craint d'ici l'été d'avoir des problèmes d'approvisionnement sur d'autres matières, comme les bitumes", avance Sébastien Perrin, ce qui risque de se répercuter sur les chantier routiers. En plein tournant de la rénovation énergétique, le coût des grands chantiers de travaux publics à plusieurs centaines de milliers d'euros va également exploser, au détriment des entreprises qui vont devoir réduire leur marge. Ce 8 avril, Bercy a affirmé que certaines pistes, comme l'assouplissement des règles des marchés publics, seraient "étudiées très attentivement".

* Les prénoms marqués d'un astérisque ont été modifiés

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