Suite à la grève des facteurs du centre de tri d'Ingré, près d'Orléans, la direction et les syndicats ont signé un premier accord pour la fin du conflit. Entretemps, certains cadres supérieurs du groupe, dont le directeur opérationnel, ont dû s'occuper d'une partie de la distribution.
Au lendemain de leur mobilisation, les employés du centre de distribution de la Poste d'Ingré, près d'Orléans, ont déploré ce 6 avril le "peu d'avancées" dans les négociations avec la direction. En sous-effectif depuis de nombreux mois, les postiers ont laissé exploser leur frustration à cinq jours de l'élection présidentielle, à cause de la surcharge de travail occasionnée par la distribution des documents électoraux. Au point que l'arrivée des professions de foi des candidats dans les boîtes aux lettres de plusieurs communes de l'ouest orléanais a failli ne plus être assurée. Finalement, elle a été en grande partie prise en charge non par les facteurs, mais par des cadres supérieurs du groupe, comme le confirme la Poste.
Des cadres supérieurs en guise de "renfort interne"
En début d'après-midi, des grévistes témoignent en effet de l'arrivée de "vingt à trente voitures" au centre de tri pour prendre en charge la distribution des professions de foi. Si la direction n'évoque que "la mise en place de renforts internes", les syndicalistes affirment avoir reconnu plusieurs "cadres supérieurs", parmi lesquels des directeurs et directrices d'établissements (aussi appelés "site courriers") dont Blois, Orléans et Sorigny, l'ancien directeur du centre de tri d'Ingré ou encore le directeur opérationnel du groupe en personne, Éric Laignez. "Ils sont venus à deux par voiture pour faire le travail d'un seul facteur !", ironise David Sempé, de Sud-PTT.
De son côté, le groupe la Poste tient à préciser que ce genre de dispositif n'a rien d'exceptionnel. "Ça se fait très régulièrement en période de pic de colis, notamment en fin d'année" précise le groupe. "Tout membre du personnel peut faire partie de ces renforts, ça peut être des personnes venant d'autres sites, du personnel administratif, cela n'a rien de surprenant."
Coup de colère avant le premier tour
"Largement majoritaire" à Ingré selon Sud-PTT, la grève n'a mobilisé selon la direction que "16% des effectifs" du centre de tri. Après l'entrée en grève de sept employés supplémentaires à Fleury-les-Aubrais ce 6 avril, un engagement vers une sortie de crise a été signé à la mi-journée, pour une reprise d'activité dès jeudi 7 avril et la mis en place d'effectifs supplémentaires.
Cette grève rejoint un mouvement de ras-le-bol à l'échelle national, qui a occasionné un appel national à la grève, suivi dans d'autres départements, comme le Calvados, le Morbihan, le Pas-de-Calais ou encore les Pyrénées-Orientales depuis ce lundi 4 avril.
Un an après le fiasco du distributeur privé Adrexo lors des élections départementales et régionales de 2021, la distribution des documents électoraux est revenue, cette année, à la Poste. Un marché de 83 millions d'euros, qui ne profite ni aux salaires, ni aux conditions de travail, s'insurgent les syndicats. De son côté, le groupe défend la nécessité de "faire évoluer son schéma industriel" et "d'optimiser ses coûts" dans un contexte de baisse des volumes du courrier et d'augmentation du volume des colis. En 2021, la Poste avait réalisé un bénéfice net de 2,1 milliards d'euros.