Le maire d'Orléans a répondu aux questions de France 3 sur la présence d'Edouard Philippe lors des fêtes de Jeanne d'Arc.
"Quand on est au sommet de l’Etat comme Edouard Philippe, on porte aussi les valeurs de l’histoire" C'est très clair : Olivier Carré veut s'éloigner des soupçons de manœuvres politiciennes.Hier, lors de la traditionnelle cérémonie de remise de l'épée de Jeanne d'Arc, le maire - anciennement LR - d'Orléans, a annoncé que le Premier Ministre serait l'invité de ces 589ème Fêtes Johanniques. Olivier Carré a répondu aux questions de France 3 quant à ce choix déjà très commenté.
Emmanuel Macron était bien le premier à avoir reçu l'invitation, par la force de la tradition. "C’est la règle, qui veut que le président, la première année de son mandant, soit invité par le maire d’Orléans à présider les fêtes de Jeanne d’Arc, explique Olivier Carré. De mémoire, le dernier à avoir été présent, c’est Jacques Chirac, lors de son premier mandat."
Ses successeurs, jusqu'à François Hollande, avaient poliment séché l'événement pour des incompatibilités d'agenda. Mais Emmanuel Macron s'était déjà rendu aux fêtes Johanniques, en 2016. Il était alors ministre de l'économie et des finances du gouvernement de François Hollande. Ce choix d'Olivier Carré avait à l'époque beaucoup divisé.
"Lorsque j’ai invité Emmanuel Macron, c’était la primaire de la droite, j’avais un candidat : j’ai invité un ministre qui me paraissait représenter la jeunesse, et une certaine audace dans sa façon de voir l’avenir", se justifie de nouveau le maire.
"[Emmanuel Macron] a décliné pour 2018, en me précisant que c’était tout à fait fortuit et qu’il comptait bien être là les prochaines années."
Olivier Carré navigue depuis quelques temps déjà sous l'étiquette parfois accusatrice de "Macron-compatible". En juin 2017, le maire d'Orléans, ancien partisan de Bruno Le Maire, avait quitté le parti Les Républicains mais n'avait pas rejoint la République en Marche comme certains s'y attendaient.
Sur Europe 1, on avance même que le parti d'Emmanuel Macron lui laisserait le champ libre pour les municipales de 2020, une information qu'Olivier Carré dément. La présence d'Edouard Philippe serait-elle un signe de plus ?
Si Olivier Carré rappelle que le Premier Ministre n'appartient, comme lui, à aucun parti, il reconnaît qu'il est, "en revanche, le chef d’une majorité, celle qui lui donne sa voix à l’Assemblée Nationale. On est dans un environnement où c’est le gouvernement, et non le chef de l’Etat qui est invité."
Il admet aussi se "reconnaître" dans la sensibilité affichée par Edouard Philippe. Les deux hommes se sont côtoyés à l'Assemblée Nationale, puis en tant que maires : ils sont bons amis, Olivier Carré le reconnaît sans problèmes. Pour autant, il veut s'éloigner de l'éternel débat de la "politique politicienne".
"J’ai la faiblesse de croire que le chef du gouvernement représente lui-même sa part de République. [Edouard Philippe] est surtout le chef du gouvernement de la France, et pendant les fêtes de Jeanne d’Arc, on parle de la France, des valeurs qui nous unissent, et je crois qu'Edouard Philippe est attaché à ces messages."
"[Edouard Philippe] a été touché par ce qui est arrivé à Mathilde, la Jeanne d’Arc 2018, et je pense que dans ce contexte, il a eu aussi à cœur de montrer son soutien" atteste Olivier Carré.
En février 2018, Mathilde Edey Gamassou avait été choisie par un jury composé entre autres de ses prédécesseures pour incarner Jeanne d'Arc lors de ces fêtes 2018.
Toutes les anciennes Jeanne venues en soutien ! #NouvelleJeannedArc pic.twitter.com/resvt4kBeA
— France 3 Centre-VdL (@F3Centre) 19 février 2018
Très vite, le métissage de Mathilde Edey Gamassou, dont les parents ont des origines polonaises et béninoises, lui avait valu d'être la cible de commentaires racistes sur les réseaux sociaux. Une enquête avait été ouverte par le procureur de la République d'Orléans.
Si Olivier Carré n'a pas pris connaissance du discours qui va être prononcé par Edouard Philippe, sa conviction personnelle est faite.
"Je suis convaincu qu’il affirmera l’universalité des valeurs de Jeanne. C’est ce qui a présidé au choix de Mathilde, non pas ses origines, mais le fait qu’elle incarne parfaitement ces valeurs, qui sont universelles. Elles n’appartiennent pas à un camp, et même elles vont au-delà de l’histoire de France, elles sont ce qui réveille parfois un peuple quand il sent que les élites ont failli et qu’un système ne marche plus."